Les menaces de sanction du ministre de l'Education ont fait plier la majorité des enseignants. Entre la peur des menaces du ministère et le sentiment de solidarité entre syndicats, la reprise, hier, des cours s'est faite, dans l'anarchie. Si les uns ont rendu leur tablier, les autres ont prolongé leurs vacances. A Alger, à l'instar de certaines wilayas, la reprise était mi-figue, mi-raisin. Une certitude. Les menaces du ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, ont fait plier les enseignants. La reprise a bien eu lieu dans la majorité des établissements. Cela n'exclut pas, bien entendu, que le débrayage s'est poursuivi dans d'autres établissements. A Alger, la reprise était partielle. Une tournée au niveau des établissements de la capitale a suffi pour constater que le mot d'ordre de grève trouve toujours un écho. Hussein Dey, à 10h, les élèves se cachent sous leur parapluie et rebroussent chemin pour rentrer chez-eux. «Pas de reprise. Ils nous ont fait sortir du lycée», a déclaré une élève du lycée Aïcha. Elle n'était pas la seule. Des dizaines d'autres quittent l'école pour se mettre au chaud et éviter le froid glacial de la journée d'hier. «Je n'ai vu aucun enseignant reprendre les cours», a confié Amine, 16 ans, lycéenne à Hussein Dey. Cette ambiance donne déjà un avant-goût de ce qui se passe dans d'autres établissements de la capitale. Au lycée Emir-Abdelkader, à Bab El Oued, les élèves passent leurs examens. Mais, pas tous. «Nous avons passé le premier examen de 8h à 10h, mais après ils nous ont fait sortir. Nous avons un autre examen, mais nous ne l'avons pas fait», explique Zinou, un élève de terminale. Pour connaître le taux de reprise, on a essayé de discuter avec le proviseur du lycée Emir-Abdelkader. Mais l'agent de sécurité nous a interdit l'accès. «On ne vous reçoit pas!» Cette déclaration émane de la bouche du gardien de l'établissement et non pas d'un responsable. Le «Monsieur» ne veut rien entendre. «Je vous ai dit que je n'ai rien à transmettre au directeur. Quittez les lieux s'il vous plaît». Résignés, on quitte, donc, les lieux à destination du lycée, les Frères Barberousse ex-Delacroix. Sur les lieux, tout se passe bien. Pas de grève. Les élèves poursuivent leurs études normalement. Cet établissement n'a pas été touché par le mouvement de grève, dans la mesure où les cours ont été assurés d'une façon régulière, la semaine dernière. A El Idrissi, à la place du 1er -Mai, la paralysie était totale. Presque tous les élèves ont été obligés de quitter les classes. «Pas de cours. Pas d'enseignants. C'est le gel total», avoue un groupe d'élèves rencontrés sur place. Impossible de confirmer de tels propos auprès de l'administration. Une femme en blouse blanche nous repousse du portail du lycée: «Il vous faut une autorisation de l'Académie d'Alger. Sans cette autorisation je ne vous ouvre même pas la porte.» En ce qui concerne la reprise en dehors de la capitale, elle s'est déroulée dans le flou. A Béjaïa, la reprise s'est faite dans une cacophonie totale. Par manque d'information, les travailleurs et enseignants exerçant dans le cycle moyen ont partiellement suivi le mot d'ordre de reprise lancé par le conseil national du syndicat majoritaire l'Unpef. La délégation représentant la wilaya de Béjaïa a quitté le conseil national de l'Unpef, samedi, sur une position de rejet de la reprise. Le même constat reste valable pour la wilaya de Tizi Ouzou. La reprise des cours s'est déroulée dans un flou qui a visiblement perturbé les élèves. Malgré l'appel de l'Unpef à la reprise, certains établissements n'ont pu accueillir les collégiens. Toutefois et de façon globale, les cycles primaire et moyen ont repris le travail dans des conditions normales. A Bouira, les menaces du ministre n'ont finalement pas influé sur la décision des enseignants. Les bureaux locaux du Cnapest ont reconduit le mouvement de grève. L'ensemble des établissements secondaires de la wilaya ont renvoyé les élèves jusqu'à demain ou mercredi. Toutefois, la reprise a touché partiellement les établissements d'enseignement moyen. A noter que dans quelques collèges, la reprise a été totale selon la direction de l'éducation. Les enseignants d'Oran n'ont pas attendu la tenue, aujourd'hui, du conseil national extraordinaire du Cnapest pour renouer avec les cours. Si certains enseignants, tous paliers confondus, ont repris le chemin des classes, les enseignants du secondaire campent toujours sur leurs positions. A Constantine, la majorité des établissements scolaires a repris le travail, y compris ceux affiliés au Cnapest qui comptaient reprendre leur exercice aujourd'hui. En effet, certains enseignants ont rejoint leurs postes hier sans attendre la décision du bureau national.