Top chrono pour la marine algérienne qui n'aura en fait que peu de temps pour se mettre au diapason des Forces multinationales du Traité de l'Atlantique Nord. Des unités du groupe naval permanent de la force de réaction rapide de lutte antimines de l'Otan (Snmcmg2) ont accosté vendredi matin le port d'Alger pour une escale de quatre jours. Le Snmcmg2 compte cinq navires de lutte antimines d'Espagne, d'Italie, de Turquie et d'Allemagne et deux unités grecques dont le navire de soutien logistique et de commandement. Le chef de la cellule de communication des forces navales, le colonel Cherif Adnan, a indiqué que l'escale du Snmcmg2 entre dans le cadre du «dialogue méditerranéen de l'Otan et du programme annuel des activités entre l'Otan et l'Armée nationale populaire (ANP) adopté par le Haut Commandement de l'Armée». Le colonel Adnan a précisé que cette escale, troisième du genre depuis 2003, tend à «renforcer les relations entre les forces navales et l'Otan et constitue l'occasion de renforcer la compréhension mutuelle et intensifier l'échange d'expériences dans des domaines d'intérêt commun». L'escale du Snmcmg2 sera sanctionnée, selon le colonel Adnan, par des manoeuvres de type «Passex» au large des eaux territoriales algériennes auxquelles participeront deux unités des forces navales. Cela «contribuera, a-t-il dit, à une meilleure intégration». Les officiers de cette force animeront une conférence sur l'opération «Active endeavour» dans le cadre de la lutte antiterroriste lancée par le Snmcmg2 en septembre 2001, et visant la sécurisation des principaux passages maritimes de la Méditerranée ainsi que le contrôle et l'inspection des navires suspects. Le champ d'intervention de cette force qui portait en septembre 2001, le nom de Mcmforsouth se limitait au sud de la Méditerranée et depuis l'élargissement du champ d'intervention de l'Otan à d'autres zones maritimes elle porte désormais le nom de Snmcmg2. Pendant près d'une heure, les deux conférenciers de l'escale du groupe naval Snmcmg2 relevant de l'Otan, l'Allemand le lieutenant-commander Arne Bjorn Kruger et le Grec Theodosiou Alexandros, se sont succédé pour expliquer la nature de ces visites successives, et ils en ressort clairement que la sécurisation de la Méditerranée reste l'objectif et la hantise des responsables de la sécurité à la tête de l'Otan. Il y a un peu moins d'une année, le Groupe maritime permanent de la force de réaction (Snmg2), dirigé par le colonel major Ionis Karaiskos, avait fait lui aussi escale au port d'Alger, et des manoeuvres sur «les opérations d'interdiction maritime» entre les forces navales algériennes et les navires de l'Otan ont été effectuées. Les manoeuvres opérées en haute mer étaient des plus importantes jamais enregistrées par la marine algérienne, qui a donné le change, par le biais de deux corvettes lance-missiles, El Kirch et Salah Rais, à pas moins de sept frégates de l'Otan relevant de sept pays, l'Italie, la Turquie, l'Allemagne, la Grèce, les Etats-Unis, la Hollande et l'Espagne . Cette grande manoeuvre avait constitué une «première» dans les relations de l'Algérie avec l'Otan. Le colonel Karaikos avait évoqué notamment que l'Otan était intéressée par une coopération étroite avec l'Algérie dans le domaine de la lutte antiterroriste, et que les groupes terroristes, «utilisent les voies maritimes pour commettre leurs actions», estimant «nécessaires» la coopération et l'«échange d'informations et de renseignements utiles (...) aussi nous devons être constamment sur nos gardes pour veiller à la sécurité dans la Méditerranée et prévenir contre tout risque ou acte malveillant», promettant plus de contacts avec l'Algérie dans les années à venir . Ce qui se confirme aujourd'hui. Pour l'Algérie, il s'agit, avec ce genre d'exercices avec les forces multinationales, de «renforcer et consolider l'interopérabilité, de se mettre au diapason des forces de l'Otan en renouvelant le contact et l'apprentissage et, enfin, d'arriver à contrôler et sécuriser la Méditerranée contre tout acte de terrorisme (attaques et mines)». Tout porte à croire que l'Algérie se trouve à la veille de son adhésion à l'Otan. Les multiples visites du ministre délégué à la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, et du patron de l'Armée, Ahmed Gaïd Salah, au siège de l'Otan, à Bruxelles, plaident en faveur de cette probabilité, bien que le discours officiel nuance cette adhésion par le souci de la partie algérienne de garder ses spécificités. Cependant, il faut bien admettre que les aspects techniques de la collaboration entre l'ANP et l'Otan, notamment concernant les aspects de la lutte contre le terrorisme, semblent avoir pris le dessus des négociations, alors que ce souci est d'abord occidental. Le basculement en devenir de l'armée algérienne dans la professionnalisation, la technicité et la maîtrise des moyens modernes nécessaires aux missions dont elle souhaite être investie - humanitaire et maintien de la paix au plan régional et continental - a eu le «bon effet» de la «dépolitiser». Mise hors du champ du temporel algérien, elle revient aux soucis premiers de toute armée moderne: accéder à la haute technicité et en maîtriser les leviers, s'affirmer comme une puissance régionale qui en impose, afin d'être investie de missions - tant pour l'ONU que pour l'Otan - humanitaire et de sécurité.