En quelques mois, l'ensemble des institutions représentatives a été renouvelé. Le dernier pas a été franchi hier avec la désignation des nouveaux membres du Conseil de la nation. Cette étape est intervenue après le vote pour l'élection d'une Assemblée populaire nationale, mais surtout après le choix des membres des APC et des APW. Après le scrutin d'hier, le cap sera désormais mis sur la révision de la Constitution qui interviendra dans quelques mois. Toutes ces échéances interviennent à une année de l'élection présidentielle de 2014. C'est sans nul doute, le rendez-vous qui capte un intérêt croissant de la classe politique, mais aussi des citoyens. Le poste de président est considéré comme la clé de voûte de toutes les institutions de la République. Les Constitutions successives de l'Algérie depuis l'indépendance ont fait du président le personnage central du système politique conformément à la tradition du régime semi-présidentiel. Cela ne veut pas dire pour autant que les autres institutions sont complètement ignorées. Le Parlement, avec ses deux chambres, et le pouvoir judiciaire demeurent toujours les deux autres piliers du système politique. Mais force est de constater que cette architecture n'est pas pour satisfaire complètement les acteurs de la vie politique. C'est dire que les instruments politiques ne valent que par l'usage qui en est fait par les partis et par le bénéfice qu'en tirent les citoyens. Or, un discrédit total est jeté sur les pouvoirs législatif et judiciaire. Le premier traîne toujours les accusations d'une institution inféodée et arrimée au pouvoir de l'argent alors que le second ne cesse d'être soupçonné de corruption et d'impartialité. Dans les deux cas, ce sont les citoyens qui laissent des plumes, car ce sont leurs intérêts qui en pâtissent. L'amendement annoncé de la Constitution pourra-t-il remédier à cet état de fait? En tout cas, c'est la volonté affichée. L'un des objectifs assignés à l'opération est celui de renforcer les droits des citoyens. A supposer que le principe soit bel et bien intégré dans la Constitution, il ne faudrait pas perdre de vue que cela n'implique pas automatiquement sa pleine application sur le terrain. Les plus beaux textes sont ceux à être le plus facilement piétinés. Comme il existe un esprit d'entrepreneuriat, il existe aussi une âme démocratique qui ne s'invente pas en déposant des brevets au Conseil constitutionnel. Tant d'écrits ont été produits sur l'alternance au pouvoir et tant d'homélies dites sur le libre choix du citoyen, mais la désaffection n'a fait que grandir lors de ces dernières années. Preuve que le fossé est grand entre les écrits et la pratique sur le terrain.