Selon Ould Kablia, «c'est une décision hâtive prise sous l'effet de la colère». Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, lance un message aux 16 partis politiques qui ont formé, lundi dernier à Alger, le Front pour la sauvegarde de la démocratie. Dans un entretien accordé, hier, à Algérie Presse Service (APS), il estime que «les députés issus de ces formations doivent démissionner s'il ne reconnaissent pas la future Assemblée». Pour le ministre, qui intervenait à la veille de l'installation de la nouvelle Assemblée, «il était prévisible que les partis qui criaient victoire avant le scrutin, de manière irréaliste, soient désappointés par le vote des électeurs qui les ont jaugés à leur véritable poids. Il est donc normal qu'ils crient à la fraude et au scandale». M. Ould Kablia fait, entre autres, illusion à l'Alliance de l'Algérie verte qui a contesté les résultats du dernier scrutin. La coalition islamiste a obtenu 47 sièges, alors qu'elle revendique une centaine. Le ministre rappelle que «pour ce qui est du report des voix vers certains grands partis, le pourcentage éliminatoire de 5% a été une décision des parlementaires de l'Alliance présidentielle (FLN-RND-MSP)». Il souligne que «le gouvernement avait proposé un pourcentage de 3% dans le projet soumis à l'Assemblée». M. Ould Kablia estime qu'«avec ce dernier taux de 3%, les partis moyens, les nouveaux partis et les listes indépendantes auraient obtenu globalement une cinquantaine de sièges supplémentaires». M. Ould Kablia appelle, d'autre part, les partis, qui ont décidé de boycotter l'APN, «à être logique avec eux-mêmes». «Quand on ne reconnaît pas un Parlement, on démissionne», précise-t-il. Il pense que «c'est une décision prise hâtivement sous l'effet de la colère. Le retour progressif vers l'apaisement les ramènera à la raison et à la normalisation». Il explique qu'«en cas de boycott des travaux de l'APN, la loi ne prévoit rien à ce sujet. Le règlement intérieur de l'APN peut le faire pour prévenir toute forme de dysfonctionnement». M. Ould Kablia considère que «la création d'un Parlement populaire est plus qu'une utopie, c'est une atteinte grave à l'Etat de droit, à la pratique de la démocratie et au respect de la volonté populaire». Rappelons que les 16 partis, composant le FPSD, comptent dans leur rang 30 députés. Le Front national algérien (FNA) a décroché 9 sièges, suivi du Front de la justice et du développement avec 7 sièges, El Fedjr Djadid (5), le Front du changement (4) et le Rassemblement patriotique républicain (2). Le Mouvement El Infitah, le FNIC et le FND, quant à eux, ont obtenu un siège chacun. Outre le boycott de l'Assemblée, ces formations envisagent de créer, samedi, une «Assemblée populaire», qui activerait parallèlement à l'APN. Dans la foulée, «l'absence de contestation populaire» fait croire à Ould Kablia que «les élections ont été transparentes». «Ce qui nous conforte dans notre jugement sur ces élections et leur crédibilité, c'est que nous n'avons vu nulle part le peuple protester pour clamer qu'on lui a volé ou dénaturé son choix.» Le ministre de l'Intérieur affirme que «la confirmation ou la révision des émoluments et des indemnités des parlementaires relève des attributions de l'Assemblée». «Beaucoup de partis et une grande partie de l'opinion publique le souhaitent. Les dernières initiatives visant le boycott renforcent l'idée que cette question doit être examinée en priorité, notamment en liant ces indemnités à la présence et à la participation effective aux travaux du Parlement», conclut-il.