Le Ministère de l'éducation nationale tente de rassurer “La reprise est appréciable” M. Khaldi, chef de cabinet de Boubekeur Benbouzid, affirme que le spectre de l'année blanche est définitivement écarté. “Nous ne sommes pas surpris par une reprise appréciable des enseignants grévistes”, nous a déclaré, hier, Boubeker Khaldi, chef de cabinet du ministre de l'éducation nationale. Il a affirmé qu'hier à 9h, l'ensemble du corps professoral des lycées de certaines wilayas de l'intérieur du pays (Laghouat, El-Bayadh, Oum El-Bouaghi et Tissemsilt) a rejoint les classes. Dans les wilayas d'El-Tarf, Khenchela, Médéa, Skikda et Tébessa, le taux de reprise a été évalué à 80%. Selon le représentant de la tutelle, deux établissements de l'enseignement secondaire à Tizi Ouzou et quatre à Alger ont connu une interruption totale de la grève. “Dans beaucoup d'autres établissements, des groupes d'enseignants ont regagné leurs postes”, a soutenu M. Khaldi. En fin de journée, le taux de reprise a davantage évolué, selon notre interlocuteur. “à Constantine, à Tiaret, à Guelma et à Tlemcen, les enseignants ont suspendu leur grève à hauteur de 80%. à Alger et à Tizi Ouzou, le taux de reprise des cours est respectivement de 49 et 46%”, a avancé M. Khaldi. “Il n'y a plus aucun prétexte à la grève des enseignants, puisque les revendications ont été majoritairement satisfaites”, a-t-il ajouté. Les enseignants qui n'auront pas rejoint leurs classes, aujourd'hui, à la première heure, c'est-à-dire 8h du matin, seront considérés en abandon de poste et par conséquent radiés de la chaire de l'enseignement. Les directeurs des établissements scolaires, réunis, vendredi dernier, avec les responsables de l'inspection académique, ont reçu l'instruction d'appliquer les mesures coercitives, contenues dans la circulaire ministérielle n°1120 établie le 24 novembre, soit juste après la fin du conseil de gouvernement, dès dimanche matin. Ils ont ordre d'interdire l'accès des lycées aux enseignants grévistes et de leur présenter la notification de la radiation. Ils seront remplacés, selon des proviseurs de lycée, avant la fin de la semaine en cours, par des vacataires, des universitaires ou plus probablement par des diplômés de l'Ecole normale supérieure, demandeurs d'emploi. “Ces diplômés sont liés à la tutelle par un contrat qui les empêche de refuser le poste qu'on leur offre, au risque de ne plus avoir la possibilité de prétendre à un emploi dans le secteur de l'enseignement”, nous a expliqué une directrice d'établissement scolaire. Le gouvernement n'a donc pas pris la décision de radier les professeurs grévistes sans réfléchir à une solution de rechange, même si elle est loin d'être excellente eu égard à l'inexpérience avérée des postulants aux postes devenus vacants. Le gouvernement n'aura réussi, en définitive, qu'à sauver des centaines de milliers de lycées de l'année blanche, dont le spectre est définitivement écarté, selon le chef de cabinet du ministre de l'éducation nationale. Souhila H. Les politiques s'expriment FLN : “Seul le dialogue...” “(…) Le parti du FLN estime que le mode privilégié par les pouvoirs publics dans la gestion de ce conflit a eu pour conséquence d'introduire de nouveaux éléments de tension et d'exacerber encore davantage une situation déjà fort tendue (…). Le parti du FLN appelle toutes les parties concernées à retrouver le chemin du dialogue et de la concertation, seul à même de permettre une solution prompte et satisfaisante à ce conflit dans le cadre de la conciliation entre les légitimes aspirations socioprofessionnelles des enseignants et le droit inaliénable de nos enfants à la scolarité. Le parti du FLN considère que le recours à un mode de gestion autoritariste relève d'un style de gouvernance qui est totalement en décalage avec les évolutions de la société algérienne (…)” MDS : “Dérive despotique” "Refusant un véritable dialogue mené jusqu'au bout avec les représentants des enseignants en grève, le pouvoir qui tourne le dos à la société pour des alliances douteuses dénie maintenant le droit aux professeurs de lycée de se réunir en assemblée dans leur établissement pour décider souverainement du cours à donner à leur mouvement. Le gouvernement dont les pratiques anti-démocratiques sont avérées prétend dans le même moment être attaché aux intérêts des élèves tout en menaçant de recourir à de jeunes universitaires sans expérience pour remplacer les grévistes qu'il se prépare à radier. Voilà, en vérité toute l'attention que peut réserver un tel pouvoir aux lycéens dont il est prêt à mettre l'avenir en péril tout en marquant son manque de sincérité à conduire les réformes nécessaires pour refonder l'école algérienne. De telles réformes exigent, en effet, la revalorisation du statut de l'enseignant pour permettre la revalorisation du savoir (…)” Sur les pas du porte-parole du CLA La longue journée d'Osmane Six heures tapantes, c'est le réveil. La journée d'hier pour Osmane Redouane, SG du Conseil des lycées d'Alger (CLA), est à marquer d'une pierre blanche. Il est le porte-parole de nombreux enseignants de plusieurs lycées d'Alger aujourd'hui menacés de radiation s'ils persistent dans la grève, à l'instar de leurs collègues dans les autres wilayas. Pour Osmane, c'est une grande responsabilité qu'il faut absolument honorer. Et pour attaquer cette journée cruciale, il n'y a pas mieux pour lui, après un bon café, que de feuilleter quelques lignes de Jean Sénac. 7h30. Osmane est définitivement arraché à ses pensées par les sonneries incessantes du téléphone. Il prend la peine de répondre patiemment à toutes les interrogations des enseignants d'Oran, de Médéa, d'Oued Souf, etc. “À mes yeux, tous les enseignants se valent. Nous sommes tous dans la même galère”, nous dit Osmane pour qui il est déjà l'heure de quitter son domicile. C'est le tour habituel des “popotes”, comme se plaît à le qualifier Osmane. Il s'agit d'appeler tous les lycées pour prendre la température. Les échos sont positifs. C'est la quasi-paralysie de tous les lycées. “C'est bon pour le moral des troupes”, nous dit Osmane, avant d'aller au Golf, direction ministère de l'Education. Il était question de remettre à la tutelle la déclaration émise la veille, à l'issue de l'assemblée générale. Au département de Benbouzid, on ne daigne pas les recevoir. “Envoyez votre courrier par voie postale”, lui signifie-t-on. Sans hésiter, Osmane prend un autre taxi pour aller voir un huissier. “Ce sera à lui de se charger de remettre le courrier”, précise Osmane, avant de se rendre à la permanence qui n'est autre que le siège du CNES. À son arrivée, Osmane est littéralement pris d'assaut par des enseignants visiblement inquiets, mais tout à fait déterminés à ne jamais céder. “Mériane, SG du Cnapest, est invité par le ministère à dialoguer”, apprend Osmane, sans laisser paraître la moindre surprise. “Après avoir tenté le dialogue avec la FNTE et avec nous, le ministère passe au troisième scénario. J'espère que le Cnapest saura se montrer intransigeant comme nous l'avons été”, commente le syndicaliste aguerri, avant de prêter une oreille attentive aux nombreux enseignants. Dans certains lycées, les professeurs ont été sommés de quitter les lieux. Des enseignants se sont plaints de la désinformation à laquelle s'adonnent les médias lourds, en déclarant que plusieurs lycées ont repris leurs activités alors qu'ils étaient présents au siège du CNES, comme c'est le cas d'un lycée à El-Achour ou encore de celui de la Verte-Rive à Bordj El-Kiffan. Osmane trouve à chaque fois des mots rassurants pour apaiser les esprits tourmentés. “Ne faites pas attention à ce que disent les uns et les autres. Beaucoup tenteront la manipulation. Suivez les AG qui se tiennent chaque matin dans les établissements. C'est votre boussole. Le piquet de grève se maintient de 8h30 à 12h30 à l'intérieur. Demain matin, présentez-vous à vos lycées respectifs accompagnés d'un huissier qui devra constater les faits, si les proviseurs vous interdisent l'accès, car ils n'ont pas le droit de le faire sans présenter des réquisitions”, leur dit Osmane, avant de les inviter à l'assemblée générale prévue pour aujourd'hui à 10 heures au siège du CNES. Osmane refuse d'être qualifié de meneur. Il se dit être le porte-parole des enseignants et c'est en leurs noms qu'il rejoint l'AG du Cnapest, à 13h30, et prend la parole pour réitérer son appel à l'unité des deux syndicats afin de contrecarrer toutes les tentatives de division. “Les enjeux de cette crise ne sont pas seulement les 5 000 DA arrachés, mais c'est surtout la naissance d'un représentant syndical autre que l'UGTA. Quoi qu'ils fassent, ils ne pourront jamais ôter des mémoires cette étape de notre combat et c'est cela notre récompense. Ce sont de nouvelles relations de travail qui sont en train de se construire. Notre dignité a été piétinée pendant 40 ans et il n'est pas question que cela continue.” Osmane n'a pas besoin d'en dire plus. Il cède place au SG du Cnapest qui vient d'arriver. D'autres rendez-vous l'attendent encore. Vers 14 heures, il reçoit un appel de sa mère. Paniquée, celle-ci lui apprend qu'il vient de recevoir une convocation pour le tribunal. Il n'est pas le seul, plusieurs autres enseignants en ont reçues aussi. Mais Osmane reste serein. Il continue à rassurer les autres et à faire patienter sa mère qui ne veut pas déjeuner sans lui. Ce n'est que vers 15 heures qu'il arrive à s'arracher à ses obligations. La journée n'est pas finie. Rendez-vous pris avec les membres du bureau pour un briefing à 16 heures. Une réunion qui pourrait durer des heures. Mais qu'importe, le jeu en vaut bien la chandelle. Nabila Saïdoun Une délégation du Cnapest devait être reçue par Benbouzid Rencontre avortée Finalement, la rencontre prévue, selon les responsables du Cnapest, avec le ministre de l'Education, a avorté. D'après les membres du bureau national de ce syndicat, une délégation, composée des membres du bureau, conduite par M. Mériane, était prête, hier, à aller s'asseoir à la table des négociations avec le ministre de l'Education pour trouver une solution au confit. Cette rencontre aurait été arrangée avec la médiation du wali de Jijel, M. Zemouri, en coordination avec M. Amar Benflis, directeur de l'éducation de cette wilaya. Cette nouvelle a été bien accueillie par l'ensemble des professeurs, car aujourd'hui, la situation est dans une impasse totale. D'après M. Mériane, la rencontre était prévue à 10h, hier matin. Le secrétariat du ministère leur a signifié de rappeler dans l'après-midi car M. Benbouzid recevait une délégation de l'éducation française. Vers 15h30, le coordinateur du Cnapest recontacte le ministère, et la secrétaire lui apprend que le conseiller du ministre étant en réunion ne pouvait pas communiquer avec eux. “Par ce comportement, le ministre prouve qu'il veut le pourrissement en refusant le dialogue. Il ne laisse aucune marge de manœuvre au conseil national du Cnapest qui prendra sa décision aujourd'hui. Alors, qu'il assume les conséquences”, réagit M. Mériane. Pour sa part, le ministère de l'Education dément, dans un communiqué parvenu à la rédaction, en début de soirée, les informations selon lesquelles cette rencontre devait avoir lieu. Ce document précise que toute rencontre susceptible d'avoir lieu à ce niveau ne pourrait être envisagée qu'à l'issue de la reprise totale du travail. Dans ce même communiqué, le ministère fait état d'une reprise d'activité dans les lycées à hauteur d'une moyenne nationale de 67%. On peut aussi lire sur ce document que le ministère de l'Education procédera, aujourd'hui, à la mise en œuvre des mesures gouvernementales et lancera le recrutement des diplômés en remplacement des enseignants radiés. Mourad Belaïdi LA GRÈVE DES PROFS SE POURSUIT DANS LA CAPITALE Les lycées d'Alger sous haute tension Plus que jamais déterminés, les enseignants algérois du secondaire, en grève depuis plus de sept semaines, ont décidé de poursuivre leur action de protestation jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Il était 10h, hier, lorsque nous avons rencontré un groupe d'enseignants grévistes du lycée Okba adossés au mur de l'établissement comme de futurs chômeurs. Ces derniers ont été renvoyés manu militari de leur lieu de travail pour avoir refusé de signer l'accusé de réception du PV de radiation. De fait, les mises en demeure se succèdent et les premiers avis de la mesure extrême (radiation) commencent depuis hier à tomber dans certains établissements. Derrière une crinière blanche, le professeur K. B. a plus de vingt ans de services. Pour lui, le mouvement de grève pour lequel il adhère pleinement a dépassé la revendication socioprofessionnelle. “Maintenant, c'est une question de dignité. Nous refusons ces mesures abusives du gouvernement et nous ne céderons pas sous la menace. À croire que nous sommes de vulgaires criminels pour que le directeur de l'établissement nous interdise l'accès au lycée sous prétexte qu'il veut appliquer les décisions ministérielles”, affirme avec regret cet enseignant. Son collègue, professeur de physique, est du même avis. Pour lui, l'application de ces mesures est quasiment impossible. “C'est utopique de vouloir remplacer plus de 50 000 enseignants. Au lieu de perdre du temps à lancer un avis de recrutement, Benbouzid ferait mieux d'ouvrir les négociations”, estime celui-ci et d'ajouter : “Nous avons prouvé notre bonne volonté en acceptant le dialogue sans la casquette syndicale. Maintenant, nous savons qu'Ouyahia ainsi que le ministre de l'Education ne se préoccupent pas de l'avenir de nos élèves.” Par ailleurs, au niveau des autres lycées, Ibn El-Haythem, El-Arkam ainsi que Saïd-Touati, les enseignants semblent déterminés à continuer leur mouvement jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications socioprofessionnelles et la levée de toutes les sanctions. “Notre directeur a été compréhensif, il a accepté de nous laisser tenir notre assemblée générale, mais il nous a avertis qu'il appliquera la mesure de radiation à partir de demain”, nous explique un enseignant du lycée Saïd-Touati, en nous invitant à assister à l'assemblée générale. Durant ce rassemblement, les avis sont unanimes : “Pas de reprise tant que nos doléances sont vaines et tant que le PV de garantie n'est pas signé par le ministre de l'Education.” Du côté des lycéens, le moral est au beau fixe, même après la décision de radiation des enseignants grévistes prise par le gouvernement la semaine dernière. À peine les avons-nous approchés pour leur parler de la grève, ils nous avouent : “Le ministère ne va pas exécuter la décision prise par Ouyahia. Ils ne pourront pas remplacer nos professeurs !" “Si Benbouzid nous ramène des vacataires, nous les chasserons. Comment voulez-vous qu'un stagiaire remplace un professeur qui a plus de 15 ans d'expérience ? Autant laisser les doublants nous donner des cours”, conteste Latifa, élève de terminale au lycée Mira de Bab El-Oued. “N'hawlouha ! Nous ferons grève et ça va péter à la figuredu ministère. Nous voulons reprendre les cours avec nos professeurs”, lâche Hafid, chef de classe de terminale au lycée Okba. Il est 11h et il y a foule devant le lycée Ibn El-Haythem. Les élèves n'ont pas apprécié l'intervention de Benbouzid faite à la télévision, jeudi dernier. “Ce sont les enseignants qui ont fait la réputation de ce lycée. Vous imaginez ce qu'il deviendra sans eux !”, s'exclame un élève. Son camarade ajoute : “La fille de Benbouzid étudie dans un lycée où les enseignants ne sont pas en grève. C'est pour cela que le ministre pousse la situation au pourrissement, car il n'a rien à foutre de nous. Celui-ci n'est plus crédible, puisqu'il ne peut satisfaire ni les élèves ni les enseignants.” Nabila Afroun Intimidations et menaces Comme pour punir les enseignants grévistes et les acculer à cesser leur mouvement de protestation, le directeur du lycée Mohamed-Boudiaf de Médéa a menacé les professeurs contestataires et les a obligés de reprendre les cours durant quelques heures, afin que l'ENTV filme le bon déroulement de la reprise scolaire dans la wilaya de Médéa. “Le directeur du lycée nous a obligés de faire de faux témoignages concernant le débrayage pour l'Unique”, témoigne un enseignant de ce lycée. N. A. A travers le pays Tizi Ouzou Le Débrayage maintenu Les menaces de suspension et de radiation brandies par le ministère de l'Education nationale à l'encontre des enseignants grévistes n'ont pas eu l'effet escompté à Tizi Ouzou. Hier, au premier jour de la 8e semaine de protestation du Cnapest, les lycées et les technicums étaient toujours à l'arrêt. Une tournée effectuée dans les établissements du chef-lieu de wilaya renseigne amplement sur l'inefficacité de l'ultimatum du gouvernement et des mesures coercitives décidées pour “ramener à la raison” les récalcitrants. Plongés dans le désespoir et gagnés par l'inquiétude de voir se profiler à l'horizon une année… noire, les élèves ont été contraints de rebrousser chemin dès 8 heures. Imperturbables, les enseignants, eux, refusent la reprise sous la menace. Ils ont tenu, hier, des assemblées générales pour débattre de la situation. Dans la même journée, le conseil de wilaya du Cnapest s'est réuni afin d'adopter la position des grévistes de Tizi Ouzou. La décision de poursuivre ou non le mouvement de protestation enclenché depuis la rentrée scolaire sera arrêtée après la réunion du conseil national de cette organisation prévue aujourd'hui au siège du CNES à Alger. A. T. Les lycées d'Oran toujours fermés Professeurs et parents d'élèves s'expliquent Des enseignants grévistes, regroupés par groupe de 4 et 5, se sont retrouvés face au lycée Lotfi, au centre ville d'Oran, où se trouve leur point de ralliement qui est un simple café. Leur présence, hier, sur place est à elle seule un cinglant camouflet pour le chef du gouvernement et son ministre de l'Education qui pensaient régler par la menace un conflit et mettre fin ainsi à deux mois de grève. Mais ce fut, hier, surtout le lieu d'une confrontation avec des parents d'élèves qui se sont engagés dans un long dialogue avec les PES. Les parents voulaient exiger, ou du moins convaincre, les enseignants de reprendre les cours pour sauver peut-être encore l'année et la scolarité de leurs enfants. Les échanges entre les deux parties furent par moments très durs. Dans le café, mères de famille et enseignants se sont retrouvés, à débattre et à échanger leurs arguments. Un enseignant finira par lâcher à l'attention d'une mère de famille : “Que croyez-vous que va penser de moi votre enfant si aujourd'hui, je retourne travailler dans ces conditions d'humiliation ?…” Car, en effet, pour la majorité des PES affiliés au Cnapest, iI s'agit beaucoup plus de dignité. Ce n'est pas sous la menace de la police et des avis de radiation qu'ils pourront reprendre leur métier alors qu'ils sont en grève justement pour une revalorisation du statut de l'enseignant. À cet instant, ce sont les agents de police qui interviennent pour disperser les présents, et le propriétaire du café est sommé de fermer son établissement. En fin de journée, les portes du café étaient d'ailleurs toujours closes, alors même que les enseignants revenaient à la charge pour se retrouver et échanger les dernières informations en provenance d'Alger, leur bureau national devant être reçu par Benbouzid. Du côté des parents d'élèves, un communiqué a été transmis aux rédactions, dans lequel ils dénoncent fermement les menaces de radiation et de poursuites judiciaires contre les grévistes, ils demandent néanmoins à ces derniers de rejoindre leur poste de travail. Par ailleurs, deux enseignants du lycée Lotfi ont été interpellés par la police puis relâchés au bout d'un moment, le temps d'établir une fiche de renseignement sur chacun d'eux. Quant aux lycéens sondés sur la situation, ils craignent tous une année blanche mais sont unanimes, en revanche, à refuser que l'on remplace “leurs profs par des licenciés sans expérience ou des vacataires”. En fin de journée, à de très rares exceptions, l'ensemble des lycées d'Oran étaient toujours en grève. F. BOUMEDIENE CONSTANTINE Reprise partielle Vers dix heures, hier, plusieurs établissements du secondaire ont repris leur rythme habituel d'avant le mouvement de grève déclenché il y a sept semaines. Les signes de la reprise sont évidents au niveau de plusieurs établissements à l'exemple d'El-Houria, Ibn-Badis ou Boudjenana. Les temples de la résistance sont tombés à la faveur des menaces du gouvernement dont l'ultimatum de la reprise devait expirer hier matin. Pour la direction de l'éducation, “le corps enseignant dans sa majorité aurait rejoint ses postes de travail”. Un taux estimé à 75%, mais qui demeure invérifiable tant les statistiques, au niveau des structures éducatives concernées et auprès du Cnapest, font encore défaut. De visu, certains lycées ont maintenu la contestation, à l'image de ceux de la commune du Khroub ou du technicum Mustapha-Kateb et de Khaznadar. Ce qui nous amène à dire que la reprise est partielle, voire mitigée. Pour preuve, dans l'un des établissements les plus influents, Ibn-Taymia, seuls quinze enseignants dispenseront les cours dans la journée d'hier. Ces cas de figure étaient prévisibles depuis la semaine écoulée. Bon nombre de professeurs non affiliés au Cnapest avaient émis, à l'issue de concertations, le souhait, plutôt l'intention de reprendre leur activité après l'Aïd. Pour les délégués syndicaux, le mot d'ordre de grève est toujours maintenu. La suite qui sera donnée à leur action dépendra des décisions du bureau national devant se réunir aujourd'hui. Une position inflexible qui n'a d'écho pour le moment que l'ultime avertissement lancé par la direction de l'éducation pour une reprise immédiate. Auquel cas, il sera procédé, dès ce dimanche, à leur remplacement par des diplômés chômeurs, conformément aux dispositions prises par la tutelle. La collecte des dossiers aurait commencé bien avant ces mêmes dispositions. Naïma Djekhar Jijel 82,89% de suivi pour la grève En dépit des graves menaces proférées par le gouvernement, les enseignants de la wilaya de Jijel, affiliés au Cnapest, ont largement suivi la décision de poursuivre la grève générale déclenchée, pour rappel, il y a deux mois. En effet, selon un rapport de la direction de l'éducation de la wilaya de Jijel, seuls 41 enseignants ont repris les cours sur un total de 1 231, soit un taux de grève de 82,89%. Dans le même cadre, sur les 27 lycées que compte cette wilaya, 15 d'entre eux ont observé, hier, un suivi de 100%. Alors qu'aucun incident n'a été signalé, des policiers ont été postés devant les établissements secondaires. Après le succès de cette journée test et symbolique, les grévistes se disent prêts à faire face “maintenant” à l'arsenal répressif de leur tutelle. S. E. Abdi