Les délégations se bousculent à l'aéroport d'Alger Face à cette crise, le marché algérien affiche avec ses 286 milliards de dollars une opulence sans égale. Il y a comme un déclic chez nos partenaires économiques. Quelque chose a changé dans leur imaginaire et l'Algérie n'est plus ce pays qui évoque les attentats, les islamistes, les militaires, le chaos et la violence. En pleine mutation sociale et économique, l'Algérie d'aujourd'hui attire mais saura-t-elle séduire? Qu'est-ce qui a changé entre-temps pour drainer un pareil flux d'hommes d'affaires? Il y a au moins cinq raisons valables qui font courir les Européens. La première est du fait de la crise économiques aiguë qui sévit en Europe. Depuis 2007, les entreprises du Vieux Continent n'arrivent pas à trouver une parade à cette terrible crise qui a mis en péril l'existence même de certains pays, comme la Grèce, l'Espagne et le Portugal. Face à cette crise, le marché algérien affiche une opulence sans égale. Avec une enveloppe financière de 286 milliards de dollars réservée au programme quinquennal 2010- 2014, il y a de quoi faire jaser ces entreprises en proie à des difficultés. C'est donc le deuxième élément d'attractivité du marché algérien. A en croire Chérif Rahmani, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, le verrou de la règle 51/49% sera sauté incessamment et c'est la troisième raison qui attire les Européens. La quatrième concerne, désormais, la possibilité pour ces mêmes entreprises de rapatrier une partie de leur argent, selon une disposition de la loi de finances 2013. Enfin, l'argument de la stabilité politique y est pour beaucoup. L'Algérie est le seul pays musulman de la rive Sud de la Méditerranée qui affiche une stabilité politique et qui, surtout, n'est pas dirigée par un gouvernement islamiste. C'est avec ces arguments, il doit y en avoir d'autres, que le marché algérien apparaît aujourd'hui comme un eldorado aux hommes d'affaires et une bouée de sauvetage pour les entreprises en quête d'opportunités. Des centaines de délégations économiques et d'hommes d'affaires qui se bousculent à l'aéroport international Houari-Boumediene. Dans le cadre de sa politique de la «diplomatie économique», la France a reconduit Jean-Pierre Raffarin. Ce dernier a été dépêché à Alger, il y a une semaine pour booster les projets économiques et d'investissements français en Algérie. Adoptant la même politique, la Grande-Bretagne a nommé, elle aussi, en octobre dernier, le député Lord Risby représentant du Premier ministre britannique, David Cameron. Lord Risby a achevé sa visite avant-hier à Alger. En marge de la visite officielle du chef du gouvernement tunisien Hamadi Jebali, la mission d'hommes d'affaires tunisiens a mis le paquet. La délégation a affrété un avion spécial de Syphax Airlines, pour transporter une cinquantaine d'hommes et de femmes d'affaires de différents secteurs d'activité. Depuis quelques jours, des opérateurs espagnols du BTP étaient à Alger où ils se sont associés avec une dizaine d'entreprises algériennes de construction pour la création de sociétés mixtes devant réaliser quelque 50.000 logements en Algérie d'ici à 2014. Outre les Espagnols, une délégation d'hommes d'affaires américains, représentant une douzaine d'entreprises dans le domaine de l'habitat, réunies en trois consortiums, est également présente à Alger pour discuter de la réalisation d'une partie du programme de logements publics. De même qu'un protocole d'accord algéro-portugais portant sur la création de joint-ventures pour la réalisation de plusieurs projets de logements publics et d'équipements d'accompagnement a en effet été signé en octobre dernier à Alger. La Finlande, l'un des pays les plus stables au monde, qui a un système éducatif le plus performant dans le monde, un des pays les moins corrompus dans le monde, un pays classé en deuxième position dans le domaine des nouvelles technologies, un petit pays de 5,4 millions d'habitants s'intéresse lui aussi à l'Algérie. A la tête d'une délégation d'une vingtaine d'entreprises, le ministre finlandais des Affaires européennes et du Commerce extérieur, Alexander Stubb, sera aujourd'hui à Alger pour une visite de deux jours. Sont également présents en Algérie différents représentants d'entreprises, chinoises, turques et égyptiennes et qataries dont l'Emir Cheikh Hamad Ben Khalifa al Thani qui effectuera, la semaine prochaine, une visite officielle en Algérie. Le défi est grand aussi bien pour les politiques que pour les investisseurs locaux carrément pris d'assaut par des entreprises outillées et féroces à la négociation.