Les sommes affichées contrastent avec la situation des milliers de paysans et agriculteurs. L'impact ressenti, la réalité du terrain au niveau national en général et au niveau des wilayas à vocation hautement agricole, est on ne peut plus têtue. Elle est loin de refléter et le discours et les sommes faramineuses et exponentielles allouées chaque année par l'Etat au secteur agricole et celui de la pêche et ressources halieutiques. 135 milliards de dinars à titre de crédits d'exploitation, 80 milliards en crédits d'investissement, 2,2 milliards dans le cadre du système syrpalac ou système anti-spéculation octroyé au six sociétés de régulation telle Frigo-Medis-, sont octroyés en 2012 par la Badr. A ces montants s'ajoutent, les 13,5 milliards de crédit dans le cadre de leasing, 26 milliards des 7 à 8 comptes d'affectation spéciale (CAS) destinés à l'agriculture et gérés par la Badr en sa qualité de comptable payeur, pour le compte du ministère de l'Agriculture ou de l'Etat. 200 milliards de dinars sont destinés à la réhabilitation des terres. Pas seulement, puisque 22 autres milliards de dinars sont affectés audit plan de renforcement du secteur de la pêche et des ressources halieutiques. Durant la même année, les importations de l'Oaic ont atteint 1,8 milliard de dollars contre 3,2 milliards de dinars en 2011. Les importations en poudre de lait de l'Onil sont estimées à 400 millions de dollars en 2012 et 500 milliards en 2011. L'augmentation enregistrée en 2011 est mise sur le compte des effets du Printemps arabe, et officiellement, l'Etat devait reconstituer les stocks stratégiques des céréales et de la poudre de lait. Toutefois, la diminution de la facture, notamment celle des céréales s'explique par le fait que les minoteries privées et les transformateurs ont cessé d'importer vu l'envolée des prix sur le marché international et ont préféré s'approvisionner en produits subventionnés de l'Oaic. Ces chiffres communiqués hier par le directeur général de la Badr, M. Djebar, auditionné par la commission de l'agriculture à l'APN, ont laissé pantois tant l'assistance que les députés issus des wilayas essentiellement agricoles. En tout état de cause, les députés issus des wilayas de Djelfa, Mascara, Mostaganem, El Oued et celui du sud du pays, ont été unanimes à remettre en cause l'inadéquation de ces chiffre astronomique donnant le tournis à plus d'un et la situation qui prévaut sur le terrain. La question des faux agriculteurs, spéculateurs et intermédiaires parasites, a été remise au goût du jour hier, par les participants à cette audition. Les sommes affichées contrastent avec la situation des milliers de paysans et agriculteurs. Certains députés avouent que les agriculteurs ne savent même pas à quoi ressemble le crédit Rfig ou Ettahadi, encore moins du crédit pour l'acquisition de machines agricoles. D'autres affirment que les agences bancaires régionales et leurs succursales pêchent par leur manque de suivi et la vérification de la destination du crédit octroyé sur le terrain. Dans le sud du pays, l'élevage camelin est complètement délaissé, selon le député d'Illizi. Dans sa réponse aux questions de députés, le premier responsable de la Badr, a indiqué que certaines questions dépassent les prérogatives de son institution. «La Badr qui a signé prés de 8 subventions avec le ministère de l'Agriculture est dotée d'une autonomie dans ses décisions», dit-il. l'Etat est l'unique actionnaire de cette banque qui a un chiffre d'affaires de 33 milliards de dinars. «La Badr se contente de collecter des ressources et octroyer des crédits», souligne-t-il. concernant l'opération d'effacement de dettes, il a estimé que 34.000 dossiers sont traités jusqu'ici. Il ne reste que 3000 dossiers en suspens», indique-t-il. Il est relevé également que dans le cas de la banque Essalem, actuellement en liquidation, des réflexions sont engagées pour trouver une formule à même de libérer les agricultures lésés alors qu'ils n'ont rien à voir ni de près ni de loin avec la faillite de cet établissement financier. Par ailleurs, s'agissant du volet banque-assurance, il est indiqué qu'en plus de la Cnma, la Badr a signé des contrats de partenariat avec la SAA portant sur la commercialisation des produits de cette société au niveau de 100 agences de la banque Badr. Dans ce contexte, l'assurance agricole est partagée à hauteur de 50% chacune par la Cnma et la SAA, apprend-on encore.