Après l'effacement des dettes des agriculteurs et la révision à la hausse des subventions sur les produits agricoles, le crédit pour les agriculteurs vient de subir une réforme en profondeur. En effet, le secteur de l'agriculture sera marqué prochainement par la création d'un établissement de crédit mutuel rural. Le projet de création de cet établissement, qui va se substituer à la CNMA-Banque, est en cours de discussion par un comité de réflexion, installé en décembre dernier, et composé des adhérents de la CNMA (Caisse nationale de la mutualité agricole) et des représentants des agriculteurs (Chambre nationale d'agriculture et Union nationale des paysans algériens). C'est ce qu'a affirmé le directeur général de la CNMA, hier, tout en précisant que "nous poursuivons l'expertise nationale, mais on s'est dit pourquoi ne pas bénéficier des expériences des pays industrialisés, testées déjà dans des pays en développement et qui ont donné de bons résultats". A cet effet, la Caisse a reçu des experts de deux groupes mutuels français et canadien pour étudier, non seulement, le projet de mise en place de cette nouvelle structure, mais aussi les possibilités de coopération dans le domaine de l'organisation et de la formation. Créée en 2006, la CNMA-Banque "a montré, toutefois, ses limites, en raison d'une mauvaise gestion de ses ressources financières", explique le même responsable. "La banque a distribué énormément de crédits sans faire attention aux ressources disponibles", fait-il savoir, en précisant que le projet de sa transformation a été motivé aussi par ses insuffisances sur le plan managérial. Cette situation a engendré un cumul de 19,4 milliards de dinars de créances que les adhérents de la CNMA-Banque n'arrivaient pas à rembourser, avant que le président de la République ait décidé, récemment, d'effacer cette dette et celle due à la Banque de l'agriculture et de développement rural (Badr) et dont le total s'élève à 41 milliards de DA. Selon le projet de restructuration, c'est le statut juridique qui sera transformé. L'ancienne institution passera ainsi d'une Société par actions (SPA), dont l'assemblée générale est composée d'actionnaires majoritaires, à une mutuelle dont les membres sont des sociétaires égaux. "Le crédit mutuel sera un espace de solidarité entre les agriculteurs", a souligné M. Arba. En outre, le crédit mutuel gardera le même réseau et le même personnel de la CNMA-Banque, environ 1 200 emplois directs, mais pas les mêmes gestionnaires. "Il nous faut des profils de banquiers pour éviter les erreurs du passé", a affirmé ce responsable. La banque compte actuellement 62 caisses régionales et 340 locales, alors que le nombre d'agriculteurs adhérents est estimé à près de 130.000 avec l'objectif d'atteindre 500 000 personnes. Par rapport à la CNMA-Banque, le crédit mutuel rural sera constitué uniquement d'agriculteurs et d'opérateurs activant dans l'agro-industrie et l'agroalimentaire. "Le crédit mutuel rural va être construit à partir de la base, c'est-à-dire au niveau de la commune et de la daïra, et sera constitué uniquement d'agriculteurs et d'éleveurs en plus des agents qui orbitent autour de l'agriculture comme l'agro-industrie", a précisé M Arba. La nouvelle mutuelle compte aussi intégrer les zones rurales en finançant des activités extra-agricoles qui touchent, de près ou de loin, les citoyens vivant dans ces zones, comme la réalisation de commerces, des pharmacies, et ce, dans le cadre de la nouvelle politique du Renouveau rural, a-t-il ajouté. M. Amani