Objectifs Son ambition est de créer avec son associé, Lotfi, une scène hip-hop et instaurer une tradition musicale. Toutefois, il se heurte à divers obstacles. InfoSoir : D?abord, comment s?est créé Mad Dog Production ? Salim Chaouche : Mad Dog Production a commencé il y a trois ans maintenant. On a créé la boîte dans un contexte personnel, parce que depuis toujours on aime la musique, et c?était vraiment l?envie de travailler dans un milieu qui nous fascinait, on avait envie de se lancer dans cette aventure, car, pour nous, c?était comme caresser un rêve et finir par le réaliser. Serait-ce une manière de combler un vide ? Combler un vide non, parce que cela demande énormément d?organisation. Si on part sur cette base, on se retrouve vite devant des murs infranchissables. C?est plutôt pour créer des événements, mettre en place une scène. Il semble que vous envisagiez de prendre des artistes algériens en charge ? On est en contact avec des artistes, mais ça ne s?est pas très bien passé parce qu?ils n?ont pas encore atteint le niveau de professionnalisme qu?on attend d?eux. Que faut-il pour que cela aille mieux ? Il faut sortir les artistes de l?ombre, et là il y a un travail à la base, c?est-à-dire un travail de promotion sur l?artiste et sur sa musique. Il faut réussir à développer des plans marketing sur une musique qui n?est écoutée que par une minorité, et ça ce n?est pas évident. On s?y attelle, mais jusque-là, on n?a pas de produit à proposer. Est-il possible de prendre toute la scène hip-hop en charge ? On ne peut pas prendre en charge toute la scène hip-hop algérienne, c?est impossible qu?une seule boîte de production s?occupe de toute la scène, car sans la concurrence, c?est un milieu qui meurt. Surtout ici, où il n?y a pas une culture hip-hop développée, donc on se retrouve à faire la promotion d?un artiste qui n?est même pas entendu parce qu?il n?est pas habituel. Peut-on parler de culture hip-hop en Algérie ? Il est vrai qu?il n?y a pas de scène hip-hop en Algérie, mais des échos favorables nous parviennent certes, mais pas de toutes les couches de la société. C?est vrai que des groupes de rappeurs sont apparus dans les années 1990, mais le rap a besoin d?un terreau social assez complexe. Il a besoin d?être montré et propagé. On remarque qu?il y a un net recul du rap? Tout à fait, il y a un net recul, même si on continue à avoir des groupes qui travaillent. C?est vrai que quand on commence à mettre un pied dedans, on ne s?arrête pas, on continue. Je parlerai plutôt en termes de stagnation. Il y a un autre problème qui fait que le rap ne progresse pas : la censure. Les textes de rap ne passent pas. Par définition, le rap est une musique engagée. Tant qu?il n?y aura pas d?accord à ce niveau-là, on n?arrivera pas à faire passer les textes engagés. Quels sont les problèmes que vous rencontrez ? Le plus gros problème que nous rencontrons est le manque de structures pour organiser des concerts, c?est-à-dire qu?il n?y a pas de salle qui peut faire office de Bercy-Paris, conçue vraiment pour les grands spectacles. On attend d?ailleurs impatiemment la réouverture de la Coupole, en espérant qu?elle sera accessible à ce genre d?événements. Par ailleurs, les interlocuteurs directs ne sont pas branchés musique et ne connaissent pas les artistes qu?on aimerait faire venir. En fait, il n?y a pas de culture du sponsoring. Les opérateurs privés ne veulent pas s?engager à mettre de l?argent dans les évènements musicaux, pour leur communication. Enfin, on peut faire de grosses scènes, le problème reste l?amortissement, c?est la faisabilité financière qui pose réellement problème. Que faut-il faire pour remédier à ces problèmes ? Il faudrait que des mécènes mettent de l?argent dans la musique qui parle aux gens. Il y a toute cette machine promotionnelle autour de la vente qui n?existe pas encore chez nous.