De telles visites sont à encourager car elles redonnent de l'espoir. Depuis deux décennies, la région d'Oum El-Bouaghi n'a pas reçu un chef d'Etat en visite officielle. Il a fallu attendre tout ce temps pour que les populations locales assistent à la première venue d'un président de la République. Dans chaque localité visitée, les populations étaient au rendez-vous dès le matin. Le premier point de chute de la visite de la délégation officielle est la commune de Meskiana. Le président de la République a procédé à la première inauguration, un réseau de distribution de gaz de ville. Sur le chemin la menant vers Aïn Beïda, la délégation officielle n'a pas cessé d'entendre le refrain entonné depuis 1974. On se rappelle que cette année-là, beaucoup d'effervescence a envahi les populations d'Aïn Beïda. Des «non-dits», « des reproches», «une certaine animosité», «une haine»... se sont incrustés dans les coeurs, car Aïn Beïda devait être érigée en chef-lieu de wilaya. Mais c'était Oum El-Bouaghi la favorite. Pourtant, cette jolie ville a connu ses années florissantes marquées par l'accroissement des richesses. Mais hélas, elle a été punie par le pouvoir. La cause restera politique. N'empêche que la halte du président de la République a été marquée par la pose de la première pierre pour la réalisation d'un lycée de type 1000/300, d'un siège de l'APC et d'une cité de 508 logements. Tout cela a été précédé par la lecture d'une motion de soutien pour un deuxième mandat présidentiel. Si le développement local est fort apparent, et nul doute qu'il favorisera le bien-être des populations locales, il n'en demeure pas moins que beaucoup de choses restent à réaliser. Un budget complémentaire a été décidé à l'occasion. Il est de l'ordre de 653 milliards de centimes. Actuellement, le nombre de projets inaugurés par le président s'élève à 17. Pour les autres, soit ils ont reçu la visite du chef de l'Etat, soit ils sont au stade de la pose de la première pierre. Au-delà de la visite proprement dite, à savoir celle conditionnée par l'économique et le social, une certaine « fébrilité » a marqué cette visite. En effet, le parti FLN, par communiqué, a affiché sa non-participation à la réception du président de la République. La chanson diffusée par haut-parleurs date de 1999 et fait l'éloge de l'actuel président de la République et de son directeur de campagne de l'époque, Ali Benflis. Le hasard est qu'on a sorti cette chanson des tiroirs pour la diffuser à chaque coin de rue. Par ailleurs, il faut noter que 40 associations locales ont, dans une motion de soutien, annoncé leur aide quant au deuxième mandat d'Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. «On reçoit le président de la République comme il se doit. Il est avant tout le président de tous les Algériens. Que ce soit Benflis, Bouteflika, Sadi...tous seront traités sur un pied d'égalité», indiquent les autorités locales élues. A Oum El-Bouaghi, la population est acquise à 95% à Abdelaziz Bouteflika. Cette position est sous-tendue par le principe qu'«il est le seul, jusqu'à maintenant, qui a décidé de venir nous voir, mais aussi à débloquer de l'argent du développement. Nous avons souffert. Il faut que les inégalités cessent», déclarent quelques jeunes, venus des localités limitrophes pour accueillir «notre» président. Pour Sahel Abderrahim, représentant la société civile, «la population de Sidi Rghiss (entendre par là toutes les tribus qui composent cette région) sont pour Abdelaziz Bouteflika. Le FLN est là. Il est à l'APC, à l'APW en tant que parti majoritaire, mais l'essentiel pour nous c'est de développer notre région. Le président de l'APC subit chaque jour des pressions, mais la cohésion tribale camoufle la crise. Tout est dans l'union manifeste entre les deux archs Ouled Saïd et Ouled Amara qui arrivent à transcender les différences et écarter les contradictions.» Cette osmose n'est que bénéfique pour la wilaya d'Oum El-Bouaghi qui regarde l'avenir d'une manière prometteuse. Il suffit de peu pour anéantir toutes les actions contrevenantes qui risquent de remettre en cause les acquis. Ainsi, cette wilaya a bénéficié d'un programme additif qui viendra combler le déficit chronique bloquant toutes les initiatives locales. Ce budget additif de 653 milliards de centimes, arrivera à hisser cette région au rang de ses consoeurs. En définitive, si cette visite s'inscrit dans un cadre d'une campagne électorale, une chose est sûre, c'est que la réalité du terrain montre une certaine énergie et un plus dans le suivi de la concrétisation des projets. Pour l'Algérie profonde, de telles randonnées doivent être fréquentes car elles renseignent sur le travail fourni, mais aussi elles demeurent une méthode de suivi et de contrôle. Malheureusement, de telles initiatives étaient prises quelque peu en retard et beaucoup les assimilent à une forme de «pub» qui ne dit pas son nom.