«Dieu ne donne des fèves qu'à celui qui n'a pas de dents.» Proverbe marocain Alors que l'Algérie, la Tunisie et certains pays arabes et musulmans ont acheté les droits de télé du plus important feuilleton dans l'histoire de l'audiovisuel arabe Omar, le Maroc a décidé de ne pas acheter ce feuilleton trop cher pour les finances de l'audiovisuel marocain. Une délégation de la 2M était même en négociations avec le groupe saoudien MBC, avant de faire marche arrière. Et pourtant deux facteurs importants devaient inciter le Maroc à acheter ce feuilleton avant même l'Algérie ou la Tunisie. Une grande partie du tournage de ce feuilleton a eu lieu justement au Maroc, dans les plus grands studios de cinéma d'Afrique et du Monde arabe: Ouarzazate. C'est dans cette région située au sud-est du Maroc qu'ont été tournées les séquences de La Mecque et des Palais de Rome et des Perses. Des studios construits à l'époque par l'Italien Dino Di Laurentis et où 36 000 accessoires et costumes conçus par Enrico Sapatini sont mis à la disposition des productions américaines et européennes. C'est dans les studios marocains Atlas construits en 1983 et où ont été tournés Cléopâtre, Gladiator ou encore Samson et Dalila ou encore les studios Andromeda où ont été tournés Laurence d'Arabie, Astérix et Obelix ou encore le film l'Algérie des Chimères de François Luciani, qui raconte l'histoire de la conquête française de l'Algérie au début du XXe siècle. Pourquoi le Maroc, qui a offert des décors fabriqués et naturels, des figurants, des techniciens et même des chevaux et son armée, n'a pas bénéficié des avantages de cette production ou à la rigueur obtenir un prix spécial et diffuser le feuilleton en exclusivité dans le Maghreb? Le Maroc n'a jamais imposé des conditions strictes pour tourner dans son pays, ce qui explique que la majorité des productions occidentales préfèrent tourner au Maroc, même quand il s'agit de sujet sur l'Algérie ou même l'Egypte, alors que ce pays dispose de studios et des décors historiques encore debout. Même le film Errissala (The message) de Mustapha Akkad a été tourné au Maroc, plus précisément dans le village d'Aït Bouchent à 25 km de Marrakech. C'est dans ce village anonyme que fut monté le décor complet de La Mecque avec la Kaâba et où ont été tournés plus de 60% du film. Mais après quelques mois de tournage, le Roi d'Arabie Saoudite qui a eu vent de la construction d'une Kaâba identique à celle des Lieux Saints, a ordonné au roi Hassen II, de mettre un terme au tournage, sinon il couperait les aides financières au Royaume chérifien. Le Maroc, qui menait une guerre froide contre l'Algérie, ne pouvait pas se passer de l'argent des Saoudiens pour financier ses FAR (Forces armées royales). Après cet incident, Akkad s'est tourné vers l'Algérie pour poursuivre le tournage du film, mais à l'époque les responsables du cinéma en Algérie lui ont conditionné la coproduction avec l'Algérie, ce qu'Akkad a violemment refusé et le film fut terminé en Libye à Benghazi sous l'autorité d'El Gueddafi. Ainsi, depuis des années les Marocains participent aux tournages des plus beaux films du monde mais ne goûtent pas au plaisir de les regarder chez eux, car ils n'ont acquis aucun droit de diffusion, se contentant seulement de faire des prestations de service. Enfin, la deuxième et la plus importante raison qui aurait pu pousser le gouvernement marocain à acheter les droits du feuilleton Omar, c'est le nouveau cahier des charges de l'audiovisuel du gouvernement islamiste Benkirane, qui aspire à la promotion des programmes religieux de qualité. [email protected]