Tout a commenc� avec l�Unique. Entre les ann�es 1970 et 1980, la cha�ne de t�l�vision nationale, comme beaucoup d�autres cha�nes des pays arabes, se procure ses programmes jeunesse au march� japonais de l�animation, une industrie d�j� bien rod�e qui propose des dessins anim�s � tr�s bons prix compar�s � ceux des Am�ricains ou des Europ�ens. Les jeunes Alg�riens d�couvrent alors les Takaya Todoroki, Zina wa Nahoul, Greendaizer, jusqu��, plus r�cents, Captain Madjed ou encore Dragon Ball Z. Cette g�n�ration a grandi, initi� la suivante � ces dessins sommairement anim�s et aux codes esth�tiques tr�s particuliers que les jeunes d�aujourd�hui reconnaissent facilement sous le nom de Mangas, cr�ant la fameuse g�n�ration mangas que les publicitaires placent en point de mire. Du niais Picatchu � l�adolescent combattant Naruto, du manga pour filles Nana, au super violent Bleech, avec Internet, tout le monde est servi. Les mangas s�inspirent et inspirent avec les jeux vid�o.Ils sont devenus le passe-temps pr�f�r� des jeunes et moins jeunes. Pourtant, le manga est un art aux racines profondes ancr� dans la culture japonaise, il est une forme de bande dessin�e, consomm�e � outrance par les Nippons. Admirateur de la culture japonaise, Brahimi Salim fait partie de cette g�n�ration qui a grandi avec les mangas, les mains viss�es sur une manette de jeux vid�o. A 26 ans, ce jeune otaku (passionn�) habitant la rue Didouche-Mourad d�cide de faire le pas en mettant sa passion sur papier. Il sort en janvier 2008 le premier magazine alg�rien de jeux vid�o et de mangas. Nous l�avons rencontr�, et nous avons constat� que ce fin connaisseur de la culture japonaise (y compris la langue) ne se contente pas d��taler ses hobbies sur 64 pages, mais tient en main un projet qui risque de faire �merger tout un art, jusque-l� quasi insoup�onn� dans la culture alg�rienne. H. Y.
SALIM BRAHIMI AU SOIR D�ALG�RIE : "Nous voulons �tre les meilleurs" Le Soir d�Alg�rie : Tout d�abord qui est Brahimi Salim ? Salim Brahimi : Je suis un jeune Alg�rien de 26 ans, pur produit de l'�cole alg�rienne. J�ai fait des �tudes en droit et obtenu un dipl�me d'avocat. �et de langue japonaise ? Ah �a, c'est une longue histoire. Cela a commenc� tout jeune. J��tais passionn� par la culture japonaise et je me documentais comme je pouvais. Puis, j'ai eu la chance de c�toyer des Japonais pendant longtemps. Aujourd�hui, j'apprends encore le japonais. Je suis aussi fan inconditionnel de jeux vid�o et de mangas depuis mon jeune �ge. Ce qui nous am�ne directement � parler de ton �investissement colossal �, le magazine Laabstore� Oui, colossal, parce que j'ai d� travailler pas mal d'ann�es pour pouvoir lancer ce projet et je me suis investi � plein temps. �a me tenait� Tout jeune j'�tais abonn� � des magazines du genre Player One ou Nintendo Magazine et j'avais m�me gagn� le Prix du 2e meilleur r�dacteur � l�un de leurs concours. J�imagine que c�est comme �a que t�est venue l�id�e de faire un magazine ? En effet, je lisais ces revues depuis tout petit et j'ai toujours r�v� d'�tre r�dacteur dans ce genre de supports, mais je savais pertinemment que �a n'existait pas chez nous. Puis avec le temps j'ai remarqu� que la communaut� Otaku (fans de jeux vid�o et de mangas) s'agrandissait d'ann�e en ann�e. Je me suis dit pourquoi ne pas lancer le magazine que je voulais intelligent et interactif avec l�id�e de mettre en �veil les jeunes mangaka (dessinateur de bandes dessin�es) alg�riens pour essayer de donner un souffle de vie � la bande dessin�e alg�rienne qui est d�laiss�e et dans un �tat de non-vie. Je ne voulais pas te couper sur ta lanc�e mais qui sont ces otaku qui attendent ton Laabstore? Dans otaku, le o est le o honorifique qui sert � introduire poliment un objet en japonais, et taku veut dire maison, otaku d�signe donc des gens qui vivent leur passion � 100 % (en g�n�ral � la maison) Les otaku sont toi, moi, ton voisin, ton grand fr�re, ma s�ur peut-�tre. Ce sont les Alg�riens qui veulent nourrir leur passion. Et ce terme s'applique tr�s bien aux inconditionnels des jeux vid�o et de mangas. Par contre, Laabstore, le nom de ton magazine, ne sonne pas tr�s japonais� Laabstore a plusieurs sens dans plusieurs langues. En anglais, laab : Laboratory Store, c'est en r�f�rence aux game store. Les magasins de jeux vid�os aux �tats-Unis dans le sens laboratoire dans lequel on d�cortique les jeux vid�o. En fran�ais, laab : laboratoire est d� au hasard et �a n'a rien � voir avec le store de la fen�tre. Enfin, en arabe, laab : jeu, store ( soutour), lignes� jeux vid�o sur des lignes, ce qui fait le magazine. On comprend bien que le manga t'int�resse tout particuli�rement, pourtant quand on parle de manga en Alg�rie on pense � des dessins anim�s, est-ce le cas ? Oui. Les gens ne font pas la diff�rence entre le manga qui est la bande dessin�e japonaise et les anim�s, qui sont les dessins anim�s tir�s des mangas, mais cette erreur n'est pas particuli�rement alg�rienne, tout le monde tombe dedans. Du coup, le mot manga � pr�sent, � l'usage, d�signe aussi bien la BD que l'anim�. Tu tentes donc � travers ton magazine de corriger cet amalgame ? Dans Laabstore j'essaie de faire vivre un secteur qui ne veut pas d�marrer en Alg�rie. En fait, deux secteurs : la BD alg�rienne et les jeux vid�o, la t�l�phonie marche tr�s bien. C�est pourquoi Laabstore est divis� en deux grandes parties, une partie jeux vid�o et une partie mangas. Peux-tu nous donner plus de d�tails ? Laabstore � deux grandes lignes. Les jeux vid�o : test, �v�nements de gamers en Alg�rie, news, dossiers, triches... et la deuxi�me ligne parle de mangas et de BD, ainsi que des rubriques consacr�es au cin�ma et aux s�ries t�l�. Pour les jeux vid�o, j�essaie tout simplement de rassembler une communaut� qui aspire � s'�panouir dans ce domaine, ce qui fera certainement �cho, et qui sait, ram�nera des constructeurs de l�industrie des jeux vid�o en Alg�rie. Quant aux mangas, je veux qu'on puisse avoir nos mangas � nous, je veux que les jeunes dessinateurs puissent s'exprimer avec leur crayon et leur imagination. Pour lancer ce genre de BD il faut bien que quelqu'un lance la machine. Je voulais d�ailleurs cr�er un manga 100% alg�rien en puisant dans notre belle culture. J'ai donc cr�� Samy - Kun et je cherchais un dessinateur pour concr�tiser mes id�es, la chance a fait que mon chemin croise celui de Yacine Haddad, que je salue au passage. Les planches mangas qu'on voit dans Laabstore sont celles de Yacine Haddad ? Oui, exactement, c'est le crayon de Yacine Haddad. Il a non seulement dessin� mais il a contribu� au traitement de l'image, je le guidais avec le sc�nario (il proposait aussi ses id�es � lui...) puis j'ai trait� les planches avec photoshop. Il y en a d�autres dans l��quipe Laabstore? On est 10 personnes dont 8 permanents travaillant b�n�volement. Quelles sont les difficult�s pour l��laboration d�un tel projet ? Les difficult�s sont d�j� d'ordre administratif� Les autorisations prennent beaucoup de temps, puis d�ordre financier� Comment a �t� accueilli Laabstore, qui, nous disais-tu, est disponible dans les kiosques � travers une bonne partie du pays depuis le 15 janvier ? J'ai vu plusieurs buralistes. Le magazine marche tr�s bien, malgr� son prix de 200 DA qui pourrait �ventuellement diminuer si les annonceurs jouent le jeu. On peut aussi t�entendre � la radio ? Oui, sur Alger Cha�ne III. Je pr�sente deux rubriques tous les lundis � 20h dans l��mission qu�anime et produit Yazid A�t Hamadouche, Accrotv. Quelle est la prochaine �tape et quelles sont les prochaines nouveaut�s dans Laabstore? Je vais publier des bandes dessin�es de mangaka alg�riens et davantage de planches dans Laabstore qui tend � se faire vivre, donc on essaie de s�duire les annonceurs. Un dernier mot� Il faut que nous soyons solidaires pour avancer et je lance un appel aux autorit�s : �Bougez un peu et encouragez les jeunes � faire avancer les choses. Faites-nous confiance, nous aimons notre pays et nous voulons �tre les meilleurs.�