Le président français François Hollande Au sud de la Méditerranée, la France compte bien booster ses relations économiques avec l'Algérie. La coopération entre la France et l'Algérie dans le domaine économique a des chances de revêtir une nouvelle dimension au lendemain de la tenue de la Conférence des ambassadeurs, qui s'achève aujourd'hui à Paris. Le président français, François Hollande, qui devra se rendre à Alger avant fin 2012, a fait savoir que l'une de ses priorités en politique étrangère, reste le dossier économique. La Conférence des ambassadeurs est une réunion annuelle de quelque 200 diplomates français et elle est l'occasion pour le président de leur donner leur feuille de route pour l'année à venir. Il va sans dire que l'ambassadeur de France à Alger, André Parant, mettra à profit son déplacement dans son pays pour se pencher sur les modalités pratiques à même de booster la coopération à un niveau plus élevé. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a déjà donné le ton en mettant l'accent sur le dossier Renault. Si le thème retenu cette année est la diplomatie économique, c'est que les échanges avec les autres pays de la Méditerranée vont bénéficier de l'attention des nouveaux dirigeants de la France qui ne veulent pas perdre pied face à la concurrence des Chinois. Toutes les conditions sont réunies pour donner un nouvel élan au partenariat entre l'Algérie et la France, a indiqué, en juillet dernier à Alger, Laurent Fabius. «Je peux dire que nous avons tous les éléments pour faire un grand chemin ensemble», a-t-il déclaré à l'issue de l'audience que lui a accordée le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. A l'époque, même l'analyste et expert international Abderrahmane Mebtoul avait soutenu que «si l'on s'en tient aux aspects économiques, l'objectif de cette visite doit s'inscrire dans le cadre de la volonté des deux pays à dynamiser les relations économiques par le biais de partenariats interentreprises de type gagnant-gagnant». En expliquant la teneur des échanges entre la France et l'Algérie, il constate qu'ils ont plus que triplé en douze ans alors que les 430 entreprises françaises présentes en Algérie emploient plus de 35.000 personnes sans compter les emplois indirects. 180 PME françaises sont intéressées à investir en Algérie, selon des sources françaises, en plus des grandes entreprises qui sont déjà présentes comme Alstom. Selon le ministère français des Affaires étrangères, les relations économiques et commerciales ont progressé de manière très rapide depuis 1999 et ont dépassé les 10 milliards d'euros pour la première fois en 2008, répartis presque également entre importations (5,5 milliards d'euros) et exportations (4,8 milliards d'euros). L'Algérie est le premier partenaire commercial de la France en Afrique (Maghreb, Egypte comprise, et Afrique subsaharienne). Il est poursuivi que si l'on étend les comparaisons au reste du monde, l'Algérie est le troisième marché pour les exportations françaises hors pays de l'Ocde, après la Chine et la Russie. La moitié des exportations françaises sont réalisées par des PME. Les investissements français (2e investisseur en Algérie, 1er hors hydrocarbures) se développent à un rythme rapide, estime-t-on. Ce renouveau n'aurait pas été possible sans l'impulsion des autorités politiques. C'est le cas pour la visite du président Chirac en Algérie en mars 2003 pour inaugurer une relance de la coopération à travers la construction d'un partenariat d'exception entre les deux pays. Il y a eu ensuite une autre visite d'Etat en décembre 2007. De nombreux accords lient les deux pays comme ceux de juin 2008 sur la coopération, et pas seulement en économie, car il s'agit de l'énergie nucléaire civile et en matière de défense. La relation bilatérale s'est encore renforcée par la mission de Jean-Pierre Raffarin comme coordonnateur français pour les dossiers d'investissements franco-algériens. Du côté français, la coopération s'étend aux services des banques et assurances, l'agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et les produits issus de l'industrie automobile pour la partie française. La conférence d'hier a abordé le thème lié à la stratégie vis-à-vis des nouveaux pays émergents et du «Nouveau Monde arabe». Les intervenants n'étaient autres que Fathallah Sijilmassi, secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée, et Gilles Kepel, professeur des universités à Sciences-Po Paris, avec comme modérateur Jean-François Girault, directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient.