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DOSSIER
Passion Manga
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 11 - 2010


Par Amira Farah
Le Manga devient une culture � part enti�re, l�un des noms les plus connus dans ce domaine est le grand Osamu Tezuka, sacr� au Japon, il a plus de 150 000 pages dessin�es au cours de sa carri�re de Mangaka, et a sign� 700 �uvres, r�alis� une vingtaine de s�ries anim�es et autant de t�l�films anim�s et de longs-m�trages d'animation. Un autre nom, consid�r� au Japon l��gal d�Osamu Tezuka, il s�agit de Hayao Miyazaki, ses films tels que Le voyage de Chihiro, Un ch�teau dans le ciel�, Princesse Mononok� ou Mon voisin Totoro ont connu un succ�s mondial� une imagination � couper le souffle.
Le terme �dessin anim� est souvent remplac� par le terme �Manga�, puisque dessin anim� sonne plut�t gamin, les adolescents et adultes se distinguent des enfants en disant qu�ils �regardent les Mangas�, sauf que cette expression n�est pas appropri�e. Puisque le Manga d�signe la BD �version papier� qui est souvent l��uvre originale (sauf exception : la vision d�escaflowne) de la BD vient l�anime �version anim�e du Manga� certains animes sont destin�s au cin�ma et d�autres, hebdomadaires, passent � la t�l�vision. L�un des secrets des Mangas et des animes japonais r�side dans la personnalit� des h�ros. Contrairement aux �uvres am�ricaines, dont la plupart des h�ros sont parfaits, forts, intelligents, imbattables sur tous les plans, beaucoup de h�ros de Mangas (romance) sont des gens normaux, ou au-dessous de la normale, et qui, malgr� leurs faiblesses, les difficult�s de la vie, leurs �checs et leurs d�fauts, continuent � s�accrocher � leurs buts (Hugo dans Juliette, je t�aime, Keitaro dans Love Hina, et Onizuka dans GTO, qui en d�pit de son niveau intellectuel catastrophique et ses innombrables fautes d�orthographe, sera le seul � pouvoir enterrer la hache de guerre qui a toujours envenim� les relations entre les �l�ves et leurs professeurs). En effet, l�adolescent en g�n�ral et l�Alg�rien en particulier se retrouvent plus dans le dessin anim� japonais que dans les s�ries am�ricaines, malgr� la distinction totale des cultures.
UNE NOUVELLE VISION
Le Manga offre une nouvelle vision des choses, o� tout se remet en cause, questionnements d�adolescents, passage � l��ge adulte, relations interpersonnelles, poids de la soci�t�, r�ve, sens de l�amiti�, histoires d�amour, sacrifices, solidarit� sont les sujet que le Manga aborde et traite, outre cette sp�cificit�, le Manga (pour enfants ou adolescents) v�hicule des messages positifs et �ducatifs, certains y puisent de l��nergie pour franchir les obstacles comme leurs h�ros, certaines petites filles se voient �Sarah ou Sali en arabe� et se comportent avec gentillesse et bont�. Il est plus ou moins facile de s�identifier � un h�ros de dessin anim�, et cela revient � dire que le personnage dessin� n�existe pas r�ellement et qu�on peut ais�ment s�accaparer de ce personnage, tandis qu�il n�est pas �vident de s�accaparer d�un r�le d�un acteur bien r�el. Bien s�r s�accaparer avec des limites bien trac�es, il ne faudrait pas que le Manga devienne une obsession ou qu�il mette en p�ril l��quilibre psychique. Dans ce contexte, un certain Japonais nomm� Taichi Takashita a lanc� une campagne massive de mariages entre �tres humains et h�ros de Mangas, afin d�avoir une loi qui autorise ce genre de mariages et lui donne un cadre l�gal, la p�tition a �t� sign�e par 1000 personnes. Cet individu se dit d��u par le monde en trois dimensions et pr�f�re largement celui du papier en 2D. Cherche-t-il la c�l�brit� � travers cet acte ? On n�en sait rien�
LES OTAKUS ET LES HIKKOMORIS
Un mot tr�s important se rattache aux Mangas : �Otakus des Mangas et dessins anim�s�, ce sont des personnes qui consacrent une grande partie de leur temps aux Mangas et animes. Otaku signifie �votre maison�. Souvent, les otakus vivent leur passion en s�isolant dans leurs maisons, le otaku excessif devient dans certains cas un hikkomori, ce dernier voit mal la soci�t� � laquelle il appartient (en comparaison avec la soci�t� de ses h�ros) ; il est coup� de toute relation sociale et refuse toute communication, m�me avec sa propre famille. Le hikkomori s�isole dans sa chambre pendant plusieurs mois, voire des ann�es ; il ne la quitte que pour satisfaire ses besoins corporels, il existe plusieurs facteurs qui font d�une personne normale (en dehors des otakus) un hikkomori. Selon les sondages, 0,2% de la population japonaise sont des hikkomoris (70% sont de sexe masculin, et pr�s de la moiti� - 44 % - le sont devenus suite � des probl�mes d'emploi ou de recherche d'emploi ; 44 % ont la trentaine). Les psychologues non japonais assimilent ce ph�nom�ne � l�agoraphobie, ce qui n�est pas le cas. Il n�est pas � �carter que certains genres de Mangas influencent n�gativement sur le psychique, comme nous le fait rappeler l'affaire dite des �Tueurs aux Mangas�. En septembre 2007 � Bruxelles, un corps d�coup� a �t� trouv� dans un parc. Sur la sc�ne du crime, deux feuilles ont �t� trouv�es, sur lesquelles est �crit un message en japonais �Watashi Wa Kira dess� qui veut dire �Je suis Kira�, ainsi qu�un grand id�ogramme japonais dessin� avec des grains de riz sur la pelouse. En effet Kira est le pseudonyme du h�ros du Mangas �Death Note� (ce Manga a connu un succ�s fou notamment en Alg�rie, avec pour h�ros Kira, mi-justicier, mi-criminel, un sc�nario de g�ni, pr�cis et lucide). Jusqu�� aujourd�hui, la victime n�a pu �tre identifi�e. Quatre Belges �g�s de 22 � 24 ans, fans de Mangas, ont �t� arr�t�s fin septembre 2010 � Bruxelles. Trois ont �t� inculp�s de meurtre et un de non-assistance � personne en danger.
LES ALG�RIENS ET LE MANGA
Aujourd�hui, on constate que l�Alg�rie tente tant bien que mal de relier son wagon au train de la japanimation (festival de Blida, Revue Laabstore,�) Mais est-ce suffisant ? GTO, Death Note, Naruto, Bleach, Fullmetal Alchemist� semblent �tre les animes f�tiches des Alg�riens, sans oublier le m�morable Dragon Ball Z, certains animes entrent dans la m�moire collective des jeunes et deviennent des points de r�f�rence (personnage Nicky Larson dans City Hunter). D�apr�s un petit sondage fait par Le Soir, 80% otakus alg�riens r�vent de vivre au Japon. Sur 10 otakus alg�riens, 7 affirment que pour eux le Manga est un passe-temps, 1 personne d�clare que �c�est une habitude�, une autre que �c�est un besoin� et la derni�re que �c�est une cachette du r�el�. Un otaku alg�rien de 23 ans dit �je suis souvent touch� par la trag�die des fins japonaises � un autre du m�me �ge explique �g�n�ralement on trouve beaucoup d�imagination, l�anime offre des le�ons qu�on peut utiliser dans notre vie sociale �, un autre �apr�s avoir regard� un anime, j�essaye de rester les pieds sur terre, � la fin, cela reste une fiction, je le sais par connaissance de cause�. Une jeune femme de 26 ans dit �je voudrais �tre un personnage de Ranma1/2�, et elle rajoute �apr�s avoir regard� un anime comme Le voyage de Chihiroou Princesse Mononok�, �uvres du grand Hayao Miyazaki, je ressens un sentiment d'ailleurs, un autre monde compl�tement diff�rent du notre�.
A. F.
Le cri qui tue
Revue cr��e par Motoichi Takemot en association avec Rolf Kesselring qui furent les premier en 1978 � publier du Manga traduit en fran�ais, via la revue Le cri qui tue. Y �tait publi�s des r�cits pour adultes tels que : Golgo 13, le tueur � gages de Saito Takao, des histoires de Tatsumi Yoshihiro, ou encore quelques histoires du ma�tre Osamu Tezuka tels que Demain les oiseaux depuis publi� dans son int�gralit� par Delcourt. En 1984 apr�s 6 num�ros, la revue s'arr�te suite � des soucis de distributions.
Un pr�curseur
En moins de quinze ans, la bande dessin�e et les dessins anim�s japonais ont conquis de nombreux lecteurs dans le monde et notamment en Europe, remettant en cause la supr�matie historique de la bande dessin�e franco-belge et des �cartoons� am�ricains. Cette BD, nomm�e �Manga�, se caract�rise par une production pl�thorique, fond�e sur le principe du feuilleton et cibl�e en fonction de l��ge et du sexe du lecteur, suscitant des r�cits qui jouent sur les attentes du public, entre identification et fantasme. Julien Bastide, un sp�cialiste de la question, �crit, en relatant l�histoire du Manga en europe : �Lorsqu�en 1978, Motoichi Athos Takemoto, jeune Japonais install� en Suisse, publie le premier num�ro de la revue Le Cri qui tue, il ne se doute pas qu�il est le pr�curseur d�un mouvement destin� � bouleverser le march� de la bande dessin�e europ�enne. Si l�on excepte la publication de quelques histoires de Hiroshi Hirata dans la revue d�arts martiaux Budo, � partir de 1969, c�est en effet dans ce p�riodique que furent pr�sent�es pour la premi�re fois, de mani�re volontariste, au public francophone des bandes dessin�es japonaises traduites en fran�ais � mais faute de succ�s, la publication du Cri qui tue est interrompue en 1981, apr�s six num�ros. Il faut attendre le d�but de la d�cennie suivante pour que la bande dessin�e japonaise connaisse ses premiers best-sellers en Europe francophone, sous l�impulsion notamment de l��diteur fran�ais Jacques Gl�nat, fort de l��norme succ�s de la s�rie Dragon Ball d�Akira Toriyama, publi�e en fran�ais � partir de 1991 (�d. or. 1984), et dont les ventes cumul�es atteignent aujourd�hui 15 millions d�exemplaires. Avec le recul, cette irruption des Mangas dans le pr� carr� de la bande dessin�e europ�enne appara�t in�vitable. Premier producteur mondial de litt�rature dessin�e, le Japon ne pouvait �ternellement contenir une telle richesse � l�int�rieur de ses fronti�res. Cependant, si la premi�re tentative d�introduction des Mangas en Europe se produisit � l�initiative d�un Japonais, ce sont par la suite des �diteurs europ�ens qui tent�rent l�aventure. Suivant l�exemple de Gl�nat, pas moins de trente �diteurs francophones publient aujourd�hui des bandes dessin�es traduites du japonais, les leaders du march� �tant Kana � division du groupe Dargaud, premier �diteur de bande dessin�e en Europe �, Gl�nat et Pika. On estime le nombre de nouveaut�s traduites du japonais pour l�ann�e 2006 � plus de 1 300 titres, ce qui repr�senterait environ 40 % des bandes dessin�es publi�es sur le territoire francophone. On peut, par ailleurs, �valuer le nombre de s�ries traduites du japonais depuis le d�but des ann�es 1990 � plus de six cents��
EXCLUSIF
Moitoichi Takemoto, le Japonais qui a introduit les Mangas en Europe, au Soir :
�Le Manga, c�est bien ! Mais il ne faut pas oublier vos richesses, traditions et histoire�
Surnomm� l�ambassadeur des Mangas, Moitoichi Takemoto n� en 1953 � Matsudo (Japon), fut le premier � introduire le Manga en Europe avec son l�gendaire magazine Le cri qui tue et cela durant l�ann�e 1978. Il est consid�r� comme le pionnier des Mangas en Europe. Depuis 2007, il travaille comme interpr�te-traducteur � Coojal Skikda. Il est notamment enseignant de langues japonaise, anglaise, fran�aise, espagnole et arabe. Outre ces activit�s, M. Takemoto a plus de 30 ans d'exp�rience en tourisme (en Suisse et en France), il fut �galement repr�sentant en Arabie saoudite de Fujiatlas World Exchange Center, il se passionne pour l��quitation et le d�veloppement du tourisme �questre en France, Espagne, Japon et dans les pays arabes (Duba�, Maroc,�) ; de plus, qu�il se consacre � la musique (pratique la trompe de chasse, amateur de musique de v�nerie, musicien de brass band, ancien corniste d�orchestres symphoniques amateurs, chants et danse de flamenco) et � l�escrime fran�ais. Takemoto, un autre exemple d�un Japonais qui d�fie la vie, le temps et le banal� Voici ses r�ponses aux questions que nous lui avons pos�es :
Le Soir d�Alg�rie : Vous vous investissez dans beaucoup de domaines en m�me temps, ce choix de vie qui effraye beaucoup de gens, comment faites-vous pour le g�rer ?
Moitoichi Takemoto : Effectivement, je suis une personne tr�s curieuse et ambitieuse comme toutes les personnes du signe du Capricorne et de l'ann�e de Dragon. Mais je suis en m�me temps fid�le que je continue mes activit�s et continuerai jusqu'� la fin de ma vie ; ces activit�s sont escrime, �quitation, flamenco, instruments � vent (brass band et orchestre symphonique). La fa�on d�allier par exemple, tourisme, flamenco et cheval est repr�sent�e par mon organisme de voyage � la Feria del Caballo (F�te du cheval) de Jerez de la Frontera au mois de mai, qui fait partie de mon objectif de d�veloppement de tourisme �questre. Sachez qu�une des origines du flamenco est le chant des forgerons gitans qui s'occupaient des sabots de chevaux, le martinet (un des rythmes du flamenco), et la ville Jerez de la Frontera est connue pour l��levage des chevaux pur sang espagnols.
Vous �tes le premier � avoir introduit les Mangas en Europe et cela durant l�ann�e 1978, qu�est-ce qui vous a motiv� � quitter votre pays et essayer cette �premi�re exp�rience� ailleurs ?
� l'�poque, j'�tais guide pour touristes japonais � Gen�ve en Suisse. J'y ai mont� une maison d'�dition. Le Cri qui Tue existait de 1978 � 1984, et pr�sentait quelques �uvres de : Osamu Tezuka, Shotaro Ishimori, Fujio Akatsuka (ses 3 grandes stars de Manga au Japon sont d�j� d�c�d�es il y a quelques ann�es), Takao Saito de la s�rie Golgo 13, Yoshihiro Tatsumi, etc. Mon objectif �tait de montrer des aspects de l�art japonais m�connus en Europe et qui n'�taient pas montr�s � travers les activit�s organis�es par l'attach� culturel du consulat ou ambassade du Japon ; par exemple, cours d'ikebana (arrangement de fleurs) ou d'origami (pliage de papier). Pour montrer le vrai visage du Japon, il aurait fallu aussi que je montre des films japonais mais cela est co�teux car il faut trouver un sponsor qui donne beaucoup d'argent. Alors je me suis tourn� vers les Mangas. Je trouvais que le Manga est un moyen id�al pour l'�change culturel et pour faire conna�tre les Japonais. A l'�poque, l'image du Japon pour les Europ�ens �tait : geisha, fujiyama, sukiyaki. Le temps a chang� depuis que le Japon est devenu participant au rencontre des 7 pays les plus industrialis�s (Sommet) et que beaucoup de pays envoient leurs correspondants de presse au Japon.
Racontez-nous l�histoire de votre magazine Le cri qui tuefond� en 1978.
Je l'�ditais en langue fran�aise en Suisse et l'exportais en France, au Luxembourg, en Belgique et au Canada, et depuis le r�gne de M. Mitterrand, le franc fran�ais �tait d�valu� trois fois vis-�-vis du franc suisse, et les conditions impos�es par la messagerie NMPP �taient assez dures pour r�cup�rer les exemplaires non vendus, j'�tais oblig� d'arr�ter mes activit�s d'�dition, mais devenir �diteur m'a permis de participer aux salons de la BD de beaucoup de villes fran�aises, et surtout � celui d'Angoul�me.
Aujourd�hui et apr�s toute ces ann�es, consid�rez-vous l�arr�t de votre magazine comme un �chec ou bien une r�ussite du moment o� l�on vous consid�re depuis comme le pionnier des Mangas en Europe, le premier qui a pressenti cette avalanche venue du pays du Soleil Levant ?
Je suis d�faitiste, c'est vrai. Mais je suis certain que j'ai la vision et l'intuition de ce qui va marcher, j'�tais s�r que quelques ann�es plus tard, le Manga affecterait la culture des jeunes. Editeur, c'est un m�tier dur et solitaire, il faut avoir le sens du commer�ant et de l�artiste � la fois. La visite du 3e salon de BD d'Alger m�a donn� envie de redevenir �diteur. Mais le papier (publications imprim�es) ne se vend plus aujourd'hui � l'�poque de l'internet. Je vais encore faire des b�tises, je pressens...
Vous travaillez comme traducteur-interpr�te � Cojaal, et ce, depuis l�ann�e 2007, apr�s tout ce temps pass� ici, � quel stade placez-vous les Mangas en Alg�rie ?
En France, il y avait le Manga de Daumier et celui des autres qui poussaient la r�volution sociale ou culturelle. Je souhaite que la voie des jeunes Alg�riens � travers le moyen des Mangas contribuera � construire un meilleur avenir � ce pays tr�s riche et qui a plein d'avenir, contrairement aux pays qui sont devenus une soci�t� de personnes �g�es comme le Japon, les pays europ�ens ou les Etats-Unis d'Am�rique.
Est-ce une bonne opportunit� que d�investir dans les Mangas en Alg�rie ?
Comme un outil pour d�velopper la libert� d'expression, ce mouvement, boom du Manga peut �tre utile, quoique le Manga va subir des r�pressions intenses, car en Alg�rie, il existe des censures plus rigoureuses qu'en Europe. Il faut faire tr�s attention pour le choix des �uvres � publier pour �viter de sensibiliser n�gativement. Investir dans les Mangas en Alg�rie comporte un risque ; ou bien imprimer les bouquins en France et les importer tout en les vendant l�-bas, ou bien ils sont imprim�s en Alg�rie, le tirage est forc�ment limit�, tr�s peu de nombre d'exemplaires, ce qui se traduira par des prix �lev�s. Ainsi, seuls les jeunes issus de familles ais�es peuvent les lire, les Mangas ne seront pas alors � la port�e des jeunes en g�n�ral, mais seulement accessibles aux jeunes du milieu BCBG. Il faut faire un marketing plus �tudi� et choisir des histoires qui sont plus positives sur le plan �ducatif, r�cr�atif. Il ne faut pas choisir n'importe quoi. Le mauvais exemple, c'est ce que Doroth�e a fait dans les ann�es 1980 en France. �Non� sera ma r�ponse ; il y a trop de risques � investir pour le moment. Sur le plan commercial non plus, �diter des BD n'apportera pas beaucoup d'argent. Jusqu'� ce que l�on puisse r�soudre le probl�me pour baisser le prix (par exemple chercher le papier de moins bonne qualit�, mais moins cher), afin que tous les jeunes puissent acheter et lire.
Qu�est-ce que vous pensez des otakus alg�riens?
Positif. Il faut �tre mordu de quelque chose quand on est jeune, ce qui permet de structurer le soi, je pense. Mais vous parlez des otakus de quoi ?
Otakus alg�riens, je pr�cise, les fans des Mangas et des dessins anim�s. Puisqu�en Alg�rie, le march� du Manga est limit�, donc les fans compensent le manque par les dessins anim�s qui sont plus accessibles via la t�l�vision, les sites de t�l�chargement ou par le biais des vid�oth�ques, si vous avez rencontr� des mordus de Mangas et de dessins anim�s lors de votre s�jour en Alg�rie, qu�en pensez- vous ?
Il fallait pr�ciser le mot otakus des Mangas et dessin anim�. Le mot �otaku� �tait cr�� il y a peu de temps au Japon, je ne sais m�me pas ce que cela veut dire exactement, mais j'ai entendu otaku du catch (professional wrestling), otaku des chansons pop, otaku des robots, etc. Je pense que ce mot signifie un fanatique mordu de quelque chose, n'est-ce pas ? Je les trouve sympas, �tant japonais, mais comme je vous ai dit, il faut avoir un bon �il pour distinguer un bon Manga d'un mauvais. La responsabilit� incombe aussi aux parents, aux �diteurs, aux acheteurs de droits des canaux de t�l�vision.
On a souvent l�impression que les grands Mangakas japonais sont aussi des sc�naristes et des r�alisateurs d�animes, est-ce pour mieux transmettre l�histoire telle qu�elle a �t� imagin�e ?
Non, souvent les m�tiers de sc�nariste et de dessinateur sont exerc�s par des personnes diff�rentes quoiqu'il y ait beaucoup de dessinateurs qui inventent les sc�narii de leurs Mangas. La cr�ation de dessins anim�s n�cessite beaucoup d'argent. Preuve, le g�ant Tezuka a fait beaucoup d'argent avec le Manga et il a fait faillite avec sa production de dessins anim�s. Il m'a accompagn� au Salon de BD d'Angoul�me de je ne sais quelle ann�e, pour vendre le droit de diffusion de son �uvre de feuilleton t�l�vis� pour redresser sa soci�t� de production de dessins anim�s.
Qu�est-ce qui diff�rencie les �uvres d�Ozamu Tezuka de ceux de Hayao Miyazaki ?
Le Manga de Tezuka est imprim� sur le papier, son dessin anim� est destin� pour la t�l�vision, c'est-�-dire qu�il a un rythme hebdomadaire, le dessin anim� de Miyazaki est pour le cin�ma. Le dessin anim� hebdomadaire pour t�l�vision n�cessite l'intensit� de travail : 4 fois plus que pour celui destin� au cin�ma (90 minutes).
Qu�est-ce qui distingue la BD japonaise des autres BD ?
Le Marvel Comix am�ricain qui n'a rien � voir avec le Manga japonais, mais ce sont des outils pour se distraire, la BD belge ou fran�aise on la nomme le 9e art. Je ne pense pas qu'au Japon le Manga est consid�r� comme un art, c�est seulement maintenant que certains Japonais commencent � le consid�rer comme un art. Un certain Taichi Takashita a d�cid� de lancer une campagne massive de mariages... avec des personnages de Mangas.
Une p�tition sign�e par plus de 1 000 personnes a ainsi �t� pr�sent�e au gouvernement pour mettre en place une loi qui donnerait un cadre l�gal � cette id�e. Ici, on constate que le Manga prend une tournure inattendue, que pensez-vous de cela ? Approuvez-vous ? Etes-vous contre ?
Ce n'est qu'un fantasme. Mais avant de prononcer quoi que ce soit sur ce sujet, il faut conna�tre l'impact sur la soci�t�, ainsi que la raison pour laquelle ce Takashita a fait cette p�tition ; ma r�ponse : je ne sais pas.
Pour conclure, quel est votre message pour tous les Alg�riens qui aiment les Mangas, les animes et la culture pop japonaise ?
C'est bien de s'int�resser � ce qui vient d'ailleurs. Mais il ne faut pas oublier vos richesses, traditions et histoire. �libinaai almustaqbil alafdhal�.


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