[La dissolution du Parlement égyptien déclaré «illégal» ouvre toutes les options en Egypte]La dissolution du Parlement égyptien déclaré «illégal» ouvre toutes les options en Egypte Toutes les conditions sont réunies pour permettre à l'armée de poursuivre son emprise sur la scène politique. Il y a crise lorsque l'ancien régime ne veut pas partir et que le nouveau peine à naître. C'est ce qui se passe actuellement en Egypte. La décision de la Cour constitutionnelle d'invalider les résultats du scrutin législatif pour un vice dans la loi électorale, met le feu aux poudres. Les islamistes crient au coup d'Etat orchestré par l'armée au pouvoir. Le maintien du candidat de l'ancien régime, Ahmed Chafiq, n'est pas fait pour arranger les choses. Les opposants font vite le lien entre ces deux événements accusant le Conseil suprême des forces armées de reprendre à son compte le pouvoir législatif. Un vide institutionnel qui joue effectivement en faveur des forces traditionnelles. Cela s'est déjà passé dans d'autres pays. En Algérie, le Parlement était déjà dissous lorsque le deuxième tour des élections législatives a été annulé. Même le président de la République avait démissionné. S'ensuit une longue période d'état d'instabilité. L'Algérie a alors attendu des années pour normaliser ses institutions: les premières élections après ces péripéties ayant eu lieu en 1995 pour la présidentielle suivie des législatives en 2007. En Egypte, on crie déjà au scénario de la contre-révolution. Rien n'empêche les autorités du pays de décréter à nouveau l'état d'urgence. Les Egyptiens ne sont pas dupes et ne veulent pas la réédition de l'exemple algérien. Toutes ces mesures démontrent, selon eux, que le Csfa est déterminé à reproduire l'ancien régime et que la présidentielle n'est qu'une mauvaise comédie visant à lui permettre de renforcer son emprise sur les rouages de l'Etat et de les mettre au service du candidat de l'ancien régime, Ahmed Chafiq. La Cour constitutionnelle est accusée de n'être qu'un maillon dans la chaîne qui conduit au coup d'Etat. Le Conseil constitutionnel algérien n'a rien trouvé à redire lorsqu'il a reçu la démission du président Chadli. Un an et demi après le départ de Moubarak, on semble revenir à la case départ. Cette situation avantage le camp des conservateurs pour éliminer les islamistes et sans doute (surtout?) les «révolutionnaires» et les modernistes. En Algérie, c'était aussi le sens de l'annulation du deuxième tour du scrutin et de l'interruption du processus électoral. Pour l'instant, le candidat des Frères musulmans pour la présidence, Mohamed Morsi a annoncé qu'il respectait la décision de la Cour. Le sauvetage de Chafiq, arrivé en deuxième position au 1er tour fin avril, serait dû à une campagne axée sur le thème du rétablissement de la sécurité. Il a promis de reconstruire un Etat et une économie modernes, de lancer des grands projets pour résorber le chômage et de garantir les libertés individuelles et de la presse. Tout ce que ne feraient pas les Frères musulmans. Chafiq a aussi des détracteurs car c'est un général à la retraite considéré comme le candidat de l'armée. C'est dans des conditions peu propices que se déroulera donc le second tour aujourd'hui et demain. 50 millions d'électeurs sont invités à se rendre aux urnes. Beaucoup espèrent que les Frères musulmans seront out. Mais ce sont surtout les ingrédients pour une explosion, qui se trouvent en place en Egypte.