Ces partis disent ne pas reconnaître l'autre Assemblée qui sera installée Ce Parlement populaire sera composé, selon le président du Rassemblement patriotique républicain (RPR), Abdelkader Merbah, de 480 députés. C'est une première en Algérie. Jamais une législature n'est tournée en dérision comme celle qui s'ouvre aujourd'hui. Et pour cause, les 16 partis qui rejettent les résultats des élections législatives du 10 mai dernier vont installer, eux aussi, à Staouèli à Alger, un Parlement parallèle, dénommé «Parlement populaire». Réunis autour du Front politique pour la protection de la démocratie (Fppd), ces partis disent ne pas reconnaître l'autre Assemblée qui sera installée aujourd'hui. «Ce Parlement populaire représentera toutes les voix détournées à cause de la fraude. Elles sont plus de 5 millions et elles sont exclues soit par la fraude, soit par les 5% qu'impose la loi électorale pour chaque liste», a expliqué le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati. Joint par téléphone, ce dernier a ajouté que les candidats qui étaient victimes de la règle des 5% seront députés dans ce Parlement. «Ces députés vont remplacer les députés du pouvoir issus de la fraude», a-t-il, indiqué soulignant qu'ils n'ont obtenu que 2,3 millions des voix parmi les 9 millions de votants. Ce Parlement populaire sera composé, selon le président du Rassemblement patriotique républicain (RPR), Abdelkader Merbah, de 480 députés. «Chaque parti sera représenté par 30 députés. Ces derniers sont les têtes et les 2es de listes des partis victimes de la fraude et du système des quotas appliqué lors de ces élections», a indiqué le président du RPR, dont le siège du parti abritera l'installation du Parlement parallèle. Qualifiant l'APN constituée en majorité par les députés FLN et RND d'«illégitime», notre interlocuteur souligne que ces parlementaires sont «de faux députés désignés par la force et la fraude et occupent l'Assemblée sans qu'ils soient élus».Et comment va fonctionner ce Parlement parallèle? Le président du FNA explique que chaque député aura une permanence dans sa circonscription électorale au niveau du siège de son parti pour rencontrer, écouter et recueillir les doléances des citoyens dont les voix sont détournées.Moussa Touati a critiqué, également, la dernière sortie du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Ce dernier a déclaré mercredi 23 mai à l'APS, que l'appel de certains partis à la création d'un Parlement populaire est une «atteinte grave à l'Etat de droit». «La création d'un Parlement populaire est plus qu'une utopie, c'est une atteinte grave à l'Etat de droit, à la pratique de la démocratie et au respect de la volonté populaire», a déclaré M.Ould Kablia, demandant à ceux qui ne reconnaissent pas le Parlement de démissionner et de renoncer à tous les privilèges qu'offre un mandat de député. Sauf que les contestataires, non seulement ne reconnaissent pas l'APN, mais ils installent un autre Parlement qu'ils considèrent «légitime». «Etant membre du gouvernement, Ould Kablia va recruter des fonctionnaires et non des députés à l'APN pour adopter leurs projets», a dénoncé le président du FNA qui prévoit que le mandat de l'actuelle législature «sera plus grave que celui de la précédente». L'installation d'une assemblée parallèle est un fait inédit en Algérie, du moins depuis l'avènement du multipartisme. Il traduit, en fait, l'état d'esprit de la société algérienne où la pratique politique est extrêmement polluée et où la crise de confiance a atteint son paroxysme. Comme les marchés parallèles ne suffisent pas pour étrangler ce pays jusqu'à l'ossification, on passe au stade supérieur pour atteindre les institutions de la République. Et à ce rythme, personne ne sera étonné si demain, un gouvernement parallèle voyait le jour.