Marché informel de la devise, bureaux de change, retrait des billets usagés de 200 DA, telles sont les questions abordées par M. Laksaci. La question du marché informel de la devise met en avant l'incohérence du gouvernement. Après le ministre des Finances, Karim Djoudi, c'est au tour du gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, de désavouer le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia. Ce dernier a indiqué récemment que l'Etat n'interdira pas ce marché tant les citoyens y trouvent leur compte. M.Laksaci a rappelé que l'achat et la vente de devises en dehors du cadre légal est «strictement interdit» du fait que les transactions qui passent par ce circuit informel favorisent la fuite des capitaux et l'évasion fiscale. «Il ne faut pas confondre entre le marché interbancaire et le marché parallèle des changes: le premier étant réglementé et soumis au contrôle de la BA et au contrôle à posteriori des banques commerciales, le deuxième étant illégal et interdit par la réglementation en vigueur», a rétorqué, hier le gouverneur de la BA, lors de ses réponses aux députés dans le cadre des débats sur le rapport annuel de la banque centrale. M.Djoudi a affirmé, il y a quelques jours, que «le gouvernement va combattre le marché informel de la devise. La loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise». 40 bureaux de change agréés Aux députés qui ont dénoncé l'incapacité de l'Etat à créer des bureaux de change malgré l'existence d'une loi depuis 1995, M.Laksaci a commis une réponse imprécise qui a surpris plus d'un: «la BA avait accordé 40 autorisations pour la création de bureaux de change depuis 1997 mais certaines autorisations ont été retirées en raison d'infractions de change». Le gouverneur de la BA n'a donné aucun autre détail sur la question. Où se trouvent ces bureaux de change? Qui les détient? Quels genres d'infractions ont commis ceux à qui l'autorisation a été retirée? Encore moins précis, l'orateur a indiqué que, dans le cadre de la lutte contre le marché informel de la devise, la BA prendra des mesures incitatives au profit des bureaux de change et aux ménages pour les inciter à recourir au marché légal des devises. Les ménages profiteront, à titre d'exemple, d'incitations relatives à la «convertibilité courante du dinar», donc au droit de change, a-t-il dit sans donner plus de détails. Quant aux bureaux de change dont l'activité est régie par deux directives de la BA (08-96 et 13-79), ils bénéficieront prochainement d'un «relèvement de la marge de rémunération (sur les commissions) estimée actuellement à 1%», selon le gouverneur. Cette mesure permettra de rendre cette activité «plus concurrentielle», a-t-il avancé sans fournir plus de précisions. Dans ses réponses aux députés, M.Laksaci a rappelé que sa banque détient le droit exclusif de fixer le taux de change. Ce que n'ignore certainement pas le gouverneur de la BA est que le taux officiel de change fixé par celle-ci est différent de celui fixé par le marché noir. M.Laksaci n'ignore pas, non plus, que bon nombre de citoyens se renseignent auprès des circuits informels sur le taux de change pour fuir la bureaucratie des banques. M.Laksaci aurait sans doute à gagner à expliciter ses propos s'il a jugé utile d'affronter les questions des journalistes. Le gouverneur de la BA n'a pas seulement évité les représentants de la presse mais aussi, il a éludé la question la plus embarrassante des députés: qui contrôle la Banque d'Algérie? En finir avec les billets usagés de 200 DA Sur un autre plan, le gouverneur de la BA a indiqué que les billets vétustes de 200 DA, émis depuis 1983, seront entièrement absorbés de la circulation avant la fin de cette année. Selon M. Laksaci, du volume de 140 milliards de dinars qui étaient en circulation, il ne reste sur le marché que 15% de cette coupure. Considérée comme l'illustration de l'image de la dégradation du pays, ce billet est qualifié par les citoyens de «honte» pour le pays. Cependant, un responsable de la BA a invité à éviter l'amalgame entre le retrait graduel des billets vétustes de 200 DA, qui a été entamé en 2011, et le retrait définitif du marché de toutes les coupures de 200 DA. «Chose qui n'est pas envisageable et qui nécessite une décision du Conseil de la monnaie et du crédit», a-t-il précisé en margé des réponse de M.Laksaci. Evoquant l'incendie qui avait touché en août dernier le siège de l'Hôtel des Monnaies, M.Laksaci a fait savoir que l'enquête qui a été ouverte à cet effet «se poursuit pour définir les origines de l'incident», rappelant que les réserves des papiers fiduciaires ainsi que les équipements de l'institution n'ont pas été affectés. L'impression des billets de banque et des papiers fiduciaires avait d'ailleurs repris son cours dès la fin août parallèlement avec une livraison hebdomadaire normale des passeports biométriques, a-t-il encore rappelé.