Quel meilleur moyen pour Drogba de faire pencher la balance en sa faveur que d'offrir à son patron Abramovich le trophée pour lequel il a investi plus d'un milliard de livres depuis son arrivée en Angleterre? Didier Drogba peut dire sans risque de se tromper qu'il jouera aujourd'hui à Munich l'un des plus grands matchs de sa carrière, car la finale de la Ligue des champions décidera à la fois de sa place dans l'histoire du football et, plus prosaïquement, de son avenir à Chelsea. L'Ivoirien, dont le contrat à Londres arrive à échéance à la fin de la saison, est en négociations depuis des mois pour un renouvellement, mais si l'on en croit la presse anglaise, les discussions achoppent sur une question de durée: le joueur voudrait deux ans de plus, le club un seulement. «Ce n'est pas une question personnelle. Il n'y a rien à dire à mon propos. Je ne vais pas jouer pour moi, mais pour le club», a assuré l'ancien Marseillais, 34 ans, qui ne souhaitait pas s'étendre sur le sujet si près du match. Du point de vue statistique, Drogba n'a pas fait une grande saison. Avec seulement douze buts marqués, il est resté très loin du grand cru 2009-2010 (38 buts) et même en dessous de l'exercice précédent, pourtant perturbé par une grave crise de malaria à l'automne 2010. Mais l'avant-centre n'a rien perdu de sa capacité à faire la différence dans les grands moments, comme il l'a encore montré le 5 mai dernier à Wembley en marquant face à Liverpool en finale de la Coupe d'Angleterre. C'était son huitième but en autant de matchs dans le temple du foot anglais. C'est lui aussi qui avait marqué le seul but de la victoire sur Barcelone, en demi-finale aller de la Ligue des champions à Stamford Bridge, où il n'avait pas hésité à montrer un côté un peu moins brillant de sa palette en cassant le rythme par une série de simulations, avec un brin de rouerie. Le match de samedi lui donnera l'occasion d'ajouter une dimension internationale à son palmarès. Fort riche en titres anglais - trois Championnats, quatre Coupes d'Angleterre, deux Coupes de la Ligue - il est en revanche vierge de tout trophée continental. Les rendez-vous cruciaux à ce niveau-là ne lui ont d'ailleurs pas souri du tout. Avec la Côte d'Ivoire, il a manqué deux fois un penalty en finale de la Coupe d'Afrique des nations, en 2006 contre l'Egypte (lors des tirs au but), et encore en février dernier contre la Zambie (dans le jeu). Avec Chelsea, exclu dans les dernières minutes de la prolongation de la finale de 2008 de la Ligue des champions contre Manchester United à Moscou (1-1) pour avoir giflé Nemanja Vidic dans un début de bagarre générale, il n'a pas pu participer à la séance de tirs au but perdue par les «Blues». «J'ai eu des déceptions, mais aussi de grands moments dans les finales et je vais essayer de faire en sorte que la prochaine en soit un. Après Moscou, presque tout le monde pensait que nous reviendrions en finale l'année suivante, ce qui montre à quel point c'est difficile d'y parvenir», a déclaré la star.