Les jeunes chômeurs ont décidé de recourir à des actions plus musclées au cas où des recrutements par piston sont effectués dans les entreprises étatiques importantes. Hier encore, la RN 12 a été fermée à la circulation par de jeunes chômeurs en colère habitant dans le village Issaikhen Oumeddour, sept kilomètres à l'est de la ville de Tizi Ouzou. Ce n'est que vers 13 heures que l'action de protestation qui a paralysé une grande partie de la wilaya de Tizi Ouzou a été levée après des tractations téléphoniques entre des responsables du cabinet du wali et les représentants des jeunes protestataires. Un consensus a été trouvé entre les deux parties. Le premier point, selon des jeunes ayant participé à cette action de rue, la deuxième en moins d'une semaine, est l'engagement des autorités ne pas à s'en laver les mains au cas où des informations feraient état d'un recrutement par la voie très en vogue dans notre pays, à savoir: le piston et les passe-droits. «Pour l'instant, il n'y a pas de postes de travail disponibles dans les entreprises où nous avons émis le voeu de travailler à l'instar de Sonatrach et de l'Eniem, nous a-t-on dit, au siège de la wilaya. Les responsables nous ont dit, en revanche, qu'au cas où nous aurions vent que des recrutements se font par voie illégale, nous sommes libres de réagir à notre guise», nous a déclaré un jeune chômeur du village Issiakhen Oumeddour, ayant pris part à l'action d'hier et à celle d'il y a quatre jours. Concernant les cas de chômeurs qui sont vraiment dans une situation critique et un besoin impérieux de travailler, les responsables au niveau de la wilaya ont proposé des postes de travail dans des chantiers à Draâ Ben Khedda et au niveau du projet du nouveau stade de Tizi Ouzou. C'est du moins ce qui nous a été révélé hier en milieu d'après- midi par plusieurs protestataires. Le village d'Issaiakhen Oumeddour, à l'instar d'une grande partie des villages de la wilaya de Tizi Ouzou, connaît des taux de chômage très élevés, de loin supérieurs aux taux officiels livrés par qui de droit. Le chômage dans la wilaya de Tizi Ouzou n'épargne aucune catégorie de citoyens: les universitaires, les jeunes ayant suivi des formations dans les centres de formation professionnelle, les femmes... Les hommes ont une seule chance de se faire recruter, c'est le piston. Quant aux femmes, elles sont vite prises dans les serres des harcèlements sexuels. L'oisiveté étant mère de tous les vices, beaucoup de jeunes dans la wilaya sont victimes de la drogue, de dépressions nerveuses et de tentatives de suicide parce qu'ils se sentent inutiles et n'ont plus confiance en soi du fait qu'ils ne peuvent même pas travailler. Un problème épineux soulevé par les jeunes d'Issiakhen Ou Meddour, à la veille de la campagne électorale où des candidats à l'enrichissement facile viendront arroser la population de fausses promesses pour récolter des voix et ne revenir que dans cinq ans.