Le Dr Ami-Moussa Selma Le Dr Ami-Moussa Selma appelle la Cnas à l'inclure dans sa liste des opérations remboursables. Elle est jeune et vient de réaliser un exploit. Elle, c'est le Docteur Ami-Moussa Selma, jeune chirurgien cardio-vasculaire à la clinique privée El Azhar de Dely Ibrahim. Pour la première fois au niveau d'un établissement de santé privé d'Afrique du Nord et pour la première fois à Alger, l'anévrisme de l'aorte abdominale a été traité par une endoprothèse aortique. «C'est une nouvelle technique qui n'a été utilisée qu'une fois en Algérie par le Pr. Bouayed d'Oran. A Alger, c'est la première fois qu'elle est pratiquée», affirme le Dr. Ami-Moussa qui a fait hier, au niveau de la clinique El Azhar une projection de l'opération qu'elle avait effectuée la veille. Elle précise toutefois, que cette technique est utilisée depuis plus de 10 ans en France. «Un anévrisme de l'aorte abdominale sur deux est opéré en France à l'aide de cette technique», souligne-t-elle. La rupture d'anévrisme est une pathologie grave, qui est mortelle une fois sur deux et qui entraîne des séquelles comme des troubles de la mémoire ou des paralysies, une fois sur quatre. Un anévrisme est la dilatation d'une artère ou la poche qui se forme sur la paroi d'une artère à la manière d'une hernie. L'apparition de ce phénomène, qui provient d'une faiblesse de la paroi des artères, est favorisé par certains facteurs: hypertension artérielle et tabagisme, notamment. Il est habituel d'entendre que telle ou telle personne est morte d'un seul coup à cause d'une rupture d'anévrisme. Eh bien, cette pathologie se soigne. «Cette pathologie est habituellement soignée par la technique classique qui est une opération lourde et qui représente une véritable épreuve pour le coeur et l'ensemble de l'organisme. Particulièrement pour les patients âgés ou ceux déjà affaiblis par une pathologie donnée, une maladie cardiovasculaire par exemple. Une grande partie de l'abdomen est ouvert», atteste-t-elle. «La prévention d'une rupture d'anévrisme exige donc une intervention chirurgicale majeure à risque élevé et des semaines de rétablissement. Mais, grâce à la technique de l'endoprothèse aortique, le traitement chirurgical des anévrismes de l'aorte est beaucoup moins effractif», ajoute-t-elle. L'opération qui s'est déroulée la veille nous a été projetée en vidéo. «L'intervention prend de deux à trois heures au lieu des quatre à cinq heures d'une opération classique», précise le Dr. Ami-Moussa. Mais ce n'est pas les seuls avantages que présente cette technique. «Nous pouvons pratiquer la procédure sous anesthésie locale ou générale, en atténuant grandement le traumatisme chirurgical causé au patient», assure-t-elle. «L'hospitalisation postopératoire dure généralement de deux à trois jours, au lieu des sept à dix jours avec la procédure classique», rapporte-t-elle. «La plupart des patients n'ont pas besoin de séjourner aux soins intensifs, et le risque à court terme de décès postopératoire est environ le tiers de celui qu'on observe avec la procédure classique», soutient-elle. Toutefois, le Dr Ami- Moussa tient à souligner que le prix de cette technique est très élevé. «En France, elle est appelée la Twingo car elle coûte 10.000 euros, le prix d'une Twingo. En Algérie, elle va revenir aux environs d'un million 300 dinars algériens», indique t-elle. «Malheureusement, cette technique est la seule chance de survie de certains patients qui ne peuvent pas être opérés par la technique classique comme c'est le cas d'un patient que nous avons opérés à Al Azhar», certifie le Dr. Ami-Moussa qui souligne que ce patient n'a rien payé. «Il a été pris en charge bénévolement grâce à certains donateurs», poursuit-elle. C'est ainsi qu'elle lance un appel d'urgence à la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas) en lui demandant d'inclure cette opération dans sa liste des opérations remboursables. «La vie de centaines de personnes en dépend...», conclut-elle.