L'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) va proposer à Pékin de mettre en place une sorte de téléphone rouge pour désamorcer les conflits territoriaux en mer de Chine méridionale, a déclaré hier le secrétaire général du bloc régional Surin Pitsuwan. L'Asean négocie depuis dix ans avec Pékin d'un «code de conduite» censé empêcher les incidents de pêche, de droits de navigation ou d'exploration pétrolière de dégénérer en conflit. Mais les dix membres de l'Asean ont toujours du mal à se mettre d'accord entre eux sur le contenu du texte. Alors l'Indonésie a eu l'idée d'une «ligne de communication d'urgence» qui semble avoir été bien accueillie au sein du groupe. «Je pense que c'est une proposition pragmatique, je pense que ça pourrait être utile», a ainsi commenté Surin, évoquant une «ligne (téléphonique) rouge».Selon lui, en cas d'incidents, tous les membres seraient appelés et pourraient alors commencer immédiatement un travail pour «coordonner, contenir tout débordement éventuel» et éviter les «malentendus». «Nous allons évidemment soulever la question avec nos amis chinois», a-t-il ajouté en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Asean à Phnom Penh. Cette proposition intervient alors que les ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale devraient être au coeur des discussions du sommet de l'Asean aujourd'hui et du sommet de l'Asie de l'Est qui réunira dans les jours qui suivent les leaders de l'Asean et leurs homologues d'Asie-Pacifique, dont le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le président américain Barack Obama. «Ce que l'Indonésie voudrait, pendant que nous travaillons sur le code de conduite, est un engagement de l'Asean et de la Chine à ouvrir une ligne de communication d'urgence», a expliqué de son côté son ministre des Affaires étrangères Marty Natalegawa. «Comme ça, s'il y a un incident à l'avenir, sans tenir compte du fait que le code de conduite ne soit pas en oeuvre, nous pouvons nous engager à communiquer et à dialoguer», a-t-il ajouté. Les différends en mer de Chine méridionale se focalisent sur les îles des Paracels et des Spratleys, supposées riches en hydrocarbures et traversées par des voies maritimes internationales. Pékin et Hanoï se disputent les deux archipels. Les Spratleys sont aussi revendiquées, en partie ou en totalité, par les Philippines, ainsi que par Brunei, la Malaisie et Taiwan.