Le journaliste français Pierre Daum collaborateur du Monde diplomatique sera aujourd'hui à 17h, à l'institut français d'Alger pour y présenter son essai Ni valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie après l'indépendance. Le 5 juillet 1962, l'Algérie devient indépendante. Six cent mille pieds-noirs ont déjà pris le chemin de l'exil, mais quatre cent mille ne sont pas partis. Au premier janvier 1963, plus de deux cent mille Européens et juifs restent dans leur pays, tentant le pari de l'Algérie algérienne. Ce chiffre, attesté par les archives, remet en cause la thèse de la valise ou le cercueil. Pierre Daum est parti à la recherche de ces hommes et de ces femmes restés dans leur pays après 1962. Ceux et celles qui, au lendemain de l'indépendance, n'ont choisi «ni la valise ni le cercueil». Journaliste, Pierre Daum a travaillé en Autriche pour plusieurs journaux européens, Libération, l'Express, la Libre Belgique, la Tribune de Genève etc. De retour en France, en 2003, il devient correspondant de Libération en Langedoc-Roussilon. Parmi ses publications, Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France, 1939-1952 (Acte Sud, 2009). Après Alger, le journaliste se rendra jeudi prochain à la même heure à l'Institut français de Annaba, puis le samedi 28 avril, à la libraire Média-Plus de Constantine, avant de revenir à Alger pour quelques dates supplémentaires et finir son périple algérien en donnant une nouvelle conférence le 5 mai à 16h, à l'Evêché d'Oran. «Depuis 50 ans, le discours médiatique sur les pieds-noirs est monopolisé par une poignée de responsables d'associations de rapatriés. Ceux-là ne sont pas du tout représentatifs de l'ensemble des pieds-noirs, car seuls les nostalgiques, héritiers des ultras de l'Algérie française, se sont véritablement organisés. Ils ne représentent pas la diversité des pieds-noirs, qui ne constituent pas du tout un groupe social et politique monolithique» affirme le journaliste dans un entretien. Dans ce précieux document historique qu'est son livre publié chez Acte Sud, il dénonce notamment l'instrumentalisation des événements du 5 juillet 1962 à Oran en accusant toute la population algérienne. Rien n'est tout à fait blanc ou noir. Dans La valise ou le cercueil, Pierre Daum tente de démontrer à partir de la déconstruction dudit discours sur «la valise ou le cercueil» qu'il existe d'autres pistes de recherche. «Je propose de remplacer cette thèse monolithique par un éventail de raisons possibles à l'exode de 1962.» Aussi, loin d'être un livre d'historien mais d'un enquêteur, c'est avant tout, un livre qui se présente comme un ensemble de témoignages au pluriel, de parcours d'une multitude de pieds-noirs qui est retracé ici. Livre très pertinent dont le mérite est de réussir à démystifier avant tout les raisons du départ de ces pieds-noirs et leur véritable motivation et existence durant l'Algérie algérienne. Lors des différentes conférences qu'il animera, le journaliste sera présent pour répondre à toutes vos questions. Alors n'hésitez pas à venir!