Le FMI, perçu comme la ligne de défense la plus crédible contre la contagion de la crise en zone euro, devra attendre avant de toucher les contributions de ces cinq pays. Les puissances émergentes des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont posé lundi leurs conditions avant de verser plus d'argent au Fonds monétaire international, en marge d'un sommet du G20 à Los Cabos (Mexique). Le FMI, perçu comme la ligne de défense la plus crédible contre la contagion de la crise en zone euro, devra attendre avant de toucher les contributions de ces cinq pays. Leurs dirigeants «sont convenus de renforcer leurs propres contributions au FMI», ont-ils indiqué dans un communiqué publié à Los Cabos (Mexique) où sont réunis les chefs d'Etat et de gouvernement du G20. Lundi, l'Inde et la Russie ont promis 10 milliards de dollars chacune. Le ministre des Finances brésilien Guido Mantega a dit de s'attendre à un montant «très proche de ce qui a été déjà annoncé» quand la contribution totale des BRICS était chiffrée à un peu plus de 70 milliards. Mais les BRICS posent deux préalables: que le FMI soit à court d'argent, et qu'il ait mis en oeuvre une réforme de 2010 accroissant les droits de vote de ces pays émergents. L'engagement est pris «étant entendu qu'il ne sera fait appel à ces ressources qu'une fois que les ressources déjà existantes, y compris les Nouveaux accords d'emprunt, auront été substantiellement employées», lit-on dans le communiqué du groupe. Les Nouveaux accords d'emprunt sont un cadre dans lequel près d'une quarantaine d'Etats membres contribuent déjà aux ressources du FMI, et dans lequel il reste de l'argent à piocher. Par ailleurs, les BRICS ont décidé de financer le FMI «en prévision que les réformes convenues en 2010 seront mises en oeuvre dans les délais, y compris une réforme complète des droits de vote et quotes-parts». Le FMI a voté fin 2010 une réforme qui doit permettre aux économies à la plus forte croissance d'avoir au sein de l'institution un rang plus conforme à la taille de leur économie. Toutefois, elle attend la ratification des parlements nationaux, et le processus a pris un retard considérable en vue de l'objectif officiel, qui est une entrée en vigueur en octobre. Depuis que le FMI s'est lancé en décembre dans une collecte d'argent frais, les pays émergents ont insisté pour que cet argent suive, et non précède, de profondes réformes en Europe. Cette collecte a permis d'amasser plus de 430 milliards de dollars promis par la zone euro et d'une vingtaine d'autres pays, pour garnir les coffres du Fonds dans un contexte de crise. Selon le dernier point hebdomadaire sur ses finances, l'institution peut encore engager 380 milliards de dollars pour ses Etats membres. La somme, si elle est importante, n'assure pas de pouvoir faire face à toutes les éventualités à un moment où la crise de la dette en zone euro s'aggrave encore. La décision des BRICS met une nouvelle fois en lumière l'incapacité des Etats-Unis à ratifier la réforme du FMI de 2010. Les Etats-Unis font aussi partie des pays qui n'ont pas souhaité contribuer à l'augmentation des ressources du FMI, avec l'hôte mexicain lui-même, deux autres puissances du G7 (Grande-Bretagne et Canada), et l'Argentine, l'Australie et la Turquie. Le Japon, gros contributeur, a appelé ces pays à mettre la main au portefeuille. «C'est maintenant le tour d'autres pays. Je pense que le G20 sera une autre bonne occasion pour ces autres pays de prendre leur engagement», a affirmé en marge du G20 un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yutaka Yokoi.