«Je meurs et l'Algérie vivra!» (cri lancé par Zabana sous la guillotine) Alors qu'il ne nous reste que quelques jours pour fêter les 50 ans de l'indépendance, la célébration de cette date historique prend l'apparence d'un ars (fête) géant. L'APC d'Oran et son puissant Office des arts et de la culture (qui avait géré le Festival arabe d'Oran) étaient fiers de présenter leur faste programme du Cinquantenaire. Neuf jours de festivités hautes en couleur avec en prime des concerts et des plateaux d'artistes composés de stars internationales, des parades dans les rues, du sport, du cinéma, du théâtre, des spectacles pyrotechniques. Le maire d'Oran, Zineddine Hassam, a été également heureux et fier de rendre public en ces temps de crise qu'une enveloppe de 15 milliards de centimes (1,5 million d'euros) sera consacrée à ces festivités... dans une seule wilaya. Même si on sait que cet argent sera distribué aux managers des grandes stars de la musique: le King du raï, Cheb Khaled, Cheb Mami, les Abranis, les Gypsies seul représentant de la world music, mais aussi quelques centaines de milliers de dollars aux chanteurs arabes, (lesquels n'ont jamais fait les louanges de la Révolution ou de l'indépendance algérienne): Najwa Karam et Kadem Essaher. Sans oublier la participation d'artistes maghrébins, comme Cheb Bilal, Mohammed Djebali de Tunisie et Daoudia du Maroc. Le clou du spectacle c'est sans doute la programmation du Dj français Michael Vandetta, créateur de la «bogossatitude», lequel s'était rendu célèbre, en menaçant de quitter la France pour les Etats-Unis ou Israël, à la suite de la victoire de François Hollande face à Nicolas Sarkozy.C'est finalement à El Bahia qu'il va jeter ses bases sur le sable d'Aïn Turk pour des soirées «dance-attitude», avec l'argent du pétrole national, que nos aînées ont courageusement acquis, avant 62. Alors que la Révolution était souvent célébrée par le cinéma, la mairie d'Oran n'a, semble t-il pas trouvé de cinéaste algérien disponible ou de film national prêt pour faire appel au réalisateur français René Vautier qui, avec ses 92 ans, a toutes les peines du monde à voyager et surtout s'exprimer sur des films révolutionnaires qu'il a montrés à plusieurs reprises. Il est inconcevable, paradoxal voire incompréhensible que la ville d'Oran, qui possède un stade, un musée ou surtout une ville qui porte le nom du premier martyr de la révolution guillotiné: Ahmed Zabana ait oublié de programmer le film qui évoque son parcours et son combat. Le seul film algérien à ce jour qui fixe la France coloniale au banc des accusés et met sous la lumière le combat de cette jeune génération d'Algériens qui ont pris les armes en 1954. Le seul film qui a fait trembler la commission de sélection de Cannes 2012 et qui continue d'alimenter le débat sur la scène cinématographique internationale. Le film Zabana de Saïd Ould Khelifa, qui reste le seul film de fiction entièrement fini et prêt à ouvrir le top des festivités du cinquantenaire de l'Indépendance, a été, pratiquement, le premier film sélectionné pour le Festival de Dubaï prévu entre les 9 et 16 décembre 2012. Il est sur le point d'être acheté par une chaîne française, en attendant sa programmation dans d'autres festivals internationaux. Alors que le 19 Juin, on célébrait en silence et dans l'anonymat à Oran l'anniversaire de l'exécution de Zabana, la wilaya d'Oran ne devrait pas «tuer» une nouvelle fois la mémoire d'un martyr que la région de l'Oranie et d'El Bahia a enfanté et offert comme jeune martyr pour que l'Algérie vive libre et indépendante. [email protected]