Le chef de l'Etat mauritanien, a déclaré hier qu'il n'entendait pas quitter le pouvoir malgré les manifestations et les appels de ses opposants lui demandant de «dégager» et l'accusant de «despotisme et de gabegie». A l'occasion du troisième anniversaire de son investiture à la tête de l'Etat mauritanien, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a organisé une sorte de débat avec les citoyens mauritaniens lors duquel des questions lui ont été posées lui donnant de faire le bilan de son action à la tête de l'Etat depuis son élection en 2009. Le Mali, la situation de l'ancien proche d'El Gueddafi, Abdallah Al Senoussi actuellement détenu en Mauritanie, comme son avenir politique ont été évoqués. Sur la situation au Mali voisin, sur la question de l'ancien chef du renseignement libyen, Abdallah Al Senoussi, sur son avenir politique, Ould Abdel Aziz n'a esquivé aucune question répondant du tac au tac. Dans cette rencontre avec le peuple à Atar, dans le nord de la Mauritanie, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a ainsi affirmé dans la nuit de dimanche à lundi que son pays «n'interviendra pas militairement au Mali», estimant que «le problème malien est complexe» et que son pays n'en possède pas la solution. «La Mauritanie n'interviendra pas militairement au Mali» a déclaré M.Ould Abdel Aziz lors de cette rencontre à l'occasion du troisième anniversaire de son accession au pouvoir, le 5 août 2009. «Le problème est très complexe, nous n'en possédons pas la solution» a-t-il ajouté, estimant toutefois que son pays «fait partie de la communauté internationale» qui «doit aider» Bamako à trouver une solution à l'occupation de «65% de son territoire par des terroristes». Tout le nord du Mali est occupé depuis fin mars par des groupes islamistes liés à Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) qui possède des bases dans ce vaste territoire d'où elle agit dans plusieurs pays du Sahel, dont la Mauritanie. En 2010 et 2011, l'armée mauritanienne a mené à plusieurs reprises à titre «préventif' des raids militaires au Mali contre des bases d'Aqmi, notamment dans la région de Tombouctou, ville aujourd'hui entièrement contrôlée par un de ces groupes, Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) et Aqmi. Selon le président Ould Abdel Aziz, la «solution doit passer d'abord par la mise en place au Mali d'un gouvernement fort et représentatif» de toutes ses forces politiques avant d'engager une action contre «le risque terroriste qui va grandissant et qui peut constituer une catastrophe pour le monde entier». «Nous avons vu venir ce problème, nous l'avons alors dit et l'histoire nous a donné raison» a-t-il affirmé en soulignant la portée de l'intervention de son armée ces dernières années contre les «bandes criminelles qui nous menaçaient depuis le nord de ce pays voisin». A propos de la situiation de l'ancien responsable des services de renseignement d'El Gueddafi, Abdallah Al Senoussi, Ould Abdel Aziz a déclaré que celui-ci «doit être jugé en Mauritanie» avant qu'une décision soit prise sur son éventuelle extradition. «M.Al Senoussi a des problèmes avec la justice en Mauritanie, il doit être jugé pour son entrée avec une fausse identité en Mauritanie», a affirmé le président Aziz.Selon lui, «le passeport avec lequel Al Senoussi est entré en Mauritanie n'est pas falsifié, mais il y est indiqué qu'il est Malien et il se présente sous un faux nom, ce pourquoi la justice mauritanienne doit le juger». Le chef de l'Etat a indiqué que «cette situation a été expliquée aux délégations libyennes venues demander l'extradition, tout comme à la partie française» qui réclame également l'extradition de l'ex-chef libyen des services de renseignements pour son rôle dans l'attentat contre un avion d'UTA en 1989. Entré en Mauritanie avec un passeport malien sous une fausse identité, M.Al Senoussi avait arrêté dans la nuit du 16 au 17 mars à l'aéroport de Nouakchott, alors qu'il arrivait du Maroc. Abordant la question de sa situation à la tête de l'Etat le président Ould Abdel Aziz a affirmé qu'il n'entendait pas quitter le pouvoir malgré les manifestations et les appels de ses opposants lui demandant de «dégager» et l'accusant de «despotisme et de gabegie». «Je n'entends pas quitter le pouvoir, parce que je pense que dans une démocratie, l'alternance doit se faire par la voie des urnes».. Les dix partis de la Coordination de l'opposition démocratique (COD) ont multiplié ces derniers mois meetings, sit-in et marches pour exiger son départ. Ils ont signé samedi à Nouakchott une charte qui fait de sa démission un préalable à la «solution de la crise politique qui secoue le pays». «Ce n'est pas le mot «dégage» écrit sur une banderole ou une manifestation de rue qui peuvent faire partir quelqu'un», a ironisé le chef de l'Etat. «J'ai été démocratiquement élu à plus de 52%», a rappelé le président mauritanien, un ancien général qui avait pris le pouvoir par un coup d'Etat avant de se faire élire président.