Répondant, lundi dernier, aux députés qui ont eu à débattre son plan d'action, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a soutenu que le couronnement du processus des réformes engagées par le président de la République sera la révision constitutionnelle. Une question se pose alors: quel sort serait-il réservé à la langue aamazighe dans cette nouvelle loi fondamentale? La question est d'autant plus lancinante que le Maroc, dans le cadre de ses réformes constitutionnelles a consacré tamazight deuxième langue officielle à côté de l'arabe, suite au référendum sur la Constitution du 1er juillet 2011. L'Algérie a-t-elle le droit de marquer le pas? En tous cas, le législateur et le politique algériens ont beau éluder la question et détourner la tête, les faits historiques et culturels sont têtus. Il s'agira plutôt de trouver le moyen d'en faire une langue officielle. Des pistes existent, encore faut-il ouvrir le débat pour qu'émergent les idées nouvelles. La régionalisation dans son acceptation positive en est une. Il doit en exister d'autres encore meilleures pour peu que les pouvoirs publics se décident à dépassionner le débat sur cette question pour trancher la meilleure manière d'officialiser cette langue. Pour ce faire, on peut émettre l'hypothèse d'une langue officielle régionale. Il faut se rendre à l'évidence et considérer la réalité telle qu'elle se présente. C'est que la langue amazighe ne concerne que les régions amazighophones. Avouons-le sans complexe, l'expérience de l'enseignement de tamazight à l'échelle nationale a été un échec total. Il est possible de pallier cette difficulté par la régionalisation et on aura le schéma linguistique suivant: l'arabe comme langue officielle de l'Etat et tamazight comme langue officielle régionale. On gagnerait alors en nous inspirant de l'exemple espagnol où coexistent le catalan, le galice et le basque comme langues officielles régionales à côté de l'espagnol comme langue officielle de tout le royaume. Cette démarche suppose un nouveau découpage et une décentralisation effective des structures de l'Etat. Sans cesse ajourné, ce projet remonte à plusieurs années. Déjà en avril 2009, lors de son premier discours de son nouveau quinquennat, le Président Abdelaziz Bouteflika avait réaffirme sa volonté de poursuivre et d'approfondir la politique des réformes. «La réforme des structures et des missions de l'Etat sera accélérée...», «la réforme des structures de l'Etat a pour objectif, en particulier, une nouvelle répartition des pouvoirs publics», a-t-il expliqué après la prestation de serment. C'est tant mieux si tamazight servira, encore une fois, de déclencheur pour une meilleure gestion de la cité. Le rapport Sbih avait évoqué la régionalisation mais en termes de déconcentration et non de décentralisation. Il faut y aller, le Maroc, où tamazight est langue officielle, a déjà 16 régions.