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Un patrimoine qui a résisté au temps
Confrérie des Aïssaoua
Publié dans Le Maghreb le 23 - 12 - 2006


Les confréries religieuses sont nombreuses, mais les spécialistes vous disent que celle des Aïssaoua figure parmi les plus importantes dans le monde arabo-musulman et plus spécialement au Maroc et en Algérie où elle reste très populaire. Cette confrérie religieuse fût fondée au XVIème siècle par Sidi Mohamed Ben Aïssa, plus connu au Maroc sous le nom de “ Cheikh El Kamel” (le Cheikh complet ou parfait) qui serait né en l'année 872 de l'hégire (1465-1466 de notre comput). Ni son origine, ni la date de sa mort et ni sa biographie ne sont clairement établies. Le centre spirituel (zaouïa) principal de la confrérie se trouve à Meknès où son fondateur est enterré. Mais c'est en Algérie, plus précisément à Ouezra, dans la région de Médéa, où la première zaouïa Aïssaouia a été créée par le cheikh Hamed Ben Allel à la fin du XVIIIe siècle et qu'elle a étendu son influence. L'apport de la confrérie des Aïssaoua, depuis sa création, a considérablement, enrichi le patrimoine culturel et musical soufi du Maghreb. La confrérie avait sa propre école de chants mystiques qui, selon des chercheurs, a contribué à la conservation du patrimoine musical andalou. Sur le plan religieux, le livre, Le Guide des bonnes œuvres du cheikh Mohamed El Djazouli, qui recommande l'évocation du Coran et de Dieu, constitue la principale source et référence du rite aïssaoui qui, selon le chercheur Omar Benaïcha, confère à ses adeptes une plus grande liberté que le reste des soufis. Sur le plan social, la confrérie, qui est restée très proche de la population et de ses préoccupations, n'a pas hésité à monter au front quand la nécessité s'en est ressentie. Elle a, en effet, pactisé en 1824 avec la confrérie El Kadiria de l'ouest du pays pour combattre le colonisateur français qui n'a, d'ailleurs, pas tardé à se rendre compte de son influence sur les populations rurales, principalement. Des chercheurs français ayant relevé que la confrérie était capable de soulever les campagnes algériennes contre l'occupant, l'administration coloniale réagira en travaillant à sa “destruction”. Mettant à contribution les pseudo religieux qui travaillaient à son compte, elle fera courir des rumeurs accusant les Aïssaoua de charlatanisme, voire de sorcellerie. L'action psychologique du colonisateur n'aura, cependant, pas l'impact escompté, même si l'aura de la confrérie en pâtit quelque peu. Ce qui l'obligera à se faire plus discrète, surtout dans l'organisation de ses “hadras” où certains rituels “spectaculaires” (piétinement de braises ardentes, perforations à l'aide d'aiguilles et de couteaux ), qui ne sont qu'une facette du rite aïssaoui, peuvent frapper l'imaginaire des non-initiés. Il faut savoir que les confréries n'existent et ne fonctionnent qu'à l'intérieur d'un ensemble culturel, ensemble sans lequel elles perdraient leur sens. La maladie, le malheur, l'infortune s'inscrivent dans une mosaïque de conceptions étiologiques dans laquelle figurent la volonté divine et le destin, la jalousie et la sorcellerie, la possession par des “génies” (djinn - djnoun) mais aussi la référence à un savoir médical séculaire dont l'Europe a hérité des rencontres de l'histoire. Le rite de la confrérie des Aissaoua, qui s'est largement propagé en Algérie durant le 20e siècle, puise ses préceptes du livre : Le Guide des bonnes œuvres du cheikh Mohamed El Djazouli qui recommande fortement, de psalmodier le Saint Coran et l'évocation intense de Dieu. Le rite des Aissaoua confère à ses adeptes une plus grande liberté dans le soufisme, estime le chercheur Omar Benaïcha. La confrérie des Aissaoua a pactisé en 1824 avec la confrérie El Kadiria de l'ouest du pays pour combattre le colonialisme français en plus d'avoir entrepris des recherches théologiques qui ont été, par ailleurs, d'un grand apport dans l'éducation et l'enseignement.

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