Les 44 partis politiques engagés dans les élections législatives du 10 mai prochain poursuivent leur campagne pour tenter de convaincre l'électorat de se rendre aux urnes. Les chefs de ces partis sillonnent les différentes wilayas du pays pour expliquer les enjeux de ce rendez-vous. Les discours diffèrent selon les priorités de chaque parti. Belkhadem, SG du FLN «Mettre en échec les complots qui visent l'Algérie» Le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, a appelé jeudi dernier, à un vote massif au prochain scrutin législatif, pour pouvoir «mettre en échec les complots visant la stabilité de l'Algérie». «Tous les regards sont braqués sur les élections en l'Algérie et il est donc du devoir de tous de gagner cette bataille électorale pour consacrer les lois du changement qui ne peut souffrir aucune entrave ni aucun report», a-t-il déclaré au cours d'un meeting organisé à la salle omnisports de la wilaya de Mila. M.Belkhadem a estimé que le boycott des bureaux de vote le jour du scrutin du 10 mai prochain, «risquait de faire le jeu de certaines forces et intérêts occidentaux qui cherchent à insinuer que les Algériens sont contre leurs gouvernants». Le SG du FLN a encore affirmé que les «forces étrangères qui prétendent rechercher l'intérêt des peuples arabes, n'ont à l'esprit que leurs propres intérêts, c'est-à-dire le pillage des richesses ou la partition de ces pays, comme cela s'est produit au Soudan». Ouyahia, SG du RND «Les universitaires seront recrutés sans concours» Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a indiqué jeudi dernier que l'unité nationale, la stabilité et la sécurité garantissent le développement de l'Algérie. Lors d'un meeting dans la wilaya d'El Tarf, M.Ouyahia a mis en garde «ceux qui veulent semer la discorde en Algérie, comme ils l'ont fait dans d'autres pays», soulignant que le RND «est aux côtés du Président Bouteflika et entend le demeurer car le chef de l'Etat a pris d'importantes décisions qui vont de la réconciliation nationale qui permet au pays de vivre aujourd'hui en paix, jusqu'aux récentes augmentations de salaires qui ont amélioré le niveau de vie des citoyens». M.Ouyahia a, en outre, annoncé qu'au titre du programme de son parti, «tous les postes de travail ouverts dans les administrations et les structures étatiques reviendront aux jeunes universitaires dans le cadre de contrats d'insertion qui n'auront plus à passer de concours d'accès comme c'est le cas actuellement». Il a promis la création de 400.000 postes d'emploi annuellement. Mohamed Saïd, président du PLJ «Une opportunité pour le changement» Le président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), Mohamed Saïd, estime que les élections législatives du 10 mai constituent «une opportunité réelle pour provoquer un changement idoine sur tous les plans, notamment politique». «Ceux qui refusent le changement cherchent à agir dans l'opacité et à maintenir le statu quo», a affirmé, avant-hier, M.Mohamed Saïd lors d'un meeting électoral qu'il a animé à Dellys (Boumerdès), mettant en garde contre ceux qui «distillent le désespoir dans les milieux juvéniles, pour les détourner de leur devoir électoral». L'orateur a indiqué qu'il importe beaucoup d'oeuvrer au changement des mentalités, par la réhabilitation de la politique en mettant l'intérêt suprême de la patrie au-dessus des intérêts personnels et des considérations partisanes étroites. Le président du PLJ a expliqué que tout prétendant à la députation doit présenter certains critères nécessités par le mandat parlementaire, dont notamment «la compétence, un niveau intellectuel respectable, l'intégrité, l'abnégation, le respect de l'engagement politique et autres vertus immunisant le député contre l'égoïsme et le mettant au service de la patrie». Alliance pour une Algérie verte «Pour un régime parlementaire» Les présidents des trois partis islamistes composant l'Alliance pour l'Algérie verte, MSP, En Nahda et El Islah, MM. Bouguerra Soltani, Fateh Rebei et Hamlaoui Akkouchi, ont plaidé pour l'instauration d'un régime parlementaire. Jeudi soir dans la wilaya de Tébessa, ils ont expliqué que le régime parlementaire est «le plus indiqué» pour sortir le pays des «multiples crises qu'il traverse actuellement dans plusieurs domaines, notamment socio-économique et politique». Les principaux axes du programme électoral unifié de l'Alliance pour l'Algérie verte, «seront basés, en priorité, sur le développement d'une économie forte, fondée sur la relance des secteurs économiques public et privé, la solidarité et l'amélioration des rendements des différents secteurs de développement», ont-ils précisé. «L'amélioration du volet lié aux relations extérieures, à travers une diplomatie efficiente, la mise en place d'un nouveau découpage administratif favorisant un développement de chacune des régions de manière spécifique» constituent les autres engagements de l'Alliance pour lesquels les responsables ont appelé leurs candidats à «signer en commun un pacte de fidélité». Djaballah, président du FJD «Il ne faut pas désespérer» Le président du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah, mène une campagne contre le désespoir. Il a invité, avant-hier, lors d'un meeting à Relizane, «à ne pas désespérer et ne pas écouter les partisans du boycott en sortant massivement aux urnes pour réaliser le changement pacifique». M.Djaballah a qualifié, d'ailleurs, les législatives du 10 mai «d'occasion historique pour un changement pacifique». L'orateur a recommandé de ne pas quitter les centres de vote jusqu'au dépouillement des voix et la livraison des procès-verbaux à leurs propriétaires respectifs, mettant en garde en ajoutant «ou le peuple gouverne par le biais de ceux qu'il a choisis, ou le déluge pacifique». Le président du FJD a fustigé, d'autre part, ceux qui prétendent que l'Islam est une religion de foi qui n'est pas porteuse de projet de construction de l'Etat et d'organisation de la société. Il a rappelé, dans ce sens, que l'Islam a traité de questions liées aux droits et libertés, à la politique, l'économie, la finance et autres, en temps de paix et de guerre. Meeting du PT à Constantine Hanoune enflamme l'assistance Le meeting animé par Louisa Hanoune au Khroub dans la wilaya de Constantine a tenu toutes ses promesses. Depuis le début de la campagne électorale, c'est la première fois qu'une formation politique réussit à réunir plus de 500 personnes dans la même salle. Une performance à mettre aussi sur le compte des grandes capacités de mobilisation que renferme une base militante locale porteuse de traditions de luttes ouvrières nées au sein de l'énorme complexe industriel d'Oued Hamimime tout proche. Comme à son habitude, la secrétaire générale du PT a usé d'un langage direct et franc sans abuser trop des formules chères aux gauchistes. Le nombreux public venu l'écouter a réagi positivement à un discours clair débarrassé de toute fioriture. Madame Hanoune, et sans renier ses positions en faveur d'une réconciliation que certains ont déviée de son cours normal, n'a pas ménagé les formations islamistes et tous ceux qui se revendiquent de ce courant qui continue d'instrumentaliser la religion à des fins purement partisanes. Selon elle, des formations auraient reçu des promesses de l'étranger et s'activent d'ores et déjà à exécuter des agendas mis au point par ceux qu'elle a qualifiés d'ennemis de l'Algérie. La secrétaire générale du PT a notamment insisté sur les multiples dangers qui menacent et assiègent le pays au niveau des frontières Sud et Sud-Est. Tout en affirmant que c'est l'Algérie qui est dans le point de mire, elle n'a pas manqué de dénoncer le plan de destruction programmée de la Libye et les soulèvements «montés» au Mali ainsi que le travail de sape qui vise à faire durer l'instabilité politique en Tunisie. Elle a appelé dans ce même contexte à renforcer l'immunité du pays. Pour elle, ce qu'on appelle le «printemps arabe», l'Algérie l'avait vécu douloureusement durant l'épreuve chèrement payée d'octobre 1988. Cette dure épreuve avait précédé une «expérience islamiste» qui a lourdement hypothéqué l'avenir du peuple et du pays. Tout en mettant en exergue l'engagement des services de sécurité, tous corps confondus dans la lutte antiterroriste et la sécurité, Louisa Hanoune a estimé que l'Algérie est en mesure de porter aide et assistance aux pays voisins, pour préserver leur souveraineté et l'intégrité de leur territoire. Ne brossant pas dans le sens du poil, elle a relevé les nombreuses incohérences de certains partis à l'image de ceux qui viennent de naître et qui font des promesses qu'ils ne seront jamais capables de tenir. La plaidoirie de fond de Louisa Hanoune s'appuie sur une logique sociale qui appelle au retour des infrastructures et des circuits commerciaux publics accompagnée d'une politique audacieuse de sauvegarde des entreprises étatiques en naufrage, la prise en charge des retraités et des handicapés. La responsable du PT a dans son réquisitoire, plaidé pour la prise d'un ensemble de mesures contre certaines entreprises étrangères basées en Algérie, qui ne témoignent aucun respect à la loi du pays et transgressent les droits des travailleurs. Abordant les prochaines élections législatives, Louisa Hanoune, que les Constantinois appellent la «Dame de fer», a tenu à rappeler que l'Algérie est à la croisée des chemins et que le 10 mai est une date décisive pour le pays, soit le vote, soit c'est une porte grande ouverte devant les opportunistes qui n'hésiteront pas à semer le désarroi. A ce propos d'ailleurs, elle s'est interrogée sur l'étrange coïncidence d'une flambée des prix avec le lancement de la campagne électorale. «A qui profite le stockage de certains produits?», a-t-elle lancé devant un public dont les attentes semblaient encore inassouvies et qui voulait entendre davantage. A peine une vingtaine de minutes seulement auraient donc suffi à Louisa Hanoune pour enflammer une assistance qui sait désormais distinguer entre le vrai discours et les attitudes démagogiques.