Les grands perdants de ce remaniement sont bien évidemment le FLN et le RND Exclusion de Belkhadem et de Ouyahia, faible représentation féminine, présence en force des technocrates et entrée de quatre nouveaux partis dans l'Exécutif. Le léger lifting du gouvernement comporte certaines surprises. Le fait que le Premier ministre désigné par le Chef de l'Etat n'est pas issu de la majorité parlementaire, ni d'ailleurs d'aucun parti politique, ne constitue pas, dans l'absolu, une surprise, il demeure quand même marquant du moment que c'est la première fois que Bouteflika nomme un technocrate à la tête du gouvernement depuis son investiture en avril 1999. Le premier fait saillant est, sans doute, l'éviction de l'Exécutif des deux chefs des partis FLN et RND, Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia. Les noms de ces deux hommes, qui auront désormais toute la latitude pour se consacrer aux problèmes internes de leurs partis, étaient si «intimement liés» au gouvernement depuis des dizaines d'années qu'il était devenu «inconcevable» pour l'opinion publique d'imaginer leur reconduction. Ayant tous les deux affiché leurs ambitions présidentielles, les deux ex-chefs de gouvernement auraient été écartés, selon certaines sources, en vue de les achever politiquement pour leur barrer la route vers le Palais d'El Mouradia. La crise, qui prévaut au sommet du pouvoir qui explique en partie tout le retard pris dans l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale, aurait donc abouti à la mise «hors circuit» de Belkhadem et Ouyahia. Nos sources prévoient l'accélération des crises au sein des deux partis pour disqualifier et «étouffer dans l'oeuf les ambitions des deux hommes». Le deuxième élément qui marque le nouveau gouvernement est l'élimination des hommes du président, à l'instar de Abdelhamid Temmar et de Noureddine Yazid Zerhouni, pourtant au placard de vice-Premier ministre depuis le mois de mai 2010. Le départ de Djamel Ould Abbès et Boubekeur Benbouzid n'est pas passé inaperçu. Les grands perdants de ce remaniement sont bien évidemment le FLN et le RND qui ont vu le nombre de leurs ministres réduits à la faveur de l'introduction d'autres formations politiques. En tout et pour tout, le gouvernement actuel, conduit par Abdelmalek Sellal, est composé de six partis politiques représentant les différentes tendances, en plus d'un nombre important de technocrates. Quatre nouveaux partis ont ainsi marqué leur entrée à l'Exécutif. Il s'agit du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), du Mouvement populaire algérien (MPA), de l'Alliance nationale républicaine (ANR) et du Tadjamou' amal Eldjazaïr (TAJ), non encore agréé. Ces partis sont représentés au gouvernement par leurs premiers responsables, respectivement Mohamed Saïd (ministre de la Communication), Amara Benyounès (ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville) Belkacem Sahli (secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de la Jeunesse) et Amar Ghoul (ministre des Travaux publics). L'autre aspect relevé dans la composante du nouveau gouvernement est la présence de l'élément féminin. Les observateurs s'attendaient à une forte présence de la femme qui créditerait la bonne foi des décideurs d'impliquer les femmes dans la vie politique nationale. Or, tel n'était pas le cas puisque parmi les 36 membres du gouvernement (32 ministres et 4 secrétaires d'Etat), trois femmes uniquement dont une secrétaire d'Etat figurent dans l'Exécutif. Et encore. Il s'agit de Khalida Toumi, ministre de la Culture, de Souad Bendjaballah, ministre de la Solidarité nationale et de la Famille et de Dalila Boudjemaâ, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, chargée de l'Environnement. Ainsi, les discours flatteurs à l'égard de la femme sont tombés à l'eau.