Qui garantit le bon emploi des budgets complémentaires postdiluviens ? C'est la question à 7 milliards de dinars. A l'occasion de sa visite à Khenchela et à Oum El-Bouaghi, M. Ali Benflis n'a cessé d'articuler ses interventions sur plusieurs points qui forment, avec du recul, un ensemble politique d'action et de stratégie. Lors de ses rencontres avec la « société civile», ou devant les habitants des bidonvilles - on ne voit pourtant pas la différence en dehors des aspects protocolaires - M. Benflis a insisté sur l'absolue nécessité de l'option de la «démocratie participative» dans la gestion locale. «Il faut promouvoir la culture du dialogue», répétait-il lors de sa tournée. Second leitmotiv du chef de l'Exécutif, exprimé à chaque fois que les citoyens étalaient l'envergure de leur misère, problème et autre motif de suicides collectifs, est le suivant: «Makoumch wahadkoum» (vous n'êtes pas les seuls), dans le sens où les mêmes problèmes et insuffisances sont vécus par tous les Algériens à travers les 1.600 communes, les quelque 600 daïras et les autres wilayas. Troisième point à récurrence invariable, la poursuite de la lutte contre «l'hydre terroriste», selon l'expression de M.Benflis lui-même. A Khenchela, et devant les représentants de la «société civile», le Chef du gouvernement a rappelé que le terrorisme a causé 20 milliards de dollars de dommages. Dans la même wilaya, il a déclaré que la situation sécuritaire «s'est améliorée à 90%». Et d'ajouter: «Il ne reste que quelques groupes criminels.» Les citoyens, l'Etat, l'ANP, les services de sécurité et les différentes organisations et les partis politiques, a dit Benflis, doivent rester «mobilisés pour l'éradiquer dans certains endroits». Partout où passait Benflis, des banderoles étaient chargées de marteler le «soutien absolu à la concorde civile». «Il n'y a pas d'idéologie, de sentimentalisme ou d'héroïsme en économie», tenait Benflis à rappeler, notamment à Khenchela. «L'économie est une science». Et de recourir à un exemple, ne trouvant pas en quoi c'est «héroïque» que l'Etat reste à 100% actionnaire dans une entreprise en faillite alors qu'un partenariat et avec des étrangers (30% pour l'Etat et 70% pour les étrangers) est plus efficient. Benflis a relié tous ces points par cette idée : le retour au calme et à la stabilité permettra de relancer la machine du développement. Ce dernier ne peut s'avérer efficace sans la participation responsable et organisée de la société civile et la garantie de l'ouverture du dialogue entre l'Etat, l'entreprise et le partenaire social. A l'issue de sa visite dans la wilaya de Khenchela, M.Benflis a annoncé que 6,7 milliards de dinars seront alloués en tant que budget complémentaire. Pour la wilaya d'Oum El-Bouaghi, l'enveloppe s'élève à 6,3 milliards de dinars dans le même cadre. Suivant la logique de M.Benflis, si le contrôle par le biais de l'association de la société civile n'est pas effectué, toutes les dérives sont à craindre et les «professionnels de la rapine et de la spéculation» y trouveront une juteuse opportunité. La garantie d'une réelle transparence dans la gestion locale est, aussi et surtout, une prévention, une parade, contre les irruptions de colère populaire, et dont cette région a connu des manifestations aussi fulgurantes qu'éloquentes. M.Benflis n'a cessé d'appeler les représentants de la «société civile» à entamer un travail de pédagogie afin de démontrer que les problèmes sont pris en charge, mais, que, en même temps, l'Etat ne peut résoudre toutes les questions et en un laps de temps bien défini. Le message sera-t-il entendu? Autre interrogation: l'éradiction des bidonvilles suffira-t-elle à «absorber» les velléités de colère populaire?