«Le manga a un puissant potentiel économique.» Une conférence qui s'est tenue ce dimanche en présence de plusieurs jeunes bédéistes et amoureux du manga, avec pour invité Yuji Nunokawa, directeur des studios Pierrot, et Hirotsugu Kawasaki, producteur du film «Naruto», rassemblés autour de l'histoire du manga jusqu'aux différentes stratégies qui ont conduit à la réussite financière de l'animation japonaise. La conférence a été entamée avec le visionnage d'un bref historique des oeuvres des studios Pierrot, depuis 1960, avec un premier Manga-Ka qui a introduit les technologies pour le manga sur papier. Yuji Nunokawa s'est exprimé sur la première animation diffusée à la télévision en 1973 avec «Astroman» plus connu sous le nom d' «Astro» pour les plus nostalgiques, un format de 30 minutes, diffusé une fois par semaine sur les télévisions japonaises. Yuji Nunokawa a évoqué le concept de «Limited animation» soit une animation limitée dans son format et une réduction du nombre d'images. La caractéristique principale des animations japonaises selon le directeur des studios Pierrot, a permis en un temps plus court, d'accélérer le processus de production des animations donnant lieu à une programmation de plus en plus riche à la télévision, une concurrence plus vive et notamment, une diversification des genres d'animations et de leurs cibles. Quatre genres ont été énumérés par Yuji Nunokawa, avec un premier genre, le plus populaire: l'animation familiale ou nationale. Diffusé sur un créneau de 18h à 20h, il permet à toute la famille japonaise de regarder avec des animations telles que «Sazoesan ou Anpanman», et un taux assez élevé d'audience, diffusé surtout en «Asie de l'est» selon les propos du directeur de studio. Un genre visant à décrire la communication et les relations entre les membres d'une famille japonaise. En ce qui concerne les autres genres, ils occupent des tranches horaires allant jusque tard dans la nuit. Un genre d'animation proposé aux adolescents, inspirés des mangas sur papier, tels que les séries d'animation «Bleach ou One Peace» qui bénéficient selon Yuji Nunokawa, d'une «longévité remarquable» allant jusqu'à comptabiliser près de six cents épisodes pour une série, et qui connaissent un excellent essor sur le marché, avec des adaptations en jeux vidéo et autres produits. Un autre genre aussi «Otaku», qui a engendré la culture Cosplay. A noter que chaque genre d'animation est proposé avec une armada de produits dérivés destinés à la vente, à travers des messages visant parfois à vendre des figurines, jouets ou aliments. Par ailleurs, Yuji Nunokawa a évoqué aussi les oeuvres des studios Ghibli qui ont eu un grand succès au cinéma grâce à 17 longs métrages. Des studios qui ont concurrencé Walt Disney et Hollywood selon lui. L'une des oeuvres les plus rentables du studio Ghibli serait «le voyage de Chihiro» réalisé par Hayao Miyazaki sorti en 2001 avec plus de 23 millions de spectateurs au Japon, dépassant les 200 millions de dollars de recettes hors Etats-Unis. Quant aux taux en hausse ces dernières années de rentabilité des studios Pierrot, ils ne sont pas suffisants car selon Yuji Nunokawa, il faudra s'efforcer d'avoir plus de «dynamisme». Le directeur des studios a noté également certaines baisses au niveau de l'audimat, liés au problème de l'horaire de diffusion souvent tardif. Des problèmes liés aussi au vieillissement de la population japonaise, et de la vente des DVD incombant au phénomène du téléchargement illégal, qui a imposé une «mauvaise équivalence sur le marché» a-t-il indiqué. Dès l'apparition des nouveaux médias tels que l'Internet le pouvoir de celui-ci a permis, selon Yuji Nunokawa qui s'est étonné, de faire connaître ses oeuvres jusqu'en Algérie. Un constat pas forcément décourageant pour l'industrie qui ambitionne d'ores et déjà de relever le défi d'une conquête du marché mondial en considérant comme «une nécessité de sortir du cadre de la culture japonaise» pour rencontrer d'autres cultures, avec des centres de formation pour amateurs et futurs talents étrangers du manga, et une meilleure énergie en termes de production. Yuji Nunokawa a conclu la conférence sur des informations concernant la série d'animation Naruto, avec des ventes des produits dérivés tels que les cartes qui ont atteint les 500 millions de chiffre d'affaires au monde et des partenariats avec McDonald. Le directeur des studios Pierrot n'a pas manqué de rappeler l'importance du personnage «Naruto», qui bien que n'étant pas humain et réel, figure «parmi les cent personnalités les plus importantes au Japon», publié et produit sous diverses formes, mangas papier et des animations traduites dans près de trente pays et aux Etats-Unis également. En vue des résultats réalisés par l'animation japonaise, Yuji Nunokawa dira que «le manga a un puissant potentiel économique». Découvrir les coulisses de l'industrie de l'animation peut s'avérer étourdissant, mais ne serait-ce pas un peu déplacé vis-à-vis des fans, qui ne sont pourtant pas incrédules de croire en un potentiel d'imaginaire de voir la magie et la passion que de nombreux amateurs entretiennent avec l'animation japonaise, écrasée par le poids du chiffre d'affaires et d'un business assez lucratif. En attendant que tous les amateurs de Manga-Ka se transforment en chefs d'entreprises, prions qu'il reste encore des concepteurs et des créateurs qui ne soient pas tout aussi avides.