Les victimes, profondément affectées par la perte de leurs proches, ont estimé que l'erreur humaine a été à l'origine de ce drame. Mercredi 21mai, il est 19h44, la terre tremble à Boumerdès et Alger. Un séisme d'une magnitude de 6,8 sur l'échelle de Richter vient de frapper les deux régions. Le bilan est lourd, très lourd, 2 300 morts, 13.000 blessés, 200.000 logements endommagés et 300.000 personnes sinistrées. Ajoutant à tout cela, un décor apocalyptique de fin du monde qui restera gravé à tout jamais dans la mémoire des Algériens. L'Algérie officielle décrète un deuil de trois jours mais la souffrance des familles s'accentue au fur et à mesure que les jours passent. Une douleur qui prend les allures d'une colère incontrôlable. Rien de plus naturel pour des personnes ayant découvert que les toits censés les protéger n'étaient en fin de compte que des châteaux de cartes. Tout en étant conscientes que la catastrophe était naturelle, les victimes, profondément affectées par la perte de leurs proches, estiment que la faute humaine a été à l'origine de ce drame. Elles n'ont d'ailleurs pas hésité, dès les premiers jours ayant suivi le séisme, à montrer du doigt les constructeurs des bâtisses endommagées, lesquels n'ont pas «respecté les normes de construction». Certaines familles décident alors de se constituer partie civile pour ester en justice «les responsables du crime», ils ont aussi fait appel à un cabinet privé pour procéder à l'expertise des ruines, partant du fait que les experts du CTC avaient déjà failli à leur mission. Ces expertises confirment la thèse de «la négligence humaine», mettant en exergue les carences subies par les bâtisses, allant de la conception à l'implantation sur un talus non protégé et enfin à la réalisation avec un béton de moindre qualité que celui requis. Des constats confirmés par la commission technique installée par le président au lendemain du séisme. Un mois après la catastrophe la tutelle réagit et dépose plainte contre x, une démarche qualifiée par les juristes «de bombe à retardement remise à la justice», évoquant la lenteur avec laquelle la procédure a été déclenchée «L'acte est prémédité et la tutelle a bougé après avoir balayé les chantiers et détruit les preuves matérielles». Comment le juge va-t-il procéder alors que le corps du délit a disparu? s'interrogent-ils. L'ultime chance sera dans le recours aux certificats de naissance. Mais la tâche ne sera pas facile face à l'absence d'un centre de recherche. Sept mois après le sinistre, aucune information n'a filtré sur les résultats de l'enquête officielle. Sur un autre front, les aides ont afflué vers la région doucement mais sûrement, les sinistrés ont été recasés provisoirement dans des tentes, et à travers 200 camps de toile avec cette promesse faite par le président de la République, de reloger tout le monde avant l'hiver. Mais la grogne gagne les régions sinistrées prises par le sentiment d'abandon. Certains ont investi la rue, à Zemmouri, Réghaïa, Bordj Ménaèl... etc. Le pouvoir persiste et signe, le pari sera tenu, M. Bouteflika multiplie ses sorties à travers les régions affectées par le tremblement de terre et déclare «je suis pris à la gorge par le temps» à Boumerdès le 21 novembre. Selon le dernier bilan communiqué par le gouvernement, 14243 familles sont relogées dans des chalets, et 4352 dans des logements sociaux, 1528 autres ont bénéficié de l'aide au loyer. La réhabilitation des logements a concerné 145.000 habitations. Le gouvernement a réitéré que les sinistrés quitteraient les chalets dans un délai ne dépassant pas les 18 mois. Dans ce cadre un programme de 20.000 logements a été lancé.