les enseignants ont dénoncé les décisions prises par le Conseil des ministres. Comme il était attendu, les lycées de Constantine ont repris leur activité hier, même si cela était mitigé avec une nette tendance à la reprise. Les informations données par la direction de l'éducation ont estimé cette reprise à 75%, un taux qu'on pouvait vérifier sur place, mais qui n'explique nullement une réaction de peur face aux menaces du gouvernement. Bien au contraire, des enseignants qui avaient décidé de geler leur grève lors de réunions tenues la semaine dernière n'ont pas hésité à dénoncer les mesures répressives annoncées par Benbouzid et souligner le fait que leur décision n'obéit pas à la crainte. C'est le cas du lycée Boudjenana où les grévistes avaient rejoint leurs postes de 8h à 10h pour décider ensuite d'un arrêt de travail d'une journée comme signe de refus de «la terreur» que tente d'imposer le pouvoir. Dans un communiqué rédigé au terme de l'assemblée générale tenue au sein de l'établissement, les enseignants de Boudjenana ont dénoncé les décisions prises par le Conseil des ministres avant de rappeler que «les résultats obtenus peuvent fonder la décision de reprendre le travail tout en réservant le droit au mouvement de protestation de continuer la lutte après la grève pour l'amélioration des conditions socio-professionnelles». Le communiqué précise également que «l'ensemble des enseignants du lycée a déjà exprimé son opinion consistant à éviter toute revendication à même de pousser à une impasse», allusion faite au point concernant l'agrément auquel s'accrochent les adhérents du Cnapest pour justifier la reconduction du mouvement et qui est loin de faire l'unanimité à Constantine. Le débat engagé d'ailleurs à travers de nombreux établissements avait contribué à dégager une bonne majorité autour de la priorité donnée aux revendications avant l'agrément alors qu'une autre idée fait son chemin pour capitaliser ce mouvement non pas au nom d'un seul syndicat, mais autour d'une dynamique qui place au premier plan l'intérêt des enseignants. Dans la foulée, le communiqué n'a pas omis de dénoncer le déplacement de l'équipe de l'Entv venue filmer les images de la reprise et «exploiter bassement la position que nous avons défendue depuis une semaine. Aussi, nous considérons que toute déclaration au nom de notre établissement est nulle et ne représente qu'une position personnelle». Le choix de la télévision inspire, en effet, l'idée de manipulation puisque la même équipe n'a pas daigné couvrir l'événement dans l'un des plus grands lycées de la wilaya, en l'occurrence le lycée Benbadis, situé pourtant en face du siège de l'Entv. Les enseignants de cet établissement ont choisi de reconduire la grève suivant le mot d'ordre du Cnapest, et même leurs élèves ont manifesté leur solidarité refusant la décision d'engager «des remplaçants sans expérience qui hypothèquent leurs chances devant l'épreuve du baccalauréat». Il faut signaler que l'accès nous a été refusé, hier, dans plusieurs lycées à l'image d'El Houria qui a enregistré pourtant une reprise de 100%. Nous saurons, par ailleurs, que les sanctions n'ont pas été appliquées hier par la direction de l'éducation pour donner du temps aux grévistes.