Le Mali entamait mardi une difficile transition politique, au lendemain de l'agression perpétrée contre le président intérimaire Dioncounda Traoré par des manifestants opposés à l'accord sur un processus politique conclu avec les militaires putschistes grâce à une médiation africaine. La classe politique malienne tentait de se remettre du choc provoqué par l'attaque contre M. Traoré qui doit prendre la tête d'une transition d'un an dans un pays profondément divisé, deux mois après le coup d'Etat du 22 mars et une période intérimaire de 40 jours. A peine signé, l'accord de sortie de crise entre la communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et le Comité national pour le redressement de la démocratie et pour le rétablissement de l'Etat (Cnrdre, ex-junte militaire), a provoqué une brusque montée de tension dans les rues de la capitale Bamako. L'accord qui donne au président intérimaire le mandat de diriger le pays pendant une période de transition de 12 mois, a provoqué la colère de centaines de personnes à Bamako qui ont marché vers le palais présidentiel, où elles ont été reçues. Les manifestants ont ensuite fait éclater leur colère faisant irruption dans le bureau de Dioncounda Traoré, qui s'y trouvait, pour l'agresser. Légèrement blessé, M. Traoré 70 ans, a été admis à l'hôpital de Bamako qu'il a quitté dans la soirée pour un lieu sécurisé. L'agression du premier personnage de l'Etat a été unanimement condamnée au Mali, y compris par l'ex-junte militaire au pouvoir qui s'était opposée à lui, ainsi qu'à l'étranger. Les auteurs du coup de force du 22 mars, dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, condamné «fermement ces actes d'agression qui ne peuvent justifier aucune expression d'opinion », tout en appelant la population malienne au calme. «Le Mali ne mérite pas cela (...) J'appelle les populations, notamment les jeunes, à mettre fin aux marches », a déclaré de son côté le Premier ministre Cheikh Modibo Diarra à la télévision publique. Le parti de M. Traoré, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), a estimé que son agression «met gravement en cause les services de sécurité de l'Etat maliens et certains responsables, tant politiques que de la société civile ».