La présence à Alger de l'ex-rappeur de NTM n'a pas drainé grand-monde... Une fois n'est pas coutume, l'établissement Arts et culture s'est associé à un événement qui sort de l'ordinaire de son agenda culturel. En collaboration avec MAD DOG Production, le public, fan de rap et de hip-hop était convié à un boss sound system emmené par deux DJ's : DJ Naughty J et DJ Spank avec pour guest star l'ex-rappeur du groupe NTM, Didier Morville alias Joey Starr (Boss le label de DJ Spank et Joey Starr). La scène du théâtre de Verdure fut d'abord étrennée par deux groupes de rap algériens bien de chez nous, qui ont assuré la première partie du spectacle. D'abord, Kouzène, criant le désarroi et le malaise d'une jeunesse en mal de vivre qui s'adonne notamment à la chira. L'autre groupe de hip-hop faisant dans le rap jungle raga, est plus entraînant. Une grappe de jeunes gens est amassée devant les grilles en bas de la scène. Ils suivent «le système afrostyle» des XREM production qui ne cessent de scander «Alger! yo, maken walou!» La star de la soirée, c'est Joey Starr himself qui se fait désirer. L'Algérie est la 1re date d'une tournée africaine que compte effectuer le rappeur. Il montera sur scène suivant les deux DJ cités plus haut vers 23h. «On va mouiller le maillot». «Y a-t-il du monde ou quoi? C'est ce qu'on va voir!», crache-t-il à tue-tête. On s'excite dans les gradins. «Je veux vous voir foutre le bordel!» reprend à maintes reprises le déjanté rappeur. Les platines des DJ distillent à pleins décibels les titres Rn'B et de hip-hop les plus usuels et connus en boîte. Dans ce froid du début du mois de ramadan, on y danse comme on peut. Et on tente de faire la fête. Joey Starr s'égosille et de sa voix caverneuse, néandertalienne crie: «Faites du bruit!» Bien qu'ayant mis tout en place pour que l'organisation soit parfaite, on sent tout de même comme un air de morosité. Sans doute le spleen de l'automne qui annonce la grisaille de l'hiver. Fidèle à son image de provocateur et surtout à l'égard des policiers, Joey Starr descend de scène et vient se rapprocher de ses fans, rappliquent aussitôt les agents de sécurité. Emoustillé, Joey Starr les nargue en douceur avant de regagner la scène. Et la soirée devait durer ainsi jusqu'à 4 heures du mat... «La primeur de notre musique vient de la rue. Notre tâche c'est d'écouter ce qui bat le pavé. On a un label d'artistes qui est drivé par leur humeur, leurs envies. L'intérêt c'est de créer un certain climat chez nous, cela fait école. C'est le coeur et le ventre qui bat», a affirmé Joey Starr, mercredi soir à l'hôtel Sofitel lors d'une conférence de presse. En effet, après s'être séparé de Koal Shen alias Bruno Lopès avec qui il a partagé 10 ans de galère et de carrière dans NTM, Joey Starr se refait une nouvelle «facette» en laissant d'abord tomber ses dents en argent et en se lançant dans la promotion de jeunes artistes de rap attitude. On dit qu'il a beaucoup souffert de la fausse image que lui ont donnée les médias français. Ben, comment peut-on qualifier un tabasseur de «gonzesses» ayant été condamné à plusieurs reprises par la justice française, que de «sale gosse délinquant». Effectivement, que l'on ne s'étonne pas lorsqu'on entend la virulence de ses propos...«Il se créé un personnage sans plus», nous dit-on. Alors, pourquoi souffrir d'une image que lui-même se plaît à cultiver? «Quand j'ai vu après coup que ma copine n'avait plus de dents, j'ai décidé de prendre enfin soin de ce don de la nature et de me les brosser». Sans commentaires! Aujourd'hui, c'est une nouvelle page qui commence pour Joey Starr. Il fait la musique qu'il aime sur sa propre station de radio où il donne libre cours enfin, à son délire sans gêner personne. «On a développé un truc après NTM il y a 4 ans. On voudrait vendre un plateau avec DJ, qu'il y ait des artistes qui viennent faire des show-case pour faire la promo de leurs produits. Notre but est de faire venir jouer des artistes. On a quand même la prétention de jouer sur notre station de radio. Le hip-hop est pour tout le monde. Il n'y a pas de frontières dans l'histoire», a-t-il assuré lors du point de presse. Bien que sa réputation l'ait précédé, Joey Starr n'a pas drainé beaucoup de monde jeudi dernier au théâtre de Verdure. A peine cinq cents personnes s'étaient déplacées pour écouter ses appels à la débandade. Les jeunes y ont peut-être trouvé leur compte surtout en se trémoussant sur ces morceaux Rn'B qui n'ont rien à voir, à vrai dire, avec l'image telle que véhiculée par le rap dur de Joey Starr. Une contradiction. Enfin, Joey Starr n'aura pas réussi à nous «mettre la fièvre». C'était plutôt frisquet...On est tenté de dire qu'il est venu simplement «foutre le b...», gentiment, façon de parler, et partir - c'était d'ailleurs son seul leitmotiv - Pas très riche tout ça comme lexique.