A deux jours de la clôture du Festival de la Dignité, la capitale de l'Ouest vit au rythme des stars de la chanson. Les habitants d'El Bahia continuent à savourer les effets des festivités prévues par le programme de la 2e édition du Festival de la Dignité qui coïncide cette année avec la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance. A deux jours de la clôture de celui-ci, les habitants et les visiteurs de la deuxième ville du pays ont eu droit à un plateau varié composé de plusieurs stars de la chanson algérienne, maghrébine et même colombienne. Le rock kabyle, le raï, la salsa, la chanson orientale et le chant patriotique ont été au menu d'une soirée qui a duré jusqu'à une heure tardive. A peine annoncés par l'animateur, les rockers kabyles que sont les Abranis, sont entrés dans le vif du sujet en faisant vibrer leurs guitares, batterie et basse, annonçant ainsi que leur spectacle ne passerait pas inaperçu. D'autant plus qu'il s'agit d'affronter un public qui exprime son mécontentement vis-à-vis des chanteurs en les invitant crûment à quitter la scène. Le contraire s'est produit avec Karim et son groupe qui ont été adoptés aussitôt montés sur les planches du Théâtre de verdure. Les Abranis ont gagné la sympathie des spectateurs que l'ont croyait faussement acquis à la musique au verbe cru, le raï. Le groupe a interprété plusieurs chansons, anciennes et nouvelles, devant plusieurs milliers de fans qui ont laissé libre cours à leurs mouvements. Karim, le chanteur du groupe, garde la voix intacte d'un rocker kabyle indétrônable tandis que son fils Yuva se présente parmi les meilleurs guitaristes de l'Afrique. Ce dernier, qui garde à lui seul et modestement le secret de sa réussite, continue dans sa lancée fulgurante. La prestation qu'il a donnée vendredi soir à Oran lui a valu tous les honneurs, puisqu'il a pu focaliser sur lui tous les regards des présents. Comme il a pu attirer toutes les caméras de plusieurs chaînes étrangères en couverture de l'événement international d'Oran: le Festival de la Dignité. Le finish digne des grands guitaristes du monde de la chanson Chenagh le Blues, j'ai chanté le blues, a valu à Yuva un tonnerre d'applaudissements puisque le fils cadet de Karim ne s'est pas démené pour séduire son éternelle compagne, la guitare électrique, qu'il fait parler dans tous les sens y compris avec ses dents et lèvres. «D'où sort-il ce démon. Est-il Algérien?» a ironisé un spectateur fou amoureux du rock. Les Abranis ont, à l'issue de leur spectacle, été «accusés», d'avoir délibérément enflammé plusieurs milliers de spectateurs, alors que le Colombien Vanny Jordan est venu, lui aussi, mettre le feu aux poudres pour embraser davantage les planches du Théâtre de verdure d'Oran en proposant un style qui n'est certes pas nouveau, mais qui reste tout de même à promouvoir en Algérie, celui de la salsa. Les petites langues qui ont commencé à se délier en tentant de complexer le chanteur colombien, ont fini par se taire dès que les rythmes latino-américains ont retenti sous les danses acrobatiques des deux danseuses qui ont accompagné l'artiste tout le long du show. En chantant l'Algérie, l'amitié, la paix, l'amour, la révolution et l'immortel hymne à Che Guevara, Vanny Jordan a laissé ainsi une impression remarquable dans les esprits de ces quelques spectateurs chauvins d'une culture musicale limitée. La soirée atteindra son niveau maximal lorsque le tour de Zina Daoudia est venu. Cette dernière, qui est venue rééditer le coup du Ramadhan 2011, a pu accrocher les présents en leur proposant un répertoire très rythmé basé sur les poèmes élogieux dédiés aux Saints patrons de la ville des Deux Lions. Chaba Zahouania s'est, dans le fil même du spectacle de Daoudia, mise de la partie en rejoignant Zina Daoudia déjà présente sur la scène du théâtre. Sur place, un duo algéro-marocain très rythmé a été improvisé et ce, jusqu'à la clôture de la soirée. En reprenant communément plusieurs oeuvres de chacun des deux artistes, les deux chanteuses ont, dans leur complicité d'une soirée, excellé, aussi bien dans le raï algérien, que dans le chaâbi marocain.