Depuis son ouverture en 1988, cette infrastructure routière a complè- tement terni l'image de la région. Si jusqu'alors on parlait de la beauté des gorges de Kherrata, ces 20 dernières années, il n'est question que de tristes nouvelles, qui poussent non seulement à l'inquiétude, mais dénotent également du manque de perspicacité des responsables chargés de notre sécurité sur les routes. Avant-hier, aux environs de 18 heures trente, un camion semi-remorque, qui revenait de la région de Sétif a violemment percuté quatre véhicules légers qui roulaient en sens inverse, vers la région de Sétif. Le bilan officiel fait état de quatre morts sur le coup et trois blessés. L'accident s'est produit lorsque le conducteur du véhicule lourd a perdu le contrôle de son véhicule au milieu du tunnel à un moment de grande affluence. Un poids lourd surchargé et roulant à grande vitesse sur une descente, cela ne peut que déboucher sur un pareil drame. Un drame qui aurait pu être plus lourd si le camion n'avait pas été stoppé dans sa course par les véhicules qu'il a percuté. Un drame qui aurait pu être évité si des travaux tant attendus avaient été effectués. Cet accident a nécessité la mobilisation de gros moyens. L'unité de la Protection civile de Kherrata, le poste mobile de Bordj Mira et l'unité principale de Béjaïa sont immédiatement entrés en action dans des conditions difficiles. Les quatre victimes ont été évacuées vers la morgue de l'hôpital de Kherrata, les trois blessés ont été admis à l'unité de soins de Bordj Mira. «Il nous a fallu beaucoup de temps pour sortir l'une des victimes et éteindre le feu qui s'est déclaré dans le camion», a indiqué hier le lieutenant Arbouche, de la Protection civile. L'accident a provoqué un long bouchon. Une très longue file de voitures s'est formée dans les deux sens de cet important axe routier; ce qui a davantage compliqué l'intervention des pompiers. Ce tunnel, long de 6 kilomètres, avait été ouvert en 1988. Le ministre des Travaux publics M.Amar Ghoul, avait annoncé, lors de sa visite il y a plus d'un an dans cette localité, le déblocage d'une enveloppe financière de 600 milliards de centimes pour le réaménagement du tunnel et des gorges, qui connaissent de dangereux et fréquents éboulements, infiltration des eaux de pluie et glissements de terrain en période hivernale. Il était également question de l'installation d'équipements de sécurité à l'intérieur du tunnel. Rien de tout cela n'a été fait. Ce dramatique accident arrive comme les précédents pour rappeler au responsable des Travaux publics toute la nécessité et l'urgence de mette fin à cette «négligence» qui continue à coûter des vies humaines. Voilà un exemple de manque de considération pour la région. Les services des travaux publics sont encore une fois interpellés pour mettre fin à la dégradation de cet ouvrage d'art. Ce dernier qualifié souvent et à juste titre de «tunnel de la mort».