Ils avaient accès aux feux de la rampe dans les années 70, au moment où la chanson kabyle était fixée dans des sonorités sacralisées dont les bribes venaient du Machrek. Les Abranis. Qui se souvient de ces jeunes émigrés découverts à la télé avec leur patte d'Eleph et leurs cheveux sur les épaules ? C'était la première fois que les oreilles chastes des kabyles fans de l'une des valeurs sûres du lyrique comme Chérif Kheddam, découvraient ce groupe constitué en 1967. Bouleversant rythmes et thèmes, les Abranis puiseront dans la mode occidentale du moment le Rock qu'ils “ kabiliseront ”. Au tout début ce groupe était composé de Karim Abranis, chanteur bassiste, puis en 1973 il ouvrira les portes à ses amis Samir Chabane batteur, Madi Mahdi guitariste et Shamy el Baz organiste. Ils ne feront pas long feu. Deux années plus tard le groupe se scinde en deux. Samir Chabane (le batteur) et Madi Mahdi (le guitariste) fondent alors un autre groupe qui s'appelait Syphax. Cinq ans plus tard, deux autres noms, Arezki Barroudi, batteur, et Hachemi Bellali, bassiste, rejoignent le groupe en remplaçant Samir et Mahdi. Déjà au tout début des années 70, les Abranis s'étaient fait tirer une bonne carte de visite après avoir remporté le premier trophée du festival national de la musique organisé à Alger en 1973. Même si le groupe s'était scindé, il n'en demeurait pas moins que leur notoriété fut faite. Leur passage à la télé à cette époque-là sera décisif puisque très vite le groupe se popularise en entamant des tournées aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Naissent alors leurs tous premiers albums dont Linda, Wali Kan, Tizizwa ou encore Avehri particulièrement appréciés en outre- mer, dans une conjoncture excellente des libérations des mœurs qu'avait entraînées mai 68. Après que le groupe se soit scindé en deux, Karim, qui était alors au chant et à la basse, dû se mettre à la guitare et au chant. Plus tard en 1983, le français Yannick Guillo guitariste rejoint le groupe. Plus d'une décennie après la fièvre des Abranis qui ont quitté la scène en 1983, le groupe remontera sur les arènes du spectacle le 29 mars 2007 à l'émission Ighw zif a yid (“ Retiens la nuit ”) puis à l'intérieur du pays à la faveur d' “Alger, capitale de la culture arabe ”. La tournée n'a pas entraîné de raz de marée mais n'a pas été boudée non plus et c'est normal du fait de l'extraordinaire émergence depuis déjà plus d'une vingtaine d'années de toutes sortes de groupes et de chanteurs versés dans les styles musicaux les plus variés. En tout cas pour les férus du rock kabyle ou tout simplement les nostalgiques du lyrisme des années 70, sachez que les Abranis authentiques sont de retour. Le groupe sera le jeudi 12 juin, à l'affiche du théâtre de verdure à l'invitation de l'établissement arts et culture de la wilaya d'Alger. Le groupe dont les membres se sont depuis rasés les cheveux et troqué leur patte d'Eleph contre des jeans célébreront pour l'occasion leurs quarante ans de carrière.