«Où va notre pays?», c'est par cette question très lourde de sens que la présidente du PT s'est adressée, hier, aux membres du comité central de son parti, pour débattre des résultats des élections législatives du 10 mai et des réactions qu'ils ont suscitées au sein de la classe politique et des citoyens. Clamant haut et fort que le PT est la formation politique qui a été la plus lésée à l'issue de ce scrutin, Louisa Hanoune est revenue longuement sur les résultats et sur le désordre qu'ont voulu créer certains partis, en appelant à la création d'une assemblée parallèle pour chambrer l'APN. Qualifiant cette fronde comme un appel du pied, destiné à faire réagir les grandes puissances pour qu'elles interviennent et s'immiscent dans nos affaires, la dame de fer fustige les «comploteurs» qu'elle accuse d' «intelligence avec l'ennemi». «Une invitation nous avait été adressée pour nous joindre au mouvement, mais nous avons refusé, estimant que la chose n'était pas très légale et que d'autres voies existaient pour nous exprimer», a-t'elle déclaré. Se voulant plus explicite et afin de marquer son désaccord, elle a tenu à préciser:«Nous savons que les élections ont été entachées de nombreuses irrégularités, que seulement 30% des électeurs inscrits sur les registres ont voté et que l'on a procédé au bourrage des urnes après dix-huit heures pour favoriser les deux partis au pouvoir, cela ne nous a pas empêché, cependant, de participer à la cérémonie de présentation des députés qui s'est déroulée le 26 mai au Parlement pour marquer notre présence et honorer tous les citoyens et citoyennes qui nous ont fait confiance» Lors de son intervention, la présidente du Parti des travailleurs n'a pas manqué, comme à son habitude, d'égratigner, au passage, «le FLN qui, selon elle, sans le coup de pouce des autorités, n'aurait jamais remporté autant de sièges, lui qui était confronté à des problèmes internes et à une crise très difficile à surmonter». Pour elle, la razzia du «parti unique» ne réglera pas la crise, bien au contraire, elle ne fera que l'accentuer. L'élection présidentielle se profilant à l'horizon, Louisa Hanoune n'écarte pas de nouvelles frondes et de nouvelles luttes au sein de cette formation pour la désignation de son candidat, notamment. Persuadée que le Parlement issu des élections de mai dernier n'est pas légitime en raison des soupçons de fraude qui pèsent sur lui, la présidente du PT a indiqué qu'il n'est pas apte à réviser la Constitution. «Lors du Conseil des ministres qu'il avait présidé le 2 mai, le président de la République avait indiqué clairement, qu'il était hors de question de confier les réformes qu'il avait annoncées à l'ex-Assemblée. Celle qui vient d'être installée n'est pas qualifiée, que va faire, maintenant le chef de l'Etat?», s'est-elle demandée. «La clé du problème, affirme- t-elle, est entre les mains de M. Bouteflika, il appartient à lui, et à lui seul, de prendre les décisions qui s'imposent pour faire passer les réformes.» D'ailleurs, elle n'a pas manqué d'humour à l'égard du nouveau Parlement qui se retrouve, dit-elle, avec une direction bicéphale. Comme elle n'a pas manqué de s'interroger sur la position de certains partis, à l'image du FFS qu'elle a qualifiée de trouble. A une question sur la mission des observateurs qui étaient chargés de superviser les élections, Louisa Hanoune s'est dite persuadée qu' «ils n'ont pas rempli convenablement leur mission et que la caution qu'ils ont apportée cache beaucoup de choses».