Les groupes armés arrêtés en Tunisie s'apprêtaient à rejoindre l'Algérie. NPM: Daho Ould Kablia Le défi est énorme pour l'Algérie qui doit sécuriser et protéger ses 7 812 km de frontières qu'elle partage avec sept voisins. Depuis le vote par le Conseil de sécurité des Nations unies, jeudi dernier, de la résolution autorisant le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma), la situation s'est emballée aux frontières sud et est du pays où l'Algérie a placé ses forces militaires en alerte maximale. L'instabilité politique induite par les révoltes arabes, aussi bien en Libye, qu'en Tunisie, la circulation massive des armes issues des anciens stocks de l'armée libyenne, la localisation des groupes armés aux frontières tunisiennes, inquiètent au plus haut point les autorités algériennes. L'inquiétude est d'autant plus justifiée par la porosité de ces frontières qu'il va falloir rendre hermétiques et par les conséquences d'une éventuelle intervention militaire au nord du Mali. L'Algérie craint en effet un reflux de terroristes et de narcotrafiquants vers ses territoires. En déplacement hier à Tébessa, le général-major Ahmed Boustila, commandant de la Gendarmerie nationale, accompagné de nombreux officiers, a inauguré deux postes avancés relevant du Commandement des unités des gardes-frontières (Cugf), nouvellement réalisés dans les localités frontalières de Bekkaria et El Kouif. Ces structures équipées de moyens de contrôle et de surveillance de dernière génération, font partie des six postes avancés opérationnels sur la bande frontalière qui s'étire dans cette wilaya, sur 300 km. Le général-major Boustila a souligné que plusieurs autres postes similaires sont en chantier dans des wilayas frontalières. Au même moment, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, se trouvait en Tunisie pour une visite de deux jours. Le premier objectif de cette visite est d'ordre sécuritaire surtout qu'elle intervient à une période où de graves troubles sécuritaires touchent plusieurs localités, au moment où a été démantelé un groupe terroriste lié à Aqmi et au moment où les forces de l'ordre et les groupes armés s'affrontent dans plusieurs régions du pays. La découverte d'armes et de munitions de guerre et d'explosifs vient compliquer une situation sécuritaire déjà explosive. A plusieurs reprises, nous avons signalé, sur ces mêmes colonnes, l'existence de bases terroristes en Tunisie et la prolifération des armes dans ce pays. Vendredi dernier, le ministre tunisien de l'Intérieur, Ali Larayedh, a confirmé nos appréhensions. Il a annoncé l'arrestation de 16 membres de deux groupes armés opérant sur Jendouba et Kasserine alors que 18 autres font toujours l'objet de recherches. Larayedh précisait que «les commandos armés de Fériana voulaient créer une branche d'Al Qaîda en Tunisie». Le ministre a précisé que «les groupes armés, munis de cartes et de tenues militaires, visaient des édifices publics et sécuritaires et qu'ils s'apprêtaient à gagner l'Algérie (...)». La visite de M.Ould Kablia intervient également après celle effectuée par le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jabali, en Algérie et au cours de laquelle il a été souligné le renforcement de la coopération et la coordination en matière de sécurité entre les deux pays et le développement des zones frontalières. C'est pour prévenir un chaos sécuritaire aux frontières que l'Algérie prend des mesures anticipées. C'est d'ailleurs avec le consentement d'Alger que la Libye a annoncé, le 16 décembre dernier, la fermeture de ses frontières sud avec l'Algérie, le Niger, le Tchad et le Soudan. La détérioration de la sécurité dans cette région a été telle que les autorités libyennes ont décrété une zone militaire fermée. L'annonce a été faite par le Premier ministre libyen, Ali Zidan, aux termes de sa visite en Algérie, il y a quelques jours et après un périple qui l'a mené au Niger, au Tchad et au Soudan. Le 10 décembre dernier au siège de l'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP, a reçu son homologue, le général-major Youcef El Mangouch, chef d'état-major de l'armée libyenne. Les deux responsables militaires ont détaillé tous les aspects de cette collaboration sécuritaire et décidé de lancer plusieurs initiatives de coopération sécuritaire en 2013. Reconnus pour leur expérience et leur leadership dans la région, les services de sécurité algériens ont jusque-là paré à toutes les menaces au Sahel. Depuis le début de la crise libyenne, l'état-major s'est redéployé en renforçant ses effectifs et consolidé ses bases dans la région: installation de guérites, de fils barbelés et construction de murailles au niveau de certains points de la frontière et achat de matériel et d'équipement militaire très performant. A ces actions, l'Algérie a convenu avec ses voisins d'une coopération sécuritaire très étroite pour faire face aux groupes terroristes.