Le bâtiment du gouvernement intérimaire en Libye a été attaqué mardi à Tripoli par des ex-rebelles mécontents à la suite d'une décision d'interrompre le versement d'indemnités aux anciens révolutionnaires en raison de soupçons de fraude, selon un communiqué officiel. « Le quartier général du conseil des ministres a été attaqué par des groupes armés qui ont fait usage de leurs armes », a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué sans faire état de blessés. Ces hommes armés « protestaient contre la décision du Conseil national de transition (CNT) d'interrompre les aides financières allouées aux révolutionnaires » qui ont combattu au cours de la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. « L'attaque a été brève, (il s'agissait) juste d'une tactique visant à faire peur », a indiqué une source proche du Premier ministre. Le gouvernement intérimaire a dénoncé l'incident comme une attaque contre «la souveraineté et le prestige de l'Etat » et rejeté le «langage de la menace et du chantage ». Le CNT, au pouvoir en Libye, avait annoncé lundi la suspension des indemnités versées aux ex-rebelles en raison d'un phénomène de fraude massive. «Le versement d'indemnités aux rebelles a été interrompu en raison de violations et d'abus », avait indiqué Mohammed Harizi, porte-parole du CNT ajoutant que «des millions de dinars (libyens) alloués aux révolutionnaires ont été perdus en paiements » indus. Mardi, le gouvernement a rappelé que le gel serait maintenu jusqu'à la fin d'une enquête ouverte par les autorités. D'anciens rebelles en colère à la suite de cette décision ont manifesté récemment face au bâtiment des autorités intérimaires à Tripoli et ont mis en place des barrages dans certains quartiers de la ville bloquant la circulation. A Benghazi, dans l'est du pays où est née la révolte en février 2011, un engin explosif a été jeté mardi sur un convoi de l'ONU transportant le chef de la Mission des Nations unies en Libye, Ian Martin, sans faire de blessé. Des analystes et des organisations de défense des droits de l'Homme ont régulièrement demandé au CNT de procéder au désarmement des milices, un des plus importants défis pour la Libye dans sa transition vers la démocratie.