Se sentant trahies par leur parti, plusieurs kasmas du vieux parti dénoncent les conditions dans lesquelles ont été établies les listes de candidatures Alors que beaucoup pensaient qu'il avait surmonté la crise qui le rongeait, après le plébiscite du 10 mai dernier, le FLN est de nouveau dans l'oeil du cyclone avec, cette fois-ci, une sombre histoire de «listes parallèles». Depuis quelque temps, ce parti n'arrive pas à surmonter la crise, qui risque, si elle persistait, de conduire à son implosion. S'il est vrai que les guerres de succession et les problèmes internes l'ont beaucoup affaibli et provoqué, à la longue, des divergences et des remous au sein des instances dirigeantes, on ne peut pas affirmer, cependant, que ce sont, là, les seules raisons de ces contestations à répétition, qui ont fait réagir même les militants de la base. Après l'épisode des redresseurs et leurs vaines tentatives de destituer le secrétaire général du parti, voilà que de nouveaux scandales ébranlent le FLN et confirment, du coup, les désaccords entre les structures horizontales et verticales, c'est à dire les kasmas et les mouhafadhas. A l'origine, les élections pour le renouvellement des APC et des APW du 29 novembre prochain et les listes des candidats désignés pour défendre les couleurs du parti. Selon de nombreux militants, la hiérarchie a influé négativement sur la confection de ces listes, en désignant des candidats, autres que ceux choisis par les kasmas. Une pratique qu'ils jugent condamnable et malsaine parce qu'elle est en contradiction avec les textes de lois en vigueur. A la kasma de Gué de Constantine, la base est en ébullition depuis que les listes des candidats ont été rendues publiques. Criant à la trahison, militants et sympathisants dénoncent ces listes, soulignant qu'elles ne reflètent pas celles que la kasma avait transmises à la mouhafadha. Pire, ces militants accusent la mouhafadha de Bouzaréah d'avoir délibérément modifié les listes pour exclure «des candidats gênants» et les remplacer par d'autres noms dont certains sont d'anciens élus qui ont été relevés de leurs fonctions après un retrait de confiance de l'assemblée. C'est ce que nous a révélé, en tout cas, Youcef Senani, lors de son passage, hier, à la rédaction du journal. Selon lui, les garanties données par Abdelaziz Belkhadem, laissant aux kasmas le choix de désigner, elles-mêmes et en toute liberté, les candidats aux prochaines élections, n'ont pas été du tout respectées. «Lors de l'entrevue qu'il nous a accordée au mois de septembre passé, le secrétaire général du FLN avait beaucoup insisté sur ces élections et sur le rôle dévolu aux kasmas auxquelles revenait le droit de désigner les candidats. Malheureusement, il n'a pas tenu parole, puisque c'est le mouhafadh, en personne, qui a établi les listes après y avoir retiré les noms des candidats choisis par la kasma de Gué de Constantine.» Ayant du mal à contenir sa colère, M.Senani ne comprend pas, à l'en croire, comment la liste a pu être changée, alors que le dossier avait été remis en mains propres à Abdelaziz Belkhadem. Comme il dit ne pas comprendre «comment la direction du FLN a-t-elle fait figurer sur cette liste le mouhafedh de Bouzaréah, alors que ce dernier, qui est un ancien président de l'APC, avait été relevé de son poste, après le retrait de confiance de la part de l assemblée.» D'après lui, ce mouhafadh s'est spécialisé dans l'organisation d'assemblées générales parallèles pour désigner les militants devant briguer un mandat au niveau de l'APC, de l'APW ou de l'APN. «Lors des élections législatives, le mouhafadh de Bouzaréah s'était déjà distingué en organisant, dans une salle voisine, un meeting en faveur de l'actuel président de l'APN, sous prétexte que la kasma n'était pas un lieu très sûr et que le candidat député risquait d'être agressé.» Le FLN n'est plus entre de bonnes mains, nous a- t-il confié. Ce qui s'est passé il n'y a pas très longtemps, dans la commune d'El Harrach, n'est pas très réjouissant, en tous cas. S'insurgeant contre la direction du parti, à propos des listes de candidats désignés pour les prochaines élections, des militants n'ont pas hésité à organiser un sit-in devant le siège de l'APC. Ce n'est pas tout, des militants du FLN se sont révoltés, en rejoignant d'autres formations politiques pour protester contre la direction du parti qui les avait exclus des listes. C'est le cas des militants de la commune de Sidi Mhamed qui auraient fait defection, en rejoignant le parti d'El Islah. A Souk Ahras, les kasmate FLN sont également sur le pied de guerre et récusent les listes rendues publiques en prévision des élections communales et wilayales. Dans un communiqué qu'ils ont envoyé au journal, les militants dénoncent le parti-pris des responsables et leur ingérence dans les affaires des kasmas. Contacté pour nous livrer ses sentiments quant à cette fronde et ce va en-guerre contre la direction du parti, M.Boudjemaâ Haïchour ne va pas par quatre chemins pour dire que les jours de Abdelazziz Belkhadem à la tête du FLN sont comptés et que s'il arrive à survivre après les élections du 29 novembre ce serait un miracle. «Abdelaziz Belkhadem a raté une occasion unique pour partir le 15 juin, malheureusement, il s'entête à rester à la tête du parti, espérant qu'il sera le candidat du FLN lors de l'élection présidentielle. Or, tout porte à croire qu'il partira avant car le temps joue contre lui.»