«Une obsession en chasse une autre. C'est comme la diète.» Wilfrid Lemoine Cela devient alarmant! Cela devient extrêmement dangereux pour les gens comme vous et moi! Cela devient de la paranoïa au point que cela frise le ridicule. Le dernier fait divers survenu dernièrement dans un train de la Sncf du pays des Droits de l'homme et du citoyen est banal quant à son origine et original quant à son développement. Rassurez-vous! Il n'y a pas eu mort d'homme: on n'a pas jeté un Maghrébin par la fenêtre comme cela s'était produit une fois; Roger Hanin, le pied-noir d'origine juive, en a fait un film dans les années 1980, un beau film sur le racisme ordinaire en France. D'autres faits divers ont émaillé les voyages en train dans ce pays où l'exactitude est la politesse de la Sncf: attaques à main armée, rixes... La dernière altercation survenue dans un compartiment où se trouvaient réunis des jeunes d'origines diverses a pris une telle ampleur que l'on se demande si le Conseil de sécurité ne va pas se dessaisir du dossier brûlant du Sahara occidental pour se focaliser sur une bagarre entre adolescents: la personne qui a porté plainte pour agression était, en effet, selon les témoins, des fonctionnaires de la Sncf, neutres dans tout ce qui touche aux relations entre voyageurs qui ont payé leurs billets, était l'agresseur, celle qui a levé la main sur ses antagonistes. Mais voilà, l'agresseur qui a porté plainte est d'origine juive et a fredonné sa plainte sur le mode de l'antisémitisme parce que ses adversaires sont d'origine maghrébine, en un mot de potentiels sémites! Les fonctionnaires de la Sncf ont juré, la main sur le coeur, qu'ils n'ont entendu aucune insulte provenant des descendants d'Abraham et portant sur la nature des enfants d'Isaac. Mais voilà, la justice française qui ferme volontiers les yeux sur bien de racismes ordinaires a décidé de convoquer tous les voyageurs du train qui ont assisté à cette scène qui jure avec les Accords d'Oslo! Et pourquoi pas Serge Klarsfeld, BHL, Bernard Kouchener ou DSK, pendant qu'on y est! Pourvu qu'Eric Zemmour ne soit pas du voyage. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n'arrête pas. Il utilise tous les créneaux, il occupe tous les canaux de la communication. Il envahit tous les espaces désertés par des démocrates frileux. Il n'arrête pas de se lamenter sur les atroces souffrances réservées au peuple élu de Dieu. Il s'attarde sur tous les détails sordides qui l'ont mis en croix, il ajoute même du sang sur la page ensanglantée d'une histoire ressassée sans fin aux enfants des enfants afin que nul n'oublie. On a même fabriqué un vocabulaire approprié. L'holocauste, la Shoah! On censure ceux qui osent porter un doute sur les chiffres, on condamne même ceux qui osent risquer une blague. Défense d'en rire! Dieudonné en a fait les frais. Des spectacles ont été perturbés et même interdits. Des ligues, des associations, des mouvements se sont portés partie civile. Une mythologie a été créée autour du Petit Poucet confronté à l'ogre arabe. Un romantisme délirant s'est construit autour de l'édification des villages socialistes dans la vallée du Jourdain, dans un milieu hostile. Des films ont été tournés pour encenser l'épopée de ces valeureux pionniers venus apporter la civilisation dans ces territoires jusque-là livrés aux émirs. Exodus! Des chansons ont été composées pour faire partager aux Européens la joie de vivre d'un peuple délivré de la barbarie nazie. Les intellectuels qui osent mettre en doute les vertus libératrices, pacificatrices et civilisatrices du peuple élu sont voués au silence radio. Rappelez-vous Garaudy, l'abbé Pierre. Défense de reconsidérer l'Histoire. Durant les années 1970, de la présidence de Pompidou jusqu'à celle de Giscard et même sous Mitterrand, de nombreux crimes racistes à l'encontre de Maghrébins ont eu lieu sans que la classe politique française s'énerve comme elle vient de le faire à l'occasion d'un pseudo-attentat raciste perpétré dans le RER. Au plus fort de la brouille franco-algérienne, les policiers français traquaient le faciès dans les couloirs du métro. Souvenez-vous de la sortie du regretté M'hamed Yazid aux journalistes français: «C'est un bougnoule qui vous parle.» Moralité: avant de monter dans un compartiment de la Sncf, assurez-vous que vos compagnons de voyage ne sont pas d'origine juive. Autrement, cela vous coûterait une virée devant le tribunal pénal international.