L'assaut a duré plusieurs heures. Les insurgés libyens ont pris le contrôle, avant-hier, du quartier général de Mouammar Kadhafi à Tripoli, portant un nouveau coup décisif au régime d'un dictateur plus que jamais introuvable. "La bataille de Tripoli" a été remportée, a annoncé le commandant militaire rebelle et désormais légitime de la capitale. Le n°2 du Conseil national de transition (CNT) entend mettre en place une transition "immédiatement". L'organe politique de la rébellion va ainsi quitter son siège historique de Benghazi. Il doit s'installer dans les 48 heures à Tripoli. Un déménagement hautement symbolique. Le colonel et ses fils n'ont pourtant toujours pas été localisés. Ils seraient dans la capitale ou ses alentours, selon un porte-parole du CNT. Le président russe de la Fédération internationale des échecs s'est entretenu ce mardi avec le "Guide" qui lui a affirmé qu'il est à Tripoli et qu'il "n'a pas l'intention de quitter la Libye". Même si le CNT contrôle la majeure partie du pays et de la capitale, le Pentagone juge la situation "très instable". "Tant que le régime Kadhafi ne cesse pas ses attaques, ce n'est pas terminé", a prévenu le porte-parole américain. La France et les Etats-Unis vont "poursuivre leur effort militaire" en faveur des rebelles jusqu'à la chute du colonel, selon l'Elysée et travailler à "rassembler la communauté internationale derrière le peuple libyen". L'ONU appelle à la réconciliation des deux camps. Washington va débloquer immédiatement jusqu'à 1,5 milliard de dollars d'avoir libyens gelés. L'argent sera versé au CNT pour "répondre aux besoins humanitaires et pour aider à établir un gouvernement sûr et stable", a annoncé le département d'Etat. Une réunion entre plusieurs pays, dont la France et les Etats-Unis, aura lieu mercredi à Doha pour dégager 2,5 milliards de dollars avant la fin du mois. PLUS DE 400 MORTS EN TROIS JOURS A TRIPOLI Les combats qui se déroulent depuis trois jours à Tripoli ont fait plus de 400 morts et 2 000 blessés, a annoncé mardi le président du Conseil national de transition (CNT), organe politique des rebelles libyens, Moustapha Abdeljalil. Selon nos premières informations, le nombre de tués pendant l'opération qui a duré trois jours est d'un peu plus de 400. Et les blessés sont au nombre de 2 000, a déclaré M. Abdeljalil à la télévision France24. Au cours de ces combats, les rebelles ont capturé près de 600 soldats pro-Kadhafi, a ajouté M. Abdeljalil, précisant que la bataille ne s'achèverait qu'avec l'arrestation de Mouammar Kadhafi. Les hôpitaux de Tripoli manquent de tout pour soigner les blessés, a-t-il déclaré, soulignant que certains blessés avaient besoin d'être évacués. Dans la capitale, la résidence du Guide à Bab al-Aziziya est désormais entièrement dans les mains des rebelles, mais il reste quelques poches de résistance dans trois quartiers de la ville. La bataille n'est pas finie, elle s'achèvera avec l'arrestation de Kadhafi, a-t-il insisté. Et j'espère que Kadhafi va être capturé vivant, afin qu'il puisse être jugé et que le monde puisse connaître ses crimes, a-t-il ajouté. Interrogé sur le lieu où pourrait se trouver le Guide, M. Abdeljalil a répondu: Dieu seul le sait. J'imagine qu'il a quitté Tripoli. Je ne crois pas qu'il soit assez courageux pour être resté à Tripoli jusqu'à maintenant. Malgré ces incertitudes, le CNT, actuellement basé à Benghazi (est), va progressivement déménager à Tripoli à partir de jeudi, a annoncé M. Abdeljalil. Pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos, le président du CNT a lancé un nouvel appel contre toute velléité de vengeance à l'issue des combats: J'appelle tous les rebelles et les citoyens à la patience, au pardon et à être tolérant et à ne pas se livrer à la vengeance.