L'Otan, dominée par les Etats-Unis, tend à donner, peu à peu, à l'Algérie un statut majeur au plan régional. Demain, tôt le matin, accosteront le port d'Alger le patrouilleur ITS Borsini et la corvette ITS Minerva du groupe militaire naval italien Comfor Pat, et qui prendront part aux exercices navals conjoints algéro-italiens, à partir d'aujourd'hui. Un communiqué de l'ambassade italienne rappelle que le patrouilleur italien Borsini, équipé d'un hélicoptère est une unité de la classe «commandante», construite en Italie par la société Fincantieri. Mis à l'eau en 2002, son poids est de 1600 t, sa longueur de 90 m et sa largeur de 12 m, quant à l'équipage, il est composé de 70 hommes dont 8 officiers. La corvette ITS Minerva, construite par la même société, a été mise à l'eau en 1987. Son poids est de 1300 t, sa longueur de 87 m, sa largeur de 10,3 m et son équipage de 102 membres dont 7 officiers. Le ministère de la Défense nationale, qui inscrit ces exercices sous le nom de «Medex-1-2003» des forces navales, accueillera pendant toute la semaine, jusqu'au 11 décembre, les deux unités de guerre italiennes, et tentera, comme il l'a fait auparavant, avec les flottilles de l'Otan, de se hisser au niveau des compétences navales internationales. Depuis la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au siège de l'Otan, à Bruxelles, l'Algérie a tenté de se placer à un niveau «acceptable» dans les grands ensembles militaires et dans les missions à vocation humanitaire de maintien de la paix et de sécurité en Méditerranée. Les bouleversements géostratégiques induits par les effets des attentats du 11 septembre 2001 ont été très bénéfiques pour l'Algérie. Alger, qui devient «un maillon fort» dans la stratégie politique militaire et économique des gourous de George W.Bush, bénéficie désormais du «coup de pouce américain». Mais, déjà et avant cette date, l'Algérie, qui émergeait d'une longue disparition de la scène internationale, se permettait quelques «percées». En juillet 2001, une délégation du commandement naval Sud-Europe avait passé trois jours à Alger pour discuter du renforcement de la coopération entre l'Otan et la marine algérienne. En 2002, le commandement naval Sud-Europe enverra effectivement une flotte de l'Otan dans la baie d'Alger. Trois mois auparavant, le chef d'état-major de l'armée algérienne visitait le quartier général des forces américaines stationnées en Europe, à Stuttgart. Cette visite très discrète marquait une évolution qualitative dans les rapports militaires algéro-américains. Ce forcing du chef d'état- major de l'ANP avait abouti à une ouverture de l'armée algérienne sur les médias, à une réflexion sur la professionnalisation de l'armée, à l'achat d'équipements américains (C130 et Gulf Stream), à des opérations militaires ponctuelles et, surtout, à de nouvelles missions nationales marquées par des opérations de sauvetage, d'aide, d'évacuation, etc., lors de grands cataclysmes naturels. Autant de nouveaux rôles qui tendent à s'étendre à toute la région... L'Otan a pu, depuis 2001, jauger et évaluer le potentiel et les capacités opérationnelles de l'armée algérienne et se trouve aujourd'hui prête à s'occuper de la formation d'officiers algériens et, dans une étape ultérieure, à fournir les équipements de pointe et la participation de l'ANP à des opérations humanitaires et de maintien de la paix en Méditerranée et en Afrique sous l'égide de l'Otan. Des rapports ultraconfidentiels américains élaborés par le Conseil national de sécurité tendent à favoriser l'Algérie par rapport à ses voisins de la berge sud de la Méditerranée. Les potentialités du pays, ses richesses naturelles, l'évolution «positive» de l'Etat et de la société ont déterminé ce choix, d'autant plus que le rôle de plus en plus insignifiant joué par l'Algérie au Proche-Orient, et spécialement à propos du problème palestinien, tend à rendre le lobby juif beaucoup moins influent concernant les questions liées au rôle que pourrait jouer l'Algérie à l'avenir.