Les propos "haineux" de Marine Le Pen ont suscité une onde de choc au sein de la communauté musulmane en France. En établissant un parallèle avec "l'Occupation" nazie pour vilipender les "prières de rue" des musulmans, Marine Le Pen renoue avec la stigmatisation des immigrés d'origine maghrébine, son arme électorale la plus précieuse. Une arme de "discrimination massive" qui fait recette en France. Et en dépit des condamnations qui ont fusé de tous les pôles politiques français, la nouvelle sortie de celle qui rêve de conquérir la présidence du Front national témoigne parfaitement du retour en force du discours raciste dans l'Hexagone. Un discours qui s'invite aujourd'hui à la place publique sans aucun tabou et sans la moindre réticence. Depuis le début du fameux débat sur l'identité nationale initié par l'establishment de Nicolas Sarkoy, les dérives racistes dont est victime la communauté maghrébine ne se comptent plus au regard de leur fréquence qui est devenue régulière. Certes, les mouvements de lutte contre le racisme font de la résistance et tentent tant bien que mal de contrer cette offensive xénophobe. D'ailleurs, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a annoncé officiellement qu'il va porter plainte contre Marine Le Pen "pour incitation à la haine raciale". Cependant, force est de constater qu'une passivité à la fois politique et culturelle face au discours raciste anti-maghrében est en train de faire son chemin dans la société française. Les signaux qui traduisent cette réalité amère ne trompent pas. Pour preuve, il y a quelques semaines, pursuivis par SOS Racisme et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) pour provocation à la haine envers une religion, le tribunal correctionnel de Paris a décidé de relaxer Jean-Marie Le Pen. Et pourtant, les "troupes" du leader du Front National ont placardé dans plusieurs villes en France des affiches qui représentaient une femme intégralement voilée, derrière laquelle se trouvait une carte de France aux couleurs du drapeau algérien et de sept flèches en forme de missiles symbolisant des minarets ! Une telle affiche n'est-elle pas une incitation à la haine ? Et ben, pour le tribunal correctionnel de Paris, rien ne prouve que Le Pen était "l'auteur de l'affiche ou le directeur ou le producteur des sites incriminés" ! La Justice Française aurait-elle prononcé un pareil acquittement si c'était le drapeau israélien qui recouvrait l'Hexagone ? Certainement pas, diront les mauvaises langues... En tout cas, cet épisode, et tant d'autres encore, relance plus que jamais le débat, et nourrit les incertitudes, sur la volonté politique du gouvernement français à bannir le racisme anti-maghrébin de la place publique.