La Russie envisage sous condition de mobiliser jusqu'à 20 milliards de dollars pour aider des pays en difficulté de la zone euro via le Fonds monétaire international, a indiqué, avant-hier, un conseiller du président Dmitri Medvedev, en marge d'un sommet UE-Russie à Bruxelles. Arkadi Dvorkovitch, conseiller spécial du chef de l'Etat russe pour les questions économiques, a confirmé d'une part la volonté de son pays de débloquer une première enveloppe de 10 milliards de dollars, déjà évoquée dans le passé par Moscou. Cette promesse sera faite aujourd'hui (jeudi) lors du sommet entre les représentants de l'UE et la Russie à Bruxelles, a-t-il dit aux journalistes à son arrivée. Les fonds sont en fait constitués selon lui d'argent que le FMI aurait dû rétrocéder à la Russie mais que Moscou va lui dire de conserver. Les dix milliards sont une contribution minimum, a-t-il précisé, cela peut être davantage mais pas moins. Nous sommes disposés à envisager dix milliards de dollars supplémentaires à condition que la zone euro en parallèle avance vers son objectif initial de disposer d'un fonds de sauvetage doté d'une puissance de feu financière de 1.000 milliards d'euros, a souligné le conseiller. Or, jusqu'ici, la zone euro a dû revoir en baisse cet objectif. La décision finale de Moscou dépend de ce que fait le FMI en faveur de la zone euro et de la taille du trou à combler entre l'objectif de 1.000 milliards et l'enveloppe qui peut être effectivement mobilisée, a souligné Arkadi Dvorkovitch. Si le trou est de 500 millions d'euros et qu'on ne sait pas d'où proviendra l'autre moitié, cela ne fait pas beaucoup de sens pour la Russie d'abonder ce dispositif, a-t-il averti. Si le FMI décide de mobiliser davantage de fonds en faveur de la zone euro pour freiner la contagion de la crise de la dette qui dure depuis plus de deux ans et menace l'économie mondiale nous ne nous y opposerons pas, a assuré en revanche le conseiller. Les pays BRIC ne s'y opposeront pas, a-t-il insisté. Le groupe dit des BRICS rassemble cinq pays émergents: le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. La Russie a aussi un intérêt personnel immédiat à voir la zone euro se redresser. La crise de la dette provoque en effet une dépréciation du taux de change de l'euro, alors qu'environ 40% des réserves de change russes sont placées en euro. La veille, la monnaie commune a dégringolé sous le seuil de 1,30 dollar pour la première fois depuis janvier, les investisseurs étant de plus en plus sceptiques sur la capacité des mesures annoncées lors du dernier sommet européen des 8 et 9 décembre à régler les problèmes. Les pays de la zone euro ont pris à cette occasion des engagements dans le domaine de la discipline budgétaires mais le point faible de leur dispositif reste le pare-feu financier de l'Union monétaire pour freiner la contagion à des pays comme l'Italie et l'Espagne. Il reste insuffisamment doté selon de nombreux analystes. La zone euro compte à présent en particulier sur le soutien du FMI. L'Europe a annoncé lors de son sommet qu'elle envisageait de transférer jusqu'à 200 milliards d'euros au Fonds monétaire international afin de lui donner les moyens en retour d'aider l'Union monétaire. Elle espère aussi que la communauté internationale mettra au pot en parallèle.