Un artiste se meurt dans l'indifférence et le silence de l'hôpital d'Oran. Hezil Benaïcha, plus connu sous le nom de Cheikh Benaïcha, lutte contre la mort après l'accident de la circulation qui l'a plongé dans le coma. Entouré de ses amis, Benaïcha est inconscient depuis quelques jours. Natif de Saida, il avait côtoyé très jeune les cheikhs de la chanson bédouine. Ce chantre de la chanson bédouine, qui vantait les chevauchées épiques et la beauté du sourire angélique et parfois coquin de Rym Fatma, a retroussé ses manches pour gagner la croûte de ses enfants. Cet artiste hors du commun voyage librement autour de plusieurs registres de la chanson. Il peut voguer du chaâbi, au répertoire bédouin ou tout simplement entonner les envolées envoûtantes de Farid El Atrach ou de Abdelhalim Hafez. Il s'est même essayé au théâtre et à la télévision en campant des rôles dans des productions du TRO ou des sketches de la station régionale de l'ENTV. Dernièrement, las de l'indifférence et des promesses de ceux qui se bousculaient devant sa porte et harassé par les plaintes de ses petits-enfants, il décide de quitter le monde de l'art pour aller quérir sa croûte ailleurs en s'improvisant chauffeur de taxi. Malheureusement, le sort s'est mis lui aussi de la partie, puisqu'il a été victime la semaine dernière d'un accident de la circulation qui l'a plongé dans un profond coma. Aujourd'hui, il lutte contre la mort loin des feux de la rampe et dans l'indifférence de ceux qui ne voyaient en lui que l'ami d'une soirée ou la planche de salut quand ça tourne mal. L'artiste se meurt sur son lit d'hôpital, loin, très loin du tumulte et du brouhaha des travées de la scène qu'il aimait tant taquiner.