Dix jours après s'être rendu en Turquie, le général de corps d'armée, Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'ANP poursuit sa visite en Belgique à l'invitation du vice-amiral Willy Herteleer, chef d'état-major des forces armées belges. Cette visite intervient à un moment où les différents services de renseignements européens ont été chargés par leurs ministres de l'Intérieur et de la Défense respectifs d'intensifier leurs contacts avec leurs homologues algériens, en priorité les services de renseignement algériens, afin de cerner les réseaux terroristes installés en Europe. En tant que chef des armées, l'engagement du général Lamari dans ce processus est important pour les partenaires européens, car l'ANP a accumulé, tant du point de vue militaire, antiterroriste que du renseignement, une expérience sur le fonctionnement des GIA/Gspc non négligeable et dont les services de police de l'UE sont demandeurs. Même si les relations militaires algéro-belges ne sont pas considérées comme significatives par les spécialistes de défense, la visite du général Lamari en Belgique intervient dans une conjoncture qui a rendu la capitale belge comme l'épicentre de la politique européenne et atlantique. Le gouvernement belge assure depuis bientôt cinq mois la présidence de l'Union européenne et tend à multiplier les contacts avec les partenaires de la Méditerranée du Sud dont l'Algérie est un élément incontournable. Bruxelles abrite également le siège de l'OTAN où une intense activité militaire et diplomatique est à signaler dans le sillage de la riposte antiterroriste engagée par les Etats-Unis contre les réseaux islamistes d'Al-Qaîda de Ben Laden et contre le régime des taliban, après les attentats du 11 septembre. Le général Lamari a été reçu par le ministre belge de la Défense, André Flahaut, qui préside actuellement le conseil de défense de l'UE et qui travaille sur une résolution européenne antiterroriste plus musclée que la précédente. Les Européens veulent, dans ce sens, élargir la concertation aux partenaires maghrébins de l'Europe pour une meilleure coopération antiterroriste régionale où l'Algérie a donné des gages d'engagements infaillibles puisque l'ensemble des services de renseignements européens la sollicitent actuellement. Le volet Atlantique n'est pas en reste, dans la mesure où le second round des discussions OTAN-Algérie va être entamé durant l'année 2002 avec une sollicitation américaine plus insistante envers l'Algérie afin qu'elle intègre, selon un nouveau calendrier, le cercle restreint des pays membres de l'OTAN. Si les relations bilatérales algéro-belges sont au beau fixe, notamment sur le plan économique et politique, elles sont sensiblement en deçà des espérances au niveau militaire. Bruxelles a fait preuve de beaucoup de réticence à appuyer la politique du gouvernement algérien, surtout sur le volet sécuritaire ces dernières années, du fait que la Belgique craignait des représailles des noyaux durs du GIA installés sur son sol. Les réseaux d'Ahmed Zaoui ont été démantelés en 1995 et ont mis une pression considérable sur les décideurs belges qui ont eu l'imprudence politique de suivre la politique de Paris à ce moment-là. Le démantèlement du réseau de Farid Mellouk et ses connexions avec le GIA en Italie, en Suède et en Grande-Bretagne avait fini par décider les Belges que seule une coopération intensive avec les services spéciaux algériens pouvait endiguer ce phénomène. Jusqu'à un passé récent, la Belgique et les pays du Benelux représentaient un sanctuaire discret pour les réseaux dormants du terrorisme islamiste comme le prouve la perspective de tenir un congrès de l'ex-FIS à Bruxelles. Les attentats de septembre ont modifié cette donne et ce sont assurément des autorités belges, très à l'écoute, qui ont reçu le patron de l'armée algérienne.