Huit Irakiens ont été blessés hier à Bassorah dans une explosion. Les pays étrangers restent réticents à fournir des troupes. Le président du Conseil communal de Sadr City à Bagdad, a été tué hier par un soldat américain. Ce maire, Mohammed Ghazi Al-Kaabi, pro-américain et installé par la coalition américano-britannique a été tué dans des circonstances qui restent peu claires malgré l'affirmation du Centcom, (Commandement central américain). Après cette bavure, le Centcom affirme, dans un communiqué que «l'événement aurait résulté d'une confrontation à la suite du refus de Mohammed Al-Kaabi de suivre des instructions du responsable de sécurité sur place, qui appliquait les consignes de sécurité découlant des récents incidents à la voiture piégée conformément aux règles d'engagement». La nervosité des forces d'occupation américaines est manifeste comme l'indique la mort brutale du maire de Sadr City. Par ailleurs, au moins huit Irakiens ont été blessés hier à Bassorah, dans le sud de l'Irak, suite à l'explosion d'une bombe en plein centre de la ville. S'il n'y eut pas de mort, en revanche beaucoup de personnes, dont des enfants, sont grièvement blessées selon les premières indications d'un officier de police irakien: «Certains ont été grièvement blessés, mais il n'y a pas de mort jusqu'à présent», ajoutant «Des écoliers se trouvent parmi les blessés. Des garçons et des filles fréquentent cette route pour se rendre le matin à l'école». Le secteur de Bassorah est occupé par les forces britanniques, rappelle-t-on. Pour la première fois, hier, depuis une dizaine de jours, il n'y eut pas de morts parmi les troupes américaines qui avaient perdu une trentaine de soldats, dans différentes attaques de la résistance irakienne, au cours de la semaine dernière. Cette hécatombe parmi les troupes américaines a largement contribué à refroidir davantage l'ardeur des éventuels participants étrangers au maintien de la sécurité en Irak. Aussi, Washington peine-t-il à convaincre les pays tiers à lui fournir des troupes pour l'Irak. De fait, l'enlisement de l'armée américaine, confrontée à une guérilla qui fait montre de beaucoup de pugnacité, le retrait d'Irak de l'ONU et des ONG humanitaires, sont autant de paramètres n'incitant guère les éventuels pays intéressés à envoyer leurs enfants à une mort de plus en plus certaine dans un pays ravagé par la guerre. La première défection est venue de la Turquie, laquelle, après avoir donné son accord de principe pour l'envoi de soldats turcs a renoncé la semaine dernière. Quoique les forces américaines disposent de 130.000 militaires en Irak, appuyés actuellement par 22.000 autres soldats de diverses nationalités, les Etats-Unis sont toujours à la recherche de plus de soldats comme vient de le déclarer le secrétaire à Défense, Donald Rumsfeld, lors d'une interview. Le ministre américain de la Défense indiquait «Je voudrais voir beaucoup de troupes d'autres pays. Et je vais vous dire pourquoi: je crois qu'il est important que d'autres pays soient engagés envers l'Irak et pour le succès en l'Irak» soulignant «Nous voulons voir des chiffres plus importants (...) mais nous ne voulons pas que ce soit des pays qui ne veulent pas être là ou des pays qui ne veulent pas de gros contingents, car nous pensons que les gens doivent faire ce qui est dans leur intérêt». Cette soudaine magnanimité des Etats-Unis, alors qu'ils sont demandeurs, explicite à elle seule la situation difficile où les Américains se sont placés lorsqu'ils déniaient à l'ONU le droit de regard que réclamait pour les Nations unies la communauté internationale. En fait, le piége irakien se referme jour après jour sur les Etats-Unis engagés dans une guerre ruineuse par des stratèges qui pensaient que l'heure de l'Empire américain était venue. Or, c'est le contraire qui est de plus en plus vrai, les Américains se trouvant acculés tant en Irak même, que dans d'autres pays comme en Arabie saoudite. A propos de menaces, l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum au Soudan, a suspendu ses activités pour une semaine suite aux menaces «crédibles» contre les «intérêts américains». Dans un communiqué rendu public hier, l'ambassade américaine à Khartoum indique: «L'ambassade américaine va suspendre ses activités normales à partir du 12 novembre (aujourd'hui), suite aux «menaces crédibles et spécifiques contre les intérêts américains à Khartoum». le même communiqué indique par ailleurs «A la lumière des derniers rapports de certains groupes partisans de la ligne dure au Soudan, mécontents du rôle de l'Amérique dans le processus de paix, l'ambassade américaine estime qu'il est prudent de conseiller, une nouvelle fois, à la communauté américaine de faire preuve de prudence». Le communiqué ne donne pas d'autres précisions à ses affirmations. Dans une première réaction le ministre soudanais de l'Intérieur, Abdel Rahim Mohammed Hussein a indiqué: «Les arrangements pris par le ministère de l'Intérieur et par les services de sécurité constituent une garantie contre toute attaque terroriste visant les étrangers», tout en ajoutant qu'il laisserait à l'ambassade américaine «le soin de prendre les mesures qu'elle juge nécessaires dans l'intérêt de son personnel». Ainsi, après les menaces en Arabie saoudite, c'est au Soudan que les intérêts américains sont menacés, mettant la plus grande puissance du monde sur la défensive.